Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 11 octobre 2013

TENDRE PORTRAIT À L’ACIDE

          Ma foi, j’ai l'humble fierté, que ce soit dit au monde en aparté, de ne jamais taire ce qui ne se dit pas. Je peux, en effet, me flatter, modestement, de rater mes réussites alors que les échecs me réussissent… Je vis en libertin ma chasteté en tentant de retrouver le paradis perdu dans ce monde qui n’est pas meilleur que l’autre. Je ne suis cohérent que dans mes contradictions. Revenu de tout sans être allé nulle part, la ligne droite ne me fait pas peur à condition qu’elle soit pleine de détours. C'est inné, chez moi, de tels acquis !
     C’est le seul inconvénient de mon caractère, moi qui en ai peu, avec peut-être cette gaieté taciturne qui rend mon rire triste. Je mène presque saintement une vie d’incroyant, en la doublant de celle d’un oiseau de nuit diurne qui avance à reculons, poursuivant ce que je fuis le plus souvent. Cacochyme en pleine santé, m’empoisonnant lentement aux médicaments, comme tout un chacun, je suis un sédentaire aux rêves vagabonds, un mendiant qui donne à chacun et un avare libéral, un taiseux aimant à causer, un bavard adorant le silence… Et pire, je commence toujours tout par où les autres finissent dans plus d’un endroit où je me sens à l’envers, me moquant de l’avis d’autrui dont je quête l’approbation en tout.
     Paresseux je me tue à la tâche, perdant ma vie à la gagner, grelottant l’été, suant l’hiver afin d’être le plus sincère possible quand je mens, toujours plus héroïque dans ma lâcheté, je vis au grand air en mourant à petit feu. Riche de ma pauvreté, innocent comme au premier jour mais me sentant coupable de tout, j’ai le génie des incapables et l'air supérieur qu’arborent les médiocres, usant de la fourberie des honnêtes gens. Me hâtant lentement, pour faire rien - et le reste - je suis ici toujours las…
     C’est, le croirez-vous si vous voulez, parce j'ai le complexe de la simplicité, c'est quand je fais de mon mieux que c’est le pire : aussi ai-je, fidèle à ce que je renie, la mauvaise foi du plus droit des hommes, suffisant au comble de mes insuffisances, conséquent à force d'inconséquence !

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