Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 1 avril 2015

LA BELLE CAILLE

Petite fable affable

« Si la douleur est si aiguë, pensait la caille,
C’est que l’instant doit être grave, je crois ! »
Cela faisait deux jours, qu’errant par rocailles,
Elle n’emplissait guère jabot ou foie :
Il pense peu celui que la panse pousse !
Pourquoi donc ce jeûne sur la mousse rousse ?

C’est que notre caille insupporte et déplaît :
Cette Vénus n’a de cesse ni vergogne,
De vanter ses charmes dans un monde laid,
Peuplé d’êtres lourds ou plats, toujours en rogne
De n’avoir ni son éclat, ni sa noblesse,
Sa grâce, son élégance, sa finesse,…

Aussi, bois, prés ou guérets, rien ne lui va, 
Rien ne la vaut… et tous l’envient en ce monde.
Mais, en fait, nul n’en veut de cette diva
Qui attend hommage et service à la ronde,
Arrogante, ne cherchant qu’à faire effet,
Paraître étant le seul effort qu’elle fait !

Ses attraits consolaient notre jouvencelle
De ne posséder pas plus d’esprit qu’orteil.
Mais beaucoup voulaient voir sombrer la pucelle,
Dans un oubli plus profond que leur sommeil.
Combien de filles, par veine !, de leur bonne
Mine, tirent un sacré filon, morpionnes ?!

Sa morgue fait fuir ? Elle cherche un foyer
Sûr où, chaque jour, bien on mange et parade
Parmi d’autres pour en payer le loyer…
C’est ça ou bien rester à jeun et en rade.
Elle alla, donc, se donner au volailler ;
Pour qu’on vous admire, c’est pas cher payé !

Là aussi on la détesta. Une dinde
Lui fit : « Si fait, pour toi l’estime de soi
Passe par le mépris d’autrui, Rosalinde !
Tu auras le même destin que nous, ma foi.
Que cache la beauté de traits qui se sait ?
Souvent des laideurs morales qui s’ignorent. 
Est-il besoin de filer la métaphore ?! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire