Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 27 avril 2012

LES YEUX DU PEINTRE

Alors que le temps las est là et tout défait,
Se retourner un peu sur ce que l’on a fait,
Inspiré par Dieu sait quoi, peut-être les Muses ;
Se retourner un peu sur ce  qu’on a été
L’espace d’un instant, sans doute un soir d’été,
Sur ce que l’on construit quand tant d’autres s’amusent,
Négligent, oublient, s’en moquent sans nuancer,
Sur ce que l’on a rêvé, souhaité ou pensé,
La conscience jouant un air de cornemuse…

À l’heure volage où le soleil s’offre en rais,
Se retourner un peu sur ce qui torturait,
Qu’une forme, qu’un ton incidemment dévoile ;
Se retourner un peu sur ces petits secrets
Qu’on est seuls à savoir et à voir, là, ancrés
Pour toujours au grand jour, sur quelque coin de toile
Et voyager dans ces instants endommagés,
Dans le fugitif d’un passé qu’on a figé,
Cette lueur tombée un beau soir des étoiles.

Sans envie ni raison, pour un non, pour un oui,
Se retourner sur un moment qu’on a enfoui,
Un sentiment peut-être inavoué qui sème
Questions et dilemmes en couleurs malaxées ;
Se retourner sur ce qu’enfin on a fixé
Et se retrouver seul, encor, face à soi-même
Quand le badaud cherche partout l’universel
Dans un ressenti et un parcours personnels
Faits d’insuffisances et de désaveux même…

Oser échapper aux poncifs, aux postulats,
Se retourner sur ses œuvres exposant, là,
Des craintes  fugaces ou quelque peur tenaces 
Des idées, des moments à tout jamais enfuis
Des fragilités, des lâchetés que l’on fuit
Se regarder vraiment quand tant d’autres finassent
Et se retrouver face à ce que l’on a fait
À ce qu’un jour l’on fut, de gauche et d’imparfait,
Et que l’on est resté car rien ne vous cuirasse…

Illustration : Camille Lesterle, 14 avril 2014

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