Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 29 mars 2012

SUR CES VILLES SI VILES

« Tout est sujet ; tout relève de l'art ;
 tout a droit de cité en poésie (...)
le poète est libre. »
V. Hugo (1082-1885), Les Orientales, 1829

Peut-on taire ces ogresses tentaculaires ?!
Babylone aux accents déjà crépusculaires,
Grosses de ces fleuves de foule qui s’y ruent
Comme ces trains fougueux, traits sévères,
Courant de gares gloutonnes en gares ventrues
 Au squelette d’acier ; peau de verre 
Et pieds de pierre en font des titans.
Autre animal, ce bateau partant,
Le nez flairant l’horizon, la coque en costume
D’écume, pour glisser plus loin vers l’évasion ;
Parmi la faune urbaine transhument,
En écrin de goudron, des avions
Dont le vol fait avaler au vent nos rêves…
Ces migrateurs donnent à nos villes leur sève !
Ces géantes, gueule béante, qui s’étalent,
Et se meuvent et s’émeuvent d’ennui,
Au-dessous de lunes électriques
Qui voilent les étoiles et violent la nuit,
La quadrillent d’un maillage géométrique…
Sans cesse agitées par le travail,
Elles sont liées par fils, par rails,
À une planète bleue qu’elles convulsionnent,
Condamnant au secret toute vie qui se crée
De peur, qu’un jour, elle ne les additionne ;
Rien n’est sacré, à jamais ancré
Sur ces pavés qui ne vivent que lorsqu’ils vibrent
Et, révoltés, rêvent qu’ils veulent être libres…
Que dire des envahissantes métropoles
Qui sont condamnées à devenir nécropoles ?!
Vivant suspendues à leurs fumées
D’usines qui gazent les nuages
Sur lesquels gisent des ciels toujours embrumés,
Le silence s’y meurt de bruits anthropophages.
Les sillons infertiles, tracés
Sous milles soleils jamais lassés,
Ont été semés de ces bitumeux reptiles
D’où n’ont germé que des amas de béton gris,
Cités futiles aux tours hostiles,
Donnant des fruits amers ou aigris :
On peut y vendanger la douleur et la peine
Y moissonner parfois et l’horreur et la haine…

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