Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 23 avril 2011

LA FILLE PAS ROSSE DE LA GROSSE CARABOSSE

On a beau dire et faire, il est des parents
Jamais contents de leurs enfants, même déférents :
La sorcière Carabosse - cette mégère ! -
Était de ces gens-là. Ah, l’horrible harengère
Avec son chapeau râpé, droit comme un navet,
Sur ces cheveux gras, hirsutes et jamais lavés !

Un grand nez sec et dur, des caries pleins la bouche
Et une haleine de semelle de babouche
ne lui donnaient guère plus de charme ; yeux bigleux
Verrues à poireaux aux teintes violettes et bleues,
Pour compléter le tableau d’une ultime touche,
Voilà son portrait craché, sans nulle retouche.

 « Une vraie sorcière c’est hideux et méchant !
Tu te dois de faire des efforts sur-le-champ ! »
 Hurlait l’acariâtre bonne femme à sa fille,
Bertille, qui était jolie et très gentille.
Déjà toute enfant, elle était douce et polie.
Aussi sa mère la traitait de « ramollie ».

Elle couvrait son minois de suie, de chenilles,
L’habillait de haillons, la nippait de guenilles ;
Elle la transformait en mignonne souillon,
Un peu comme était la petite Cendrillon !
Notre harpie enrageait de la voir si belle
Rêvant tout haut de la jeter à la poubelle…

La gamine aimait sa mère et le lui disait
Mais cela n’était pas, chez elle, AU-TO-RI-SÉ !
Car elle manquait de vilenie par nature
Ses filtres devenaient de bonnes confitures
Et ses potions donnaient amour,  gloire et beauté ;
Tous ses sorts ne possédaient que de bons côtés !

Sans cesse, sa mère la traitait d’incapable
Et la pauvrette souffrait d’être aussi coupable.
Mais il n’y avait rien de mal à en tirer,
Ni aucun mauvais esprit à en retirer,
Au grand désespoir de sa commère de mère
Qui aurait aimé la transformer en chimère. 

Elle ne savait pas tenir sur un balai
Et n’usait de sa marmite que pour son lait
Ce qui, chez les sorcières, ne peut que déplaire  ;
Et Carabosse en était un bel exemplaire.
Pire encor’, ce mauvais sujet EM-BE-LLI-SSAIT !
Ce qui froissait cette amère aux rides plissées…

Aussi la Carabosse, à bout de lassitude,
Chassa au loin cette apprentie sans aptitude.
L’eau de ses sanglots attire un lutin des bois
Qui consola au mieux l’éplorée aux abois.
Ensuite,  comme ça arrive dans les contes,
Il l’épousa. C’est du  moins ce que l’on raconte.

La virago verdit de rage en l’apprenant
Et voulut châtier ce lutin entreprenant.
Mais la jolie Bertille avait bonne mémoire ;
Ses charmes le protégèrent des noirs grimoires :
Notre mégère en colère fut condamnée,
Par ses bons soins, à finir en crotte de nez

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