Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 15 novembre 2011

QUAND LE LION SENT M…

Petite fable affable



Les nécessités de la Nature
S’imposent, bienfaits comme vils maux,
À la plus insigne créature
Comme aux plus Grands des grands animaux :

Ce jour-là, soumis à quelque urgence,
Comme la plus vile des engeances,
Le grand roi Lion se retira,
Du pas noble qu’ont les magistrats
Vaquant à leurs pressantes affaires.
Il allait se trouver, pour parfaire
Son forfait, un endroit plus discret
Que son palais, savane sacrée.
Le Souverain eut un endroit calme
Pour se soulager. Mais point de palme,
De feuilles, d’herbe pour se torcher ;
Que des épineux et des rochers !

Deux reptiles étaient au spectacle,
Des gens respectables qui, miracle,
S’étaient bien fondus au décor
Par peur d’une contrainte par corps.

Le Suprême, qui ne les avait
D’abord pas vus, sut comment laver
L’outrage fait par ses intestins
Qui ont eut le front, morpions, d’avoir teint
De son auguste fion, le pelage.
Sans un regard, ni un bredouillage,
Quoique les bêtes fussent clouées
Au sol gris de crainte inavouée,
Notre rapide et roué satrape
Enfin allégé, se les attrape :
Il saisit l’une par le cou tout
En prenant l’autre animal itou !

Étranglées, elles tirent la langue
Et Lion nettoie ainsi la gangue
Restée aux poils de son postérieur,
La lippe gourmande et l’œil rieur.

Quels que soient office et bénéfices,
Le Puissant s’offre, sans artifice.
Qu’il reste le pire des fléaux
Ou bien qu’il soit au bout du rouleau,
Pourvu qu’il ait quelque peu de pogne,
Pour faire ses plus basses besognes
De vrais lèche-culs de profession
Ou des mange-crottes d’occasion ;
Dans cette dernière espèce, on trouve
Des témoins de choses qui éprouvent
- Faiblesse, erreur, faute ou lâcheté -
Ternissant aura et majesté.

Illustration : David Sanjaume, 21 décembre 2010

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