Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 19 avril 2012

LE POULAILLER DU RENARD

Petite fable affable


Maître Renard, un soir,  par les bois fait tapage
Au point qu’un des siens, intrigué, survient.
« D’où vient que tu bricoles à des heures sans âge,
L’ami, tu ferais mieux, quand le soir vient
De traquer en silence et de nourrir ton gîte !
- Chasser m’est pénible : long, fatigant.
L’exercice est, surtout, si bien tu y cogites,
Aléatoire… et bien peu élégant.
Comme ces fous d’humains je ne veux plus de peine,
Risques inutiles ni temps perdu :
C’est une volière, ma foi, déjà  bien pleine
D’espérances que, fier et assidu,
 Je me fabrique, ici. C’est une idée nouvelle,
Géniale je le dis, venue de ma cervelle
Que nul chez nous n’eut, je crois, avant moi.
- C’est peut-être, Ami, qu’il n'en fut d'assez pomme…  ! »
Haussant les épaules, Le Renard sans émoi,
Retourne à ses travaux dignes des plus grands Hommes.

Pour ce, il ne mangea mie de sept jours.
Puis, quoique fort faible, chassa de la volaille
Pour remplir l’enclos qui fera toujours
Sa gloire et son dîner avec force poulaille.
Mais il en saigne plus qu'il n’en ramène à lui.
Pourtant le succès vint à sa besogne :
Il prit cinq cocottes un beau jour qu’il faisait pluie.
Privations et travail vous donnent pogne !
Le Renard amaigri par des semaines sans chasse
Songeait que le labeur avait du bon :
À lui, œufs et poussins, grosses poulettes grasses !
Un soir, un ours se servit. Furibond,
Il mit à bas l’œuvre si patiemment construite.
Quatre poules restaient. Avant que ça s’ébruite,
Il refit le tout. Mais le loup sautant
Ravit une bête et, ça, sans qu’on l’y invite.
Puis ce fut l’Aigle qui, en survolant,
Prit un gallinacé. Il dut couvrir bien vite.

Renard qui ne mangeait pas à sa faim,
Redoublait ses efforts : la chasse était vieillotte,
Élevage bien fait y mettrait fin !
Il restait deux poules. Assez, pour sa popote.
Mais la belette, passant par trou
Du grillage, saigna la plus appétissante.
Il doubla donc la protection. Et prou.
À bout de patience et de forces, la descente
Aux enfers ne pouvait durer. C’est sûr.
La preuve, il se passa un temps sans nul problème.
Il put gober des œufs et donc, pour sûr,
Sans avoir recouvré ses forces, il fut moins blême.
Mais le sort s’acharna : un fils de renardière,
Sans doute le causeur, pilleur de canardière,
Grâce à un fin tunnel, soustrait l’ultime rose
De Renard qui en mourut sur l’instant.
Se simplifier la vie, gagner du temps sont choses
Conduisant à l’inverse avant longtemps

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