Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 17 novembre 2011

UN DRÔLE D'OISEAU PAS DRÔLE

Petite fable affable

Maître Corbeau, au plus haut d’un chêne perché,
Haranguait sans fin les bois à mots recherchés :

« Mes Frères, mes Amis, je le crois, la mort seule
Nous débarrassera de cette grande gueule,
Carnivore affamé, carnassier proclamé,
Qui ne sait que tramer et hante nos ramées !
Car ce loupiot-là ne peut être que coupable :
Qu’a-t-il fait, direz-vous ?!… Et bien, je l’avoue :… Rien !
Mais, bon compagnon de jeu, ce petit vaurien 
- Que vous n’approchez pas sans une peur palpable ! -
Que sera-t-il demain ?!… Un loubard par trop louche !
Un garou bavant, de l’écume plein la bouche !
Si la faim fait sortir, dit-on, le loup du bois,
Doit-on punir nos fils à rester aux abois
À cause d’un loustic, qu’aujourd’hui on louange,
D’un maigre louveteau qui joue si bien les anges ?!
L’Homme ne veut point du loup en sa bergerie ;
Nous jetterons-nous dans sa gueule ?!… Niaiserie
Que tout ceci ! Froid et faim le rendront terrible ;
Il nous condamne à un avenir bien horrible
Celui qui ne veut voir le loup qu’il deviendra
Car il GRAN-DI-RA et fera de nous sa soupe 
Au fond de nos forêts, nous traquant dans nos draps !…
C’est bel et bien demain qu’il faut voir à la loupe :
Pour l’heure ce loulou, si loufoque, louvoie
Mais en chacun de nous, c’est des loukoums qu’il voit !…
Tuons donc le monstre qui vient, dans son enfance ;
Nous nous épargnerons d’inutiles souffrances ! »
Ainsi qu’il dit, entre chien et loup, il fut fait ;
Sans ce danger futur, le monde était parfait…

Mais, à pas de loup, à nouveau la peur s’immisce,
Coulisse entre bosquets, dans les fourrés se glisse,…
Maître Corbeau jura : « Punir doit prévenir 
Un mal dont on ne sait pas si on peut guérir ! »
Donc, à la queue leu leu, la purge d’autres bêtes
- Jeunes loups, vieux renards, blaireaux, ours mal léchés,… -
Est planifiée sans que personne ne s’hébète.
On les éradiqua sans broncher, ni flancher :
Ordre et sécurité !… Tous ces boucs-émissaires,
Par les janissaires du Corbeau-commissaire
Furent arrêtés, tués ou, au mieux, déportés
Par les prés, les guérets sans jamais conforter
Les animaux des bois dans cette paix promise
Par le sombre bavard portant noire chemise.

Car ne revint la paix, tant voulue, tant cherchée,
Que lorsque Corbeau fut pendu où il perchait !

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