Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 11 février 2012

LE LYNX AU PAYS DES OURS

« Les tyrans ne sont grands que parce que
nous sommes à genoux »
Étienne de La Boétie (1530-1563)

Petite fable affable


Un vieux lynx, sur le pays des ours, régnait.
Sur le trône ou bien, tapi comme araignée,
Derrière celui-ci, il était le maître
Et force était à tous de le reconnaître.
Sans vergogne et sans pitié pour l’opposant,
Lui qui, lippe toujours dure et œil luisant,
Connut la guerre contre le coyote,
Traquait ses ennemis jusqu’aux chiottes.
Tyran teigneux, il se disait bienfaiteur
Aimant qu’on se prosterne et soit flatteur.
Un jour, le pays grogne et les bêtes grondent.
Mais les loups du lynx font taire cette fronde.

Or le sang répandu pour terroriser
Cimente l’opinion qu’on veut diviser.
Même si on règne par le caractère
Non par le cœur ou l’esprit sur cette terre,
C’est une erreur quand la Nation s’appauvrit
Pour que la Cour du félin ne soit que ris,
Joies et folies, de dépenses somptueuses
En fêtes débridées et, pis, dispendieuses.
Grisé par son pouvoir, bien que la forêt
Bruisse un peu plus ou se vide sans arrêt,
Cet égoïste multipliait les fautes :
« Peurs et calculs mettront chacun à ma botte ! »

Notre prédateur - ignorance ou refus ? -
Ne voyait pas que l’autorité n'est plus
Dès qu'elle a rendu l'obéissance honteuse
Et la révolte honorable et non piteuse.
Dans son aveuglement, il rendit rétif
À sa personne plus d’un chevreuil chétif.
On pestait… Puis on protesta contre tout
- Mensonges, injustice, accapareurs,… - partout.
La foule des bêtes, assemblée en clairière,
Eut tôt fait de mettre un terme à sa carrière.

Rien ne sert de calculer, gesticuler :
À ne semer que terreur, haine et contrainte,
On récolte moins de respect que de crainte ;
Qui s’y engage ne peut ni reculer
Ni s’arrêter… jusqu’à tomber, acculé !

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