Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 23 avril 2015

LA BONNE AFFAIRE

Petite fable affable

Le Jacques est Gros-Jean comme devant :
Il avait confié, l’air malin, son pécule
À un honnête marchand de vent,
Ayant du foin dans les bottes, au crépuscule
D’une fin de journée un peu trop arrosée,
Où on parle trop vite et on spécule,
Embobiné de mots, assommé de rosé.
Son hôte était un marchand de bêtes,
Courtier tenant du chevalier d’industrie,
Dépensant toujours gros en courbettes,
Sa bonne mine lui donnait du crédit :
En causant, preste, il sautait du coq à l’âne
Car il n’est pas de petit profit :
Les deux, vendus par lui, rapportaient plus que manne.

Le Jacques avait flairé le filou

Mais n’avait su résister au rire,
Du margoulin mis comme un marlou…
Ni à ses tournées !… Qui aurait pu prédire
Que de boutade en rodomontade, le fat,
Risible, sans vouloir trop médire,
Hameçonnait sa proie sans craindre d’aléas.

Nuit venant, la griserie les gagne

Et notre négociant ivre avoue
Qu’il n’achète rien mais qu’il épargne
Car il est sur un bon… non, “un-très-gros-coup”.
« C’est un secret,… mais à toi je peux bien le dire :…
Demain,… je serai un vrai… cacou…
Entre amis,… on cause… sans rien s’interdire !
Lui murmure tout bas, le marchand,
Paraissant plus saoul que ne le fut jamais moine.
C’est pour cette nuit… Mais, le méchant…
De l’affaire,… c’est qu’il manque un peu d’avoine
Mais j’ai du bagout… et mon futur vendeur…
En rabattra… un peu sur la couenne…
Après tout,… ce ne sont pas tous… des voleurs ! »

Puisqu’on en était aux confidences

Le Jacques susurra, lui, que pour avoir
Du blé devant lui - Sans abondance ! -
Il en mettait de côté… Que ce loir
S’il pouvait lui profiter… Mais surtout pas d’arnaque !…
Non !… Marché conclu… Ah, quel beau soir !…
Depuis, il n’a rien vu ni revu, le Jacques !

Méfie-toi du maquignon roulant carrosse :

Ses poches sont, trop souvent, plus plaies que bosses ;
Et pire : plus il est bonhomme et courtois
Plus tu t’en mordras, tout déplumé, les doigts !

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