Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 25 avril 2015

L’INSOUCIANCE DE LA VIEILLESSE…

Petite fable affable

Dans toute l’insouciance de leur vieillesse,
Des tortues ridées parlaient haut, à cent ans, 
La peau parcheminée comme dans le temps
Plus que révolu de leur folle jeunesse,
De la « mauvaise vie » des jeunots-jeunettes,
Eux qui n’aspiraient qu’à une « belle mort ».
Dieu merci ! Toutes ces sinistres binettes
Ne croyaient mais nostalgiques du mors
Et vertes de rage, goûtaient fort que l’on prie
Comme on mendie. Car c’était, jadis, l’usage
Chez elles, du simplet aux bêtes d’esprit,
Et tout allait bien mieux dans le paysage.

Visage momifié et bouche édentée,
Nos tortues ratiocinaient, toutes tremblantes,
Sur leurs pattes courtes de vieilles croulantes,
Trémulantes, la griffe crispée, chantaient
Les louanges des ans passés bien plus sages,
Calmes, oubliant que c’est de la folie
De se vouloir sage et qu’il n’est, au passage,
De vraie sagesse sans un peu de folie ;
Pour les goujats et les garces, d’armistice
Point : il faut leur conduite de vie dicter,

L’indulgence accouchant souvent d’injustice
Envers les vieux de moins en moins respectés.
Ce qui coule de source n’est pas qu’eau claire :
Comme on dressait et guidait des canassons,
Nos tortues voulaient, au pas, mener garçons
Et filles, coup de patte au train pour salaire,
Sur la voie des bienséances d’antan 
Et le droit chemin de la vraie politesse.
« Fi donc ! Dit un jeune, Hier est orviétan ?
À cette époque, on partait loin, sans tristesse,
De pères qui vous servaient la même scie
Du « C’était mieux avant ! » entre autre arguties,
Rétablissons donc ces anciennes coutumes
Où, pour vivre sa vie, on quittait parents
Raisonneurs et vieux malcontents, vrais tyrans,
 Les laissant mourir de faim et d’amertume ! »

Sans charbonner par trop mon temps par rancœur
Et sans gazer la vérité à outrance,
Je crois et crains que les vieux, des us et moeurs,
Pensent tout savoir sauf que beaucoup sont rances !

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