Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 19 novembre 2011

LES GRANDES INVASIONS

Cycle historique

Un jour, mon bon vieux maître d’école
Crut me poser, encore, une colle :
« Vous… Parlez-nous donc, je vous en prie,
Me déclara-t-il, non sans mépris,
Des derniers jours du règne de Rome,
De tous ces Barbares qui, en somme,
L’ont envahi et, ainsi, détruit
Sans vergogne, tous les nobles fruits
De cette civilisation antique
Que nous héritâmes de l’Attique. »

« Monsieur, vous me parlez là des Goths
Qui ont pris à Rome son magot
Et parlaient tous un drôle d’argot
Bien qu’il faille faire un distinguo
Parmi ces pillards, ces mendigots :
Tous ces envahisseurs, des gogos
À gages, des dingues du flingot,
Comptaient, parmi eux, les Parigots 
Qui vinrent, par chez nous, en cargo ;
En Bourgogne, c’est les Escargots
Et, à Cauterets, les Berlingots.
Il y eut aussi les Wisigoths,
Menés par un vieux cagot, Turgot,
Qui étaient de drôles d’ostrogoths,
Des démago' qui aimaient le tango,
Fléau pire que peste ou ergot,
Mais auraient découvert le Congo
Et fondé, en passant, Chicago.

 Il y a eu, aussi, chez ces Goths,
Ces obscurs danseurs de fandango
Qui auraient envahi, tout de go,
La Basquie et, on croit, le Togo ;
Créé Glasgow et l’ “Santiago”,
Le bar du boulevard Arago.
En Espagne ‘y en eut à gogo
De ces sauvages : les Hidalgos,
Fiers, toujours campés sur leurs ergots,
Qui plaisaient aux Suzon, aux Margot,
Et, mieux, les terribles Viragos,
Tout’ bardées de rubans indigos,
Moins redoutables que les Bigots,
Des drogués, tous fumeurs de fagots.
En Afrique, il y eut des Marigots,
Mangeurs de sorgho et d’alligot,
Et en Ibérie les Luis Rego,
Des rieurs à tire larigot !

Même nous, nous avons eu nos Goths
Et des sournois, sans alter ego,
Comme les terribles Vertigos
Des qui attaquaient dans l’dos, largo,
Comme les coriaces Lumbagos.
Au village, vinrent les Ragots,
Les impitoyables Embargos ;
Dans la boucherie, les p’tits Gigots,
À la bibli’ c’étaient les Hugo,
Dans les night-clubs Madrigaux ou Pogos
Et, dans les banques, les gros Lingots ;
Dans nos maisons, les Impétigos,
Dans les cendriers les Mégots…
Et, dans nos cuisines, les Frigos
Ou les très cruels Boeufs Marengo
Et en chambre, les boîtes de Légo.
Voilà, Monsieur, qui étaient les Goths,
Ceci dit, sans  flatter mon ego ! »

Alors, mon bon vieux maître d’école
M’attribua des heures de colle :
« Certes, vos dires sont sans égaux
Mais vous me paraissez bien nigaud
Si vous me prenez pour une pomme !…
Car, moi, je saurais être votre homme :
Vos loisirs vont devenir frugaux
Si vous rejouez au saligaud,
- Cousin des Goths ! - avec vos tactiques
Pour rendre ma classe chaotique ! »

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