Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 25 avril 2011

LA BOURRIQUE ÉVOQUANT UN CONCOURS

Petite fable affable

Un zèbre fuit son enclos.
Sa course le mène auprès de quelque cour
Où s’était déroulé un certain concours :
 Un grison, rétif et sot,
Un bardot, bête entêtée,
Et la mule, qu’on dit reine en Papauté,
Causaient avec le baudet du Gâtinais
Et Mulet, pis qu’âne bâté,
D’un grand titre de beauté
Qu’un Pur-sang étranger y avait glané.
Bien soigné, fort entraîné,
Ce vainqueur méritait d’être rejeté !

Le bon Maître bourricot
Faisait aux portefaix jaloux un vrai cours,
Tenant, sans qu’on puisse le prendre de court,
Que la splendeur, c’est idiot,
Quand on est bête montée.
Le titre était donc usurpé et gâté ;
Seul un animal stupide et bien borné,
Pourrait se féliciter
D’en être ainsi bâté
Et de l’avoir volé aux âmes mieux nées.
« Son prix, et ses haquenées,
Il les doit à on ne sait quelle bonté ! »

Le zèbre leur dit franco :
« Mes Bêtas, ce n’est pas un bien grand secours
Que de tenir ainsi d’aussi vains discours.
Moi qui porte un vieux tricot
De bagnard, la Vanité
Ne m’a ni aliéné ni affété :
N’ayant au cou ni charrue ni charretée,
Je suis mieux nourri qu’un ânon de l’année ;
Sans licou, jamais monté,
Mieux que vous je suis côté
Et à l’abattoir ne suis pas destiné…
Votre cheval, Grands Benêts,
N’est pas mieux loti que vous, en vérité !
Peste soit de l’envie et de tout envieux
Qui ne voit jamais, dans les rangs de ses semblables,
Que privilège injuste et chance discutable.
Que notre ciel soit de soleil ou pluvieux
Nous guettera toujours une faux comparable ! »

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