Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 11 juillet 2012

EN MÉMOIRE DE L'HIRONDELLE

Petite fable affable
Après L’hirondelle et les petits oiseaux, Livre I, 8
Les petits oiseaux, si volages,
Qui n’ont eu que mépris, et n’ont pas entendu
L’hirondelle, furent menu
Fretin qui régala, après un bon potage,
Tous ceux qui n’avaient pas meilleur lot.
Eh, quand on n’a pas de perlots… !
Sur l’oiseau de malheur, on jeta l’anathème
Chez les vains piauleurs dont quelques bataillons,
Survécurent, de peu, à ce grand tourbillon.
Devenue bête noire, on la chassa sans même
L’écouter à nouveau, au plus loin de ce coin.
« Cervelles de moineau, la bêtise vous mine :
Aucun péril ne prend le soin
De disparaître si d'espoirs on s'enfarine
Ou si l’on châtie qui, sans vous l’envelopper,
Vous dit comment en réchapper !
Faut-il que d’autres ils assassinent ?
L’oubli guette votre maison :
L’ignorance est un vrai poison !
Je vous le dis : vos fils mourront
Comme vos frères, à la chandelle 
De leurs chaumières. Croyez-moi ! »
Là, on écouta l’hirondelle :
Il est vrai que, la première fois,
Avant que l’herbe ne fût verte,
Elle avait bien prédit quel serait leur pétrin
Et qu’il en naîtrait grands chagrins,
On prit en compte son alerte
Et chacun de razzier dans le champs de coton,
De chanvre,… tout ce qu’offre et donne
La Nature qui est si bonne.
Fronde, traits, pièges, cris, bâton,…
Rien, non, n’arrêtait la cohue
De ces foules d’oiseaux qu’aucun, chez les Anciens
Du village, n’avait connu.
Et dans cette année-là, on comprit, ô combien,
Était sage et, mieux, salutaire
L’hirondelle : de l’assemblée
Fort peu d’oiseaux furent tués.
Ayant agi de bonne guerre,
Elle partit pour de nouveaux
Cieux, qu’elle espérait plus beaux.
De peur qu’on oublie ou se lasse
De ce qu’il faut faire, dès avant les frimas,
Pour éviter encor’, que l’Homme ne les chasse,
Elle fit graver sur l’éclat
D’une vieille écorce, comment la fin du monde
Des oiseaux, sur la terre ronde,
Fut, un jour, évitée, ajoutant : « C’est très dur
D’édifier la jeunesse en nos temps si obscurs.
Contez, racontez sans attendre
Ce que nous avons fait. Toujours. Partout. Vraiment.
Quand vous ne serez plus, le bois fera entendre,
Votre voix, à tous, autrement. »
Comme on oublie presque tout, chez ces bons apôtres,
On ne le lut jamais. Lacs et rets sont revenus…
Des livres d’Histoire, même de la nôtre,
On ne tire leçon, ni grande, ni menue !

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