Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 27 avril 2011

D'OR & DE SANG

Cycle historique


Je me souviens : c’était lundi, jour de marché
Et, sur les flancs chaulés des murs blancs échaudés,
L’ombre légère de Maïtena marchait ;
Sa tête était pleine de rêves échafaudés…

La peine remplaçait la plainte 
La fatigue chassait les larmes
Dans les consciences si fières
De cette obscure terre sainte
Que nulle lutte ne désarme
Que personne n’a mise en bière

Je me souviens : c’était lundi, jour de marché.
Dans la tiédeur ombrée des murs blancs échaudés,
Maïtena, allant d’un bon pas, s’approchait
Et, dans son sillage, mille espoirs qui rôdaient…

La foule endimanchée bourdonne
En senteurs en bruits en palabres
 On négocie on vend on donne 
Ici le jour au jour succède
Mêm’ si le pays se délabre
L’habitude à rien ne cède

Je me souviens : c’était lundi, jour de marché.
Riant, tout au long de ces murs blancs échaudés
Notre Maïtena, de son pas déhanché,
Arrivait en ville sans se baguenauder.

Le jour et le soleil faillirent 
Quand d’un coup les condors jaillirent
Leurs charges fondirent si viles
Broyant cette ville incivile
Figeant dans un cri l’âne et l’âme
Baignant dans les flammes hommes et femmes

On s’en souvient : c’était lundi, jour de marché
Sous un bloc arraché aux murs blancs lézardés,
Maïtena, l’enfant si seule, s’est couchée
Alors qu’autour d’elle, partout, l’Enfer ardait…

Et puis se furent le silence
Des fumées montant en panache
Et cette odeur de pestilence
Qu’offre la victoire indécente
Au crime commis par des lâches
À Guernica aux fleurs naissantes

Qui s’en souvient ?… C’était lundi, jour de marché,
Aux morceaux entassés de murs blancs enfumés
Maïtena, sans vie, on a du arracher,
Petit corps calciné aux doux yeux embrumés…

La douleur torture ces ruines
Qui des mémoires se retirent 
Mais son sang si innocent bruine
Sur tous les autres territoires
Qui subissent un pareil martyre
Charniers des damnés de l’Histoire

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