Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 5 avril 2012

LE LOUVETEAU & LE BÉLIER

Petite fable affable


La crainte et la peur, pour régner, sont les meilleures ;
Mieux vaut en user à bonne heure.
Un loupiot, à grands traits, buvait
Près d’une ovine sépulture.
Un vieux bélier s’en vient pour brouter la pâture
Où court le ru où l’autre s’abreuvait.
« Qui t’a permis, Vieillard, d’approcher mon ombrage ?
Fit le jeunot, non sans courage :
Va… ou ta vie paiera, Mon Vieux, ta vanité !
- Gamin, répond l'autre, t’ai-je en rien molesté ?
Contente-toi de ton eau claire
Car peu m’importe de te plaire :
Je n’ai à perdre, Tyran,
Qu’un lourd bât d’ans
Avant de finir en chandelles,
En gilet de berger et rôti sans façon.
Laisse-moi donc à mon cresson.
- N’as-tu pas peur devant une bête cruelle
Qui mangea cru, vois-là, l’un des tiens l’an passé ?
- Comment l’aurais-tu fait : Vaï, tu n’étais point né !
Lui dit l’Ancien. Cesse donc tes chimères !
- Ce n’était pas moi : c’était mon père !
- C’était mon fils ! - Mais depuis toujours les tiens
Fuient devant les miens, se terrent
Et tremblent comme vauriens,
Pourquoi faut-il que les choses changent ? »
Ce moutard lui montant au nez,
Il l’encorne et le laisse en fange,
Agoniser jusqu’au décès.

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