Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 17 mars 2011

LE HÂVRE DE L'ÉPAVE

Quand le bateau sur lequel j’ai embarqué
Accostera enfin à son dernier quai ;
Quand s’achèvera ce lent et long voyage,
Menant de l’orée à l’horizon de l’âge,
Qui m’a fait plus caboter que naviguer
Et plus encore vaguer que bourlinguer

Qu’on laisse donc bien tranquilles
Et les Hommes et les Dieux :
Pas de ces larmes futiles
Pour mon tout dernier adieu !

Quand mon bateau retournera au mouillage
Faisant désormais plus d’eau que de sillage,
Lui qui tangua, gîta sans s’endommager,
Et qui s’échoua sans jamais naufrager ;
Quand sombrera ce rafiot de fortune
Qu’aucune lame ne coucha sous la lune

Pour mon tout dernier adieu,
Pas de proches versatiles,
Un jour frères, un autre odieux,
Ni d’édile nécrophile…

Quand mon bateau, ensablé, se couchera,
Lui qu’aucune rafale ne chavira ;
Quand mon bateau démâté par la fatigue,
Désarmé par les ans, dansera la gigue,
Lui que ne coula pourtant nulle avarie,
Qu’aucune étoile ne perdit ni n’aigrit…

Point trop d’amis volubiles 
Pour mon tout dernier adieu
Car j’aurai trouvé mon île,
Mon port d’attache radieux.

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