Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 29 mars 2013

LES GRILLONS SECOURABLES

Petite fable affable


Deux vieux grillons mélopaient en fa, en ut,
Au soleil faillant, les élytres en luth.
Ils chantaient leur temps en lamentations, râles
Et récriminations comme font
Les Anciens assemblés dont les vespérales
Dithyrambes répètent, au fond,
Que c’était mieux avant et que tous ces jeunes
Sont fous, impolis, et paresseux,
Que la vie si chère les contraint au jeûne,
Que l’âge venant, le temps crasseux
Passe toujours plus vite et toujours plus vide,…
Rien, ici-bas, sauf l’impertinent
N’arrête la logorrhée de ces avides,
Vraie dérive des incontinents !

Or, une sauterelle vient à passer,
Une de ces jeunettes qui tant lassaient
Nos vieillards, babillards à la barbe blanche.
Le soleil l’avait fort harassée,
Épuisée plus que hâlée par l’avalanche
De rayons dont elle avait assez.
Elle n’aspirait qu’à quelque repos, à l’ombre.
Le gîte de nos pépés convenait.
L’étrangère ayant la peau un peu trop sombre
À leur goût, ils lui ont donc donné
Pour apaiser un peu toutes ses souffrances,
Un concerto des plus beaux dans l’enfer
D’un couchant plus chaud que fournaise. Une chance
De pouvoir aider qui a souffert !

Bien pire et cruel que nos déboires,
Sont ceux qui disent vous sauver d’un bonjour
Ou quand on meurt de faim depuis bien des jours
Veulent vous offrir un verre à boire !

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