Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 1 mars 2013

UNE VIE VERROUILLÉE

Ma vie, vrai, fut celle d’un animal,
Moi qui n’ai jamais su faire le mal.
Condamné, et sans appel, au lit cage
Tout bébé, j’ai passé mon premier âge,
Seul, dans un parc à gros barreaux de bois.
On me parquait toujours - Sais-je pourquoi ? -
Au bac à sable cerné de grillage
Ou au jardin d’enfants ceint de feuillages !

Ma jeunesse vidéo-protégée
M’a fait vivre en prisonnier, assiégé :
Cloîtré dans l’appartement d’une mère
Qui me bouclait, par crainte ou par chimère,
Cerné de fenêtres à jalousies,
Cloîtré entre les grilles noir moisi
D’un balcon au périmètre sommaire,
Isolé comme un primate, un primaire.

Ma vie était celle d’un animal,
Moi qui n’ai jamais rien fait d’anormal, 
Détenu dans une sainte école ceinte
De hauts murs et de grilles hors d’atteinte ;
Les maisons, autour, étaient enfermées,
Elles aussi séquestrées et désarmées
Derrière des clôtures, des enceintes
Et des barrières aux couleurs de l’absinthe.

Là, je bosse en mode télévisé
Et vis dans un quartier sécurisé :
Écroué dans ce guichet où je bulle, 
 Claquemuré chez moi comme en cellule,
Captif du temps et otage des jours.
J’ai subi plus que vécu mon séjour
Ici-bas, et tu viens dire, Bidule,
Que je serais « libre » ?… C’est ridicule !

Illustration : Élisa Satgé, printemps 2017

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