Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 19 septembre 2011

LE COQ NAIN

Petite fable affable

Fier, un petit coq paradait.
Avant que nuit fut à terme,
Avant que Phœbus eut ardé,
Il avait réveillé la ferme
Et houspillé ceux qui tardaient
Ou, pis, ceux qui s’accagnardaient.

Ça, il n’était pas en bons termes
Avec qui aime à flemmarder !
Son caquet irritait le derme
De la basse-cour qu’il gardait
Et de celui qui l’y enferme.
Le bec de l’encrêté dardait
Et, l’œil aux aguets, poignardait
Les bêtes qui voyaient en germe
Chez lui, cramoisi et fardé,
Une sorte d’hydre fort ferme,
Un ego en ergots, guindé.
Le coquet, c’est indiscutable
Se prenait pour le Roi-Soleil
Et régentait jusqu’à l’étable,
Hautain et toujours en éveil.
Or pour punir ce détestable,
Suivant on ne sait quel conseil,
Le paysan achète un réveil.
Notre inflexible indécrottable
Ne valait pas cet appareil.
L’animal étant imbuvable
- Orgueilleux, vantard sans pareil ! -
Il finit, un soir, sur la table.

Mais le zèle de l’appareil
Qui ignore jusqu’au soleil
Est encore plus contestable :
On n’en eut pas plus de sommeil,
Car il était plus intraitable
Que notre Chanteclerc vermeil.

Le progrès est un vrai despote
Qui supplante de vieux tyrans,
Souvent moins aveugles que myopes,
Et qu’on regrette au demeurant…

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