Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 23 mars 2013

LA COMPLAINTE DU CERF

Petite fable affable

Hautbois d’une forêt profonde, 
Un grand cerf bramait,
Alertant bêtes à la ronde,
Des plus affamées
Gîtant en fourrés jusques aux pleutres
Vivant en terre pour rester neutres.

Chacun vient se lamenter. L’œil luit 
De compassion feinte :
Quoi qu’il ait à endurer, c’est lui
Le roi de l’enceinte.
Donc, on larmoie et sanglote en chœur,
On éprouve, endure de tout cœur.

Seul l’écureuil ne s’apitoie guère,
Un peu pinailleur,
Comme, las, le font les autres hères
- Sur quoi donc d’ailleurs ? -
Chantant des mélopées malheureuses,
Comme, à un trépas, le font pleureuses.

Le cerf braillait comme on baillerait,
Tout à sa souffrance. 
Lui, si fier, implorait, éploré.
La désespérance
Le faisait pleurs, et râles, et cris,…
Lui, geindre et gémir ?!… Cela surprit.

Mais, seul, Casse-noisettes demande
Au Roi qu’est-ce et quoi.
Ce désarroi qui fait sarabande
Lui vient, restons coi,
D’une poussière à l’œil qui le gêne
Et qu’il ne peut s’ôter. Quelle peine !

L’écureuil le guérit diligent,
Et dit aux cohortes
Ébahies : « “La douleur”, bonnes gens,
“est toujours moins forte
Que la plainte*”, le mal se guérit
Plus qu’il ne se pleure ou bien se rit. »

* Jean de la Fontaine, Contes & poèmes, 1674

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