L’eau toute ensommeillée de mon vieil étang
Rêve de cieux bleus et de haute futaie.
Avec ses vaguelettes qui prennent leur temps,
Ses clapotis et ses ridules emboîtées,
Il me dessine, chaque jour, en surface,
Et ce, j’avoue, quelle que soit la saison,
Un changeant tableau de Monet qu’efface
Ou qu’anime le reflet des frondaisons.
On ne se lasse pas de ses volte-faces.
L’eau toute ensommeillée de mon vieil étang
Qu’écorche et griffe le moindre vent souvent,
Appelle à songer aux souvenirs des temps
Où les rires et les jeux des enfants d’avant
Éclaboussaient ses joncs et le faisaient vivre
Et vibrer tout autrement. Ses friselis,
Qui emprisonnent ces anciens convives, ivres
De joies simples et, pis, d’innocentes folies
On les dirait sortis d’images d’un livre.
L’eau toute ensommeillée de mon vieil étang
Frissonne de rainettes venues le hanter,
Qu’aigrette blanche ou héron cendré, sentant
La bonne aubaine, sont venues visiter.
Les veille, chenu, le chêne où se balance
Au gré des souffles qui balaient notre année,
Tout en douceur, oui, presque avec nonchalance,
Une escarpolette oubliée, condamnée
Las, à quelque éternelle convalescence.
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