Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 1 novembre 2011

LES CASTORS

Petite fable affable


Pour qui sait ne jamais devoir les côtoyer,
Les castors sont de belles bêtes,
Surtout quand leur pelisse est, de frais, ondoyée.
Pour les autres, point de courbette :
Cet animal-là n’est bon qu’à être noyé !

Un jour, une troupe de ces rongeurs sans gène,
S’installe au bras de mon cours d’eau.
Sans sommation et sans demande, dans l’arène
D’une crique où font un rideau
Des bouleaux, voilà que nos castors se déchaînent.
Ils abattent, sur la rive, tout bois debout
Pour se bâtir là leur barrage
Qui bloque la passe à poissons, de bout en bout.
Leur inextricable tressage,
Noie la rive, la transforme en lac, en boue,
Piégeant, tuant dans ses parages
Les petites bêtes sans honte ni tabou.

La crique où s’abreuvaient les autres mammifères
Est un marécage malsain.
Plus aucun ne trouve quelque chose à y faire.
Même les oiseaux du bassin,
Les poissons partis et craignant d’avoir affaire
Aux longues dents si acérées
De ces prédateurs d’herbe, ont quitté la clairière
Que les castors ont aérée.
La vie s’est transportée au-delà, loin derrière
Le domaine architecturé
Par les bûcheurs, entre rivages et barrière,
De cent branches agglomérées.

Partout, des animaux à dents longues dénotent :
Envahissants, ils vous chamboulent à l’envie
Le paysage et vos us, bref votre vie,
En ne jouant que de leur queue et des quenottes !

Illustration : Élisa Satgé, 2016-2017

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