Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 19 avril 2011

ADRESSE À UN JEUNE POÈTE

Allons, que sont ces pleurs dans lesquels tu t’empêtres ?
Toi qui eut le bonheur de naître sous ce ciel
Que sais-tu du malheur de vivre, ou même d’être,
De l’enfant qui, un jour, dans ce monde de fiel,
Sera soldat, esclave, mendiant nu, sans lettres ?
De la femme battue ? De l’enfance flétrie ?
Des filles fourbues qu’on jette à fleur de bitume,
Toujours trop court-vêtues, atours en batterie ?
Des vieux mis au rebut mais qui, dans leur costume, 
Vont, à pas de tortue, vers la mort et en rient ?

Abbattu de stupeur, tous tes jours t’exaspèrent :
Ils ne sont pas cadeaux mais de trop lourds fardeaux ?!
As-tu lu la torpeur dans les yeux de ces hères,
Ces gosses, pas ados, chassés d’Eldorado
Par la  faim, par la peur, la guerre ou la misère ?
Tu pleures des peines devenues lourdes chaînes
Mais vis-tu au ghetto ? Dans un barrio sucio ?
Qu’est donc la géhenne des peuples qu’on enchaîne, 
Que massacrent presto des commandos spéciaux ?
As-tu vu la Haine quand elle se déchaîne ?

Toi, tu te traînes, ivre, sans taire ta douleur,
Ta cicatrice au cœur et les plaies de ton âme,
Que fais-tu des vainqueurs, pilleurs pillards, violeurs ?
De l’homme et du livre livrés au flot des flammes ?
Et de ce gouffre à guivre aux pieds de ces jongleurs
Qui se croyaient libres, qu’un soir on emprisonne ?
Des hommes disparus ? Des femmes torturées ?
Aides-les, Félibre !… Que ces ombres foisonnent,
Aient pignon sur nos rues dans tes vers ulcérés !
Vas, offrestes fibres et, qu’haut, ta voix résonne !

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