Face à la famille en deuil,
On referme le cercueil
Sur la douceur d’un visage
À peine éraflé par l’âge,
Les yeux clos, l’air apaisé.
Se quitter est malaisé,
Yeux humides, gorge sèche,
L’abîme nait de la brèche.
Pleure pas papa,
On y va, déjà.
Elle nous quitte,
Trop tôt et trop vite,
Sans mot, sans adieu,
Rencontrer son Dieu
Papa, ne pleur’ pas…
Elle n’aimerait pas.
Une vie en trompe-l’œil
S’amasse là, sur le seuil.
Au sillage du village,
Les proches, le voisinage,
Les paupières empesées
De larmes parfois pesées
Érodant des cœurs de roche,
Les reproches qui rapprochent.
Pleure pas papa,
Ell' s'en va, déjà.
Sans main qui s’agite,
Sans ces chattemites
Au-revoirs, épieux
Qu’on plante en tout lieu.
Papa, ne pleur’ pas…
Elle n’voudrait pas !
Au Diable, image et orgueil ;
Son départ est un écueil,
Son absence une cage
Pour le restant de notre âge.
De souvenirs punaisé,
Notre cœur est alésé
Par tant de brûlantes flèches
Qui glacent l’âme et l’ébrèchent.
Pleure pas papa,
On y va, déjà.
Sans peur, sans mérite
Affrontons le rite
Qui dit que c’est mieux
Que ses maux odieux.
Papa, ne pleur’ pas…
Elle n’reviendra pas !
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