Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 17 mars 2012

SOUVENIR DU CAIRE

  À trois pas du pied des pyramides et du jade des jardins toujours arrosés, les fils du vieux fleuve émeraude, sous l’égide austère de minarets diserts, de tours babéliennes et de fumées jaillissantes comme des geysers, ont déguisé l’antique et paisible plateau de Guizeh en métropole que plus rien n’intimide, grouillante jusque dans les sables du désert. Non loin des verdoyants vergers tout en fruits, le goudron habille  même le vert fertile du Nil que veille un rang de cyprès surpris par le vent qui façonne leur profil aiguisé comme on forge l’acier.
  À trois pas du pied des pyramides, se côtoient l’ombre du vieux Ptolémée, la mémoire de crues qui paraient les prés de couleurs anis et amande et le souvenir de la divine Cléopâtre aimée par de vieux Dieux farouches et de grands hommes que sa beauté rendait timides. Les foules affamées des quartiers mal famés, mêlant momies séniles venu du pays numide et masses juvéniles au regard humide, squattent les toits que parfois la Fortune leur octroie et occupent un cimetière à l’étroit où chaque tombe est un véritable cheval de Troie. 
  Sur le bitume où courent mille et un bruits, les souks assainis et le bazar reconstruit accueillent, un instant, le touriste instruit venu passer de la culture à l’exotisme, de sépultures à l’ésotérisme,… Mais cette métropole si peu sage que rien n’intimide ne se laisse pas quitter sans dommage : longtemps, comme elle le fait des voiles de toile des felouques, elle avale l’âme et dévore l’esprit de tous ceux qui, pour un temps, s’en sont épris, à trois pas du pied des pyramides…

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