Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 9 mars 2011

PANIQUE EN LA TERRESTRE PENSION

Petite fable affable

Déçu par Adam, pour peupler sa Création,
Le divin Barbu conçut les singes
Qu’il dota, en passant, de méninges
« Usez-en, leur déclara-t-il, sans modération :
Vous deviendrez très vite des Hommes,
Si vous n’en êtes pas économes ! »

Oublieux du conseil, ces croquants
Vivaient en bâfrant, en forniquant,
En guerroyant sur toute la Terre :
Des frères, c’était le plus choquant,
S’entretuaient comme pauvres hères !

Quelques sagouins craignant de Dieu la punition,
Il y eut du branle chez nos singes :
Finies la bestialité, le guinche ;
Pour plaire au Très Haut, on créa la Dévotion
« Résonnez en chœur comme les Hommes,
 Priez et croyez comme leurs mômes ! »

On fit donc des temples conséquents,
Voilant gueule et cul, en s’offusquant.
Mais comment invoquer - nez à terre,
Debout, à genoux ? - et où ? et quand ?
 Dans quelle langue ?… Ils se déchirèrent !
Pour conserver un peu de leur chère Nation,
Les moins fous, sages parmi les singes,
Ordonnèrent de cesser la grinche.
Ils imaginèrent l’Ordre et la Soumission
“Marchez au pas, sans raisonner, Pommes,
Détruisez les plus faibles, les gnomes ! »

Nos fiers primates, inconséquents
S’armèrent de pied en cap, manquant
Soudain d’idées, ils se divisèrent :
Quoi envahir : Astrakan ? Pécan ?
Pour trancher enfin, ils s’éventrèrent…

Pour préserver de ce carnage une portion
Des leurs, parlèrent les plus vieux singes :
« Suez sang et eau, vous aurez linge,
Ouvrage, crédits et dettes en addition,…
Vous ressemblerez ainsi aux Hommes
Bossant comme des bêtes de somme ! »

Piégés par quelques éloquents,
Pères d’un servage, d’un carcan
Consenti, certains se révoltèrent
Tout en hurlements, en boucan.
Puis ces chefs, de rage, ils immolèrent…

Pour calmer ces funestes passions,
Un quadrumane, né en Thuringe,
Un érudit, se fit roi des Singes
Inventa l’Écriture et l’Administration :
« L’État, le Droit, les Lois font les Hommes
Qui se donnent tous un Majordome ! »

Considérés comme délinquants,
Déçus des ukazes de ce Khan,
Les singes-sujets le renversèrent.
Partagés sur ce trône vacant,
Ces bêtes occirent, fusillèrent…

Ayant tout essayé, privés de solution
Les derniers survivants chez les singes,
Dirent au Créateur : « Ces méninges
N’ont donné jusqu’ici que réalisations
Sans avenir, laisse-les aux Hommes ;
Redonne-nous jeux, joies, somme et pommes !»

Le ciel, d’éclairs blancs soudain craquant,
Les fagotins fichèrent leur camp.
À leur nature, ils s’en retournèrent.
Depuis, ils vont et viennent, vacants,
Mais, plus jamais, ne se supprimèrent.

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