Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 29 avril 2015

UN LAPIN POSÉ

Petite fable affable

Avez-vous déjà vu poser un lapin ?
Un de ces rongeurs vint en notre garenne.
Celui-ci était fort calme et vaniteux,
Donc doublement concerné. Un peu vulpin
À ses dires, ce pied poudreux d’arène
N’était jamais pris de court ni, las, honteux.

Quand il se pointa dans notre clairière,
Nez au vent, œil aux aguets, il se disait
L’un de nos lointains parents, fils des bruyères,
Que l’on ne voit qu’une fois par an. Sans trèfle,
Ce galopin, de qui certains médisaient,
Restait plaisant plaisantin pour moins que nèfles.

Causant prou, toujours droit et serein, rieur,
Il contait les exploits très anecdotiques
De sa vie de grand laboureur de chemins,
Les terminant, pour les quelques pinailleurs 
De nos entours, vieux grincheux et sceptiques :
« Tout est bien qui finit… à table, gamins ! ».

Ce râblé hâbleur devint notre modèle
Car les nôtres faisaient des trous dans la nuit
Du genre « Qui tombe sur un os, se casse ! »,
« Quand la tête vous crie de faire citadelle
Mais que le cœur vous fault, toujours il s’ensuit
Que le plus intelligent cède la place ! »,…

Avec ce gus, de rumeurs en baratin,
On se mit à prendre de haut les bassesses
De nos pairs et pères. Pouvait-on les voir
Autrement, Nous, les pipelets à potins ?!
Nez au vent, œil aux aguets, ainsi se laissent
Aller à blesser des fils sans le savoir !

Notre héros, bien mis, ignorait les heures
Car « Quand on n’est pas le premier venu, 
On a la décence de se faire espérer ! »…
Sa posture était poudre aux yeux et leurre :
Une ultime fois il nous en mit plein la vue,
Se carapatant à coup de feu tiré !

Il est bien des gens qui vous paient de paroles
Qu’on aime à entendre, qui donnent crédit.
Les voir à l’œuvre, à leur place les remet :
Moulins à mots se vantant en vain d'un rôle
Tenu la semaine des quatre jeudis
Ou qui viendra trois jours après jamais !

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