Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 mars 2011

ODE À L'OMBRE DE CLAUDE


En marchant comme un passant,
Quand le Cerç va gémissant,
Ōc, écoute-la, ma Ville,
Bruire et puis rire d’accents :
Ceux du terroir, de Séville,
De Rabat ou d’Ouessant,…
Tous, ils jasent comme ils tonnent,
Jouent et joutent, comme antan,
Ou jazzent quand ils chantonnent
Aux souffles de cet Autan
Qui encore barytonne
Et qui, vent jamais atone,
S’en vient souvent débaucher
Les austères murs-clochers…

Ma Ville s’est proposée
À deux Mers comme une marge ;
Elle est comme un pont posé
Entre terres et grands larges…

Si tu veux en être instruit
Savoir ce qui la construit,
Ōc, touche-la donc, ma Ville :
Quand viennent la peur, le bruit,
Quand sonnent les heures viles,
Seule, elle offre en usufruit
Pour les consciences maronnes
Et les martyrs d’illusions,
Un asile ou une couronne.
De passions en effusions.
Ce cœur sis sur la Garonne
Cogne et jamais ne ronronne :
La ferveur a sa faveur,
Les rêveurs font sa saveur…

Ma Ville est si peu posée,
Prise entre castanhe et canhe ;
Elle est comme un pont posé
Entre Espagnes et Cocagne…

Pour voir son humeur doler
Ou sa rumeur s’affoler,
Ōc, respire-la, ma Ville,
Où vibrent, tout en volées,
Sans violences inciviles,
Des violettes envolées
Quand le Canal et le fleuve
S’enlacent pour mieux s’aimer,
Quand dans la lumière pleuvent
Les effluves nées de Mai,
Quand son pavé fait peau neuve
Sous la rosée qui l’abreuve,
Quand le rimeur, plein d’envol,
Crie : « Autan suspends ton vol ! »…

Ma Ville, sans opposer
Le lendemain à la veille,
À chacun veut proposer
Un espoir qui émerveille…

Quand l’hiver, sans jalousie,
Lui fait quelque courtoisie,
Ōc, regarde-la, ma Ville
Si féconde en hérésies.
Elle n’est jamais servile :
Folle de ses frénésies,
Cette belle fanfaronne
Résiste à qui, là, lui nuit
Ou croit qu’il la chaperonne ;
Tout le jour, loin dans la nuit,
Cette rebelle luronne,
Fière, jamais ne poltronne
Aux terrasses des cafés
Par les arcades coiffés…

Ma ville s’est imposée,
Âme rouge et idées noires,
Comme un pont qui osait
Et les rêves et la mémoire.

Fantaisie dans les atours
De ses coins et alentours,
Ōc, tu goûteras ma Ville
 Quand Febus embrasse un’ tour
Perchée, perdue, immobile,
Qu’s’embrase la tuile autour,…
L’astre offre à cette Cité
Son indocile sagesse
Et sa noble liberté ;
Elle donne ses largesses
À qui les a méritées
Sans chercher célébrité
Et son sang de sauvagesse
Plus intraitable que Gesse…

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