Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 1 mars 2011

UN LIEU NOMMÉ BANLIEUE

Dans son urbanisme privé d’urbanité,
Coincée dans les anneaux de son périphérique,
Avec ses tours pendues à un ciel condamné,
Ses barres perdues, de longs dédales cernées
- Impasses de goudron, culs-de-sac de béton -
Ses appart’ entassés et ses vies empilées,
Toutes ces cages dont on ne peut s’exiler 
Sans quitter du film, à jamais le générique,
C’est ma Cité, où on n’peut, ensemble, exister.

« Métro, boulot, dodo », c’est plus loin que Pluton ! 
Pour nous ça ne veut plus rien dire.
Mégots, journaux, panneaux,… c’est l’décor du canton
Person’ n’viendra me contredire.
Bureau ? Plumeau ? Zéro, si t’as pas de piston !
Oui, sans te mentir ni médire.

Dans son urbanisme privé d’urbanité,
Enfermé dans l’parfum de vapeurs sulfuriques,
Avec ses parcs vidés et macadamisés,
Ses escaliers sales aux murs tyrannisés,
Ses patios faits prisons, ses courées sans piéton ;
Paliers encombrés de blocs alphabétisés,
Portes rangées, classées en numéros brisés,
Donnent de l’ordre à ce monde si empirique.
Oui, ma Cité n’est pas faite pour exciter.

« Métro, boulot, dodo », c’est plus qu’un marathon,
Person’ n’viendra me contredire.
Escroc, trav’lo, griots,… à chacun son croûton
Et qui donc trouv’ra à redire ?!
- Joyaux, tuyau, couteau,… - pour trouver des biftons,
Nous, on ne peut rien s’interdire !

Dans son urbanisme privé d’urbanité,
Comme dans les ghettos des villes d’Amérique,
Avec ses couloirs courant après d’autres couloirs,
Ta fenêtre aveuglant la mienne sans l’vouloir,
Ces rues où l’avorton traîn’ déjà ses satons,
Avec ses impasses aux autos défouloirs,
Ses entrées devenues antichambr’ de parloirs
Et ses mômes enragés dont on fait des « rubriques »,
C’est ma Cité, où nos destins sont arrêtés.

« Métro, boulot, dodo » pour nous ça s’rait coton
Et qui donc trouv’ra à redire ?!
« Magot, perdreaux, barreau » si on fait un carton
Car on ne sait que nous maudire.
« Fayots, pipeau : pruneaux » c’est pour les faux-jetons
Oui, ici, ‘faut pas se dédire !

Dans son urbanisme privé d’urbanité
Et son humeur morose et toujours colérique,
Avec sa police qu’est si peu policée
Avec la came dans laquelle on a glissé,
Ce qu’est tombé du camion, ses rues pour la baston,
Avec ses trottoirs où nos sœurs vont ratisser,
Et ces poteaux contre qui on a tous pissé,
Sous lesquels, entre gangs, on fait le coup de trique,
C’est ma Cité, forte de tout’ vos cécités.

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