Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 25 mars 2019

LA LOI DES DEUX ROIS

Petite fable affable

Ayant jeté force piétaille
En une décisive bataille,
Deux rois, le regard fort connivent,
Sentirent que le Ciel, les vents
Capricieux et autant qu’eux fripouilles,
Avaient choisi leur camp.
Donc la picorée et les dépouilles
Seraient d’un rapport prou conséquent.
Tyrans et pleure-pain, ces avides
Avaient toujours l’escarcelle vide :
Leurs longues guerres ne l’alimentant
Que pour mieux la vider pourtant,
Guerroyer ici durant longtemps.

On négocia longtemps, à morsures,
Le prix d’une reddition sûre
Dans l’ombre d’un soleil calciné 
D’avoir trop brûlé casques, harnais,…
Les vainqueurs, sans pitié, récusent
Toute idée de générosité :
Les vaincus paieraient prou, sans excuse
Ni délaiement, à satiété…
Ni placets ni requêtes n’y firent.
Aussi les hostilités reprirent
Et lors, on massacra les défaits
Presque jusqu’au dernier en fait.
Oubli plus que de mansuétude effet.

Enfin satisfaits, les deux monarques
Se partagèrent, non sans remarque
Amère ici ou là, le pays
Là conquis où, hélas, survécurent
Quelques enfants qui ont vite haï
Ceux qui, en guerre, n’avaient eu cure
De leurs parents et qui, désormais
Leurs maîtres, et sans vergogne aucune
Nourrissaient chaque jour leur rancune,
Les humiliant et les pressurant
Donc à la révolte les poussant
Pour se délier de ces puissants.

C’est là l’incommode d’un massacre 
Il oublie toujours quelque témoin
Ou un vengeur qui, même pouacre,
Vous fera payer le tout au moins
Aussi cher que lui coûta la guerre.
C’est leçon dont on ne tire guère
Profit puisqu’on en meurt en sagouin !

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