Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 9 juin 2011

REINE DES RAINETTES

Petite fable affable
À Federico Garcia Lorca

Pour faire fuir cette satanée lune
Qui empêche encor les cieux de pleurer,
Le cul dans le bassin du prieuré,
De vieilles grenouilles, l’autre après l’une,
Barytonnent à pleins poumons leur prière
Rauque où roule l’écho d’éclats de pierre.

Unies en colonies, sèches comme momies,
Ces bêtes s’humilient, la nuit, sans compromis…

Mais elles n'apitoient personne à la brune,
Ni les nues ignorant leur infortune,
Car elles ont la ferveur des animaux
Sur qui, jamais, aucun Dieu ne se penche :
Oui, ces grosses gargouilles ne s’épanchent
Que pour que soient balayés leurs seuls maux…
Aussi leur appel plaintif importune
Des nuées qui n’en consolent aucune !
Ces grenouilles honnies, l’âme et le dos soumis,
Psalmodient, racornies, jusqu’au jour qui blêmit…
Plus fort résonne l’antique prière,
La mélopée du choeur au cœur de pierre
Les vieilles grenouilles, l’autre avec l’une,
Dans l’ombre des voûtes du prieuré.
Mais les nues refusent encor de pleurer ;
Au ciel obscur s’obstine cette lune.
Puis leur cacophonie connaît une accalmie :
Avoir cul béni n’a pas suffi !… Infâmie !

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