Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 15 septembre 2011

IL N'Y A PLUS D'ENFANTS !

Il n’y a plus d’enfants,
Ni d’gamins, ni de mômes,
Faisant d’rien un royaume
Des plus ébouriffants,
Plus d’bourgeons ni d’p’tits bonhommes…

Où est la marmaill’ en cal’çon,
Insoucieux petiots, enfançons,
Petits bouts pas plus gros que pouce,
Fanfarons n’amassant pas mousse,
Sur qui on fit tant de chansons ?
Ces têtes blondes, brun’ ou rousses,
Tour à tour p’tits diables gaillards
Ou bien petits anges braillards, 
Moustiqu’ à la tendre frimousse  ?!
Il n’y a plus d’enfants,
Ni d’marmousets, ni d’droles
Se donnant le beau rôle
De héros triomphant
Promettant tout méchant aux geôles…
Où sont galapiats et mouflets,
Moutards et chasseurs à siffler,
Plus insolents que jeunes pages ?
Sont-ils désormais d’un autre âge
Comme le duel, le soufflet ?
Où sont minots pas toujours sages,
Lardons, garnements, rejetons,
Pichouns, loupiots ou marmitons
Tout en esbroufe et abattage ?

Il n’y a plus d’enfants,
Ni d’polissons, ni d’chiares
Et qui caus’ et qui tcharent
En dormant, en bouffant,
Mais que jamais on ne rembarre…

Où sont passés les p’tits poulbots
Tout crottés mais qui portaient beau ? 
Les titis vauriens, les gavroches
Avec leurs casquet’, leurs galoches ?
Ils n’craignaient ni pleurs, ni bobos,
La tête plus dure que roche ;
Z’étaient de ces poulots, d’ces marmots
Séraphins qui s’envol’, d’un mot,
Dès qu’un perdreau perdu s’approche…
Il n’y a plus d’enfants,
Ni d’morpions, ni de cancres
Dont les rêv’ jettent l’ancre
Sous un soleil chauffant
Des palmiers que le vent échancre…

Où sont fripons sautes-ruissseau
Plus benêts ou niais que sots ?
Ces chenapans qui se gobergent,
Chassant demain de leur gamberge ?
Jésus, lascars et jouvenceaux
Se mêlant au gibier d’auberge ?
Ces gommeux, vrais petits merdeux,
Jouaient les morveux comm’ pas deux ;
Oui, des chérubins de douz’ berges !

Il n’y a plus d’enfants,
Ni d’galopins, ni d’mioches
Pour te faire les poches
Avec des yeux de faon
Qui, vite, éteignent tout reproche…

Où est l’sacripant, l’pierrot,
Le déluré godelureau ?
L’gosse morguant la jouvencelle,
L’goujat boutonneux qu’ell’ muselle ?
Où est l’mirliflore faraud,
Le dadais à grosses bretelles,
Le nigaud encore blanc-bec ?
 Et l’béjaune jouant au mec,
L’œil noir et la lippe cruelle ?

Il n’y a plus d’enfants,
Ni d’bambins, ni d’potaches,
Les doigts tout pleins de taches
Et l’pantalon bouffant,
Jouant, bravaches, les Apaches…

Illustration : Élisa Satgé, automne 2016

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