Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 15 mars 2013

LE VIEUX CAFÉ

Cycle toulousain

Y a-t-il encore un de ces cafés
Où l’on te boit de tout sauf du café,
Où l’accent revient au zinc à bonne heure,
Celle qui n’est jamais loin du repas ?
« Eh Collègue, tu me le plaindrais pas
Ce jaune ?!… On dirait que tu me le pleures.
Allez, ton verre, mets-me-le plus plein  !
- Sans Vergogne, toi, toujours tu roumègues !
- Oc, si t’es pas content, le margoulin,
Tu tournes ton cul au vent… et sans grègues ! »

Y a-t-il encore un de ces cafés
Où l’on recueille de ces assoiffés
Qui t’élèvent dans notre accent le verbe ?
« Ah, diaple ! Ça ditz : es quelqu’un aquel !
- Eh oc, te crési qu’es un coun aquel ! »
Ils levaient tous le verre avec superbe
Au dernier cheval qu’était bien côté,
Au député crotté, à sa courante
Ou à la gitanerie d’à-côté
Où, boudu, s’esbignait quelque attirante.,…

Y a-t-il encore un de ces cafés
Où, du béret, tu te restes coiffé,
Le Bergerac roulé, depuis lurette
Consumée, entre deux rires bien gras,
Collé aux lèvres d’un vieil ingrat
Dont la ménine lui rabat la crête,
Tout en esbrouffe et en civilités ?
« En toi, si tu louffes et tu pouffes, Alcouffe,
 Tu-me-crois-tu-me-crois-pas, et ben té,
Tu te mangeras deux païres de bouffes ! »

Y a-t-il encore un de ces cafés
Où l’on descanille les empaffés,
Où se tairait, moment, cette parlotte
À la mémoire de ce pauvre Aimé
Qui bouléguait comme au loto… en mai,
Et dont, macaniche té, la belote,
Était, dit-on, le seul vice connu ?
On boit à lui, ce poivrot inutile,
À un autre cornard qu’on fit cornu,
Et à sa moitié,… fût-elle futile.

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