Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 21 avril 2012

L'ÉTALON SAUVAGE

Petite fable affable

Un poulain sombre naquit
En des prés vert et fleuris
Que l’Homme Blanc n’a acquis,
Avec des mots et du riz,
Qu’au temps où il fut cheval.
Il n’avait point de rival,
Cavalant par monts et vaux,
Filant comme vent nouveau.

Au détour d’un jour, on vit
Cet intrépide coursier.
Donc, il suscita l’envie
Car l’Homme Blanc, tracassier,
Ne peut ici-bas rien voir
Grands Dieux, qu’il ne veuille avoir
Pour lui seul. Sur le moment.
Peut lui importe comment.

Pris dans des lacs et des rets
En d’habiles traquenards
Il fut dressé par décret
À devenir un bagnard
Des champs où l’on fait courir
Ses pareils jusqu’à mourir,
Sans y avoir consenti,
Pour enrichir des nantis.

Il fut vite le plus grand.
Mais dans les boxes, les siens,
Vus son succès et son rang,
Jalousaient ce paroissien
Né de la terre et du vent,
Alors qu’eux-mêmes, souvent,
Étaient les fils - Quel galon ! -
De célèbres étalons.


Lui, courait contre le temps,
La liberté dans le sang,
Gagnant toujours et longtemps.
Pour d’autres, c’était lassant.
Ses actes parlant pour lui,
Il se taisait quand celui
Qui l’insultait, en quolibets,
Le disait fils de bidet.

À force de moqueries,
De railleries, de saillies,…
Peu à peu, il dépérit
Et perdit… tant assailli.
Rien ne lui fut pardonné
De sa couleur à son nez
Car le sarcasme empira.
Il fuit puis, seul, expira.

Aussi haut que vous montiez,
Par mérite et par métier,
Vous en trouverez toujours
Pour vous rappeler, un jour
Que, même chez les plus grands,
« La caque sent le hareng ! »

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