Petite fable affable
En Campanie, sur l’acropole de Cumes
Qui, aux vains vents mauvais, écume de brumes,
Se trouvait l’antre d’une Sibylle usée.
Dans le tuf brun, une galerie creusée
Menait à la chambre où vivait cet oracle,
Prêtresse d’Apollon. Hasard ou miracle,
Elle écrivait ses prophéties sur papier
Que le vent transportait, en bon équipier,
Le long de ce couloir - Ah, le beau spectacle ! -
Jusqu’à l’entrée où chacun les épiait.
Adonis avait offert à cette femme
De réaliser son doux rêve secret
En retour de sa dévotion, corps et âme,
De prêtresse. C’était échange concret.
Elle voulut vivre autant d’années, coquette,
Que de grains de sable, elle, elle pouvait tenir
En sa main. C’était là presque la conquête
De l’éternité qu’elle allait obtenir.
N’ayant pas demandé au dieu l’éternelle
Jeunesse, hélas, notre belle jouvencelle
Vieillit dans son office en voyant passer
Les ans, de douleurs et de maux harassée,
Jusqu’à tomber, un triste jour, en poussière.
Il ne subsista, en la sombre tanière,
Que sa voix d’augure, qu’on disait lassée,
Pour poursuivre son sacerdoce passé.
Ils sont parfois bien plus cruels tous nos dieux
À exaucer plus qu’à ignorer nos vœux.
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