Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 11 novembre 2011

DES REVENUS D'UN PARVENU

Petite fable affable

Un châtelain de circonstance,
Gîtant près du lac de Constance,
Pour dorer un peu son blason,
Veut un haras à la maison.
Le cabinet qui le conseille
Fait une étude de marché.
Ça lui coûte un paquet d’oseille,
Mais le projet est épluché.
Le jeu en valant la chandelle,
Il investit quelques rondelles.
Il s’offre, toute harnachée,
Une espèce de haridelle
Flanquée d’un cavalier fidèle
Qui saura bien la cravacher
Pour des victoires plurielles.

Première course : un vrai fiasco ;
Quoique perdant paris, écot,
Le comte croit en l’entreprise,
Ce n’est donc que partie remise.
On recalcule au cabinet.
Ça coûte un bois et une lande,
Mais on n’a rien sans s’acharner,
Ni lune ni ors de Hollande !
D’abord, le driver est viré,
Puisqu’on ne peut rien en tirer.
On embauche un coach pour conduire
Et faire un peu plus transpirer
Le bourrin pourtant délabré,
Des lads pour tout faire reluire,
Un nouveau jockey attitré,…

Pas l’ombre d’une réussite !
Le cabinet on plébiscite.
Il mesure rentabilité,
Travail, compétitivité,…
Puis il conseille, en séminaire,
Nutritionniste, masseur, psy’,
Chronométreur, vétérinaire,…
Le team est au complet ainsi.
Le château y perdit une aile
Mais ce n’est pas perte cruelle :
Pour que survienne une éclaircie
Qu’importent donc quelques tourelles,
Les mansardes et la tonnelle,…
Désormais plus aucun souci :
Dame Fortune est là, en selle !

Malgré les chèques, autre échec.
Cela refroidit le blanc-bec.
Mais nos bons conseilleurs s’enferrent
Et font un audit de l’affaire :
La rossinante est accusée
De faute grave et récusée.
On garde le team ; son mérite
Et ses efforts sont bien payés,
Comme la paperasse écrite
Par le cabinet, défrayé.
En hypothèquant jusqu’aux tables,
Notre châtelain, intraitable,
Contre un mulet a monnayé
Sa vieille bête peu sociable.
Plus doux, moins coûteux à l’étable,
On le fit donc, sans s’effrayer,
Courir et… ruiner le notable !

Combien d’affaires sont menées pareillement,
Avec l’entêtement pour tout entendement.

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