Notre monde est condamné ;
Pas d’élus que des damnés,
Pour vivre cette heure dernière
- Qu’on ait joui ou ahané ! -
Qui viendra dans peu d’années,
Si l’on tombe dans l’ornière
Des prédictions surannées,
Des prophéties cancanières
Et, quasiment, routinières.
Ainsi des succédanés
De devins, tout en crinière,
Se gonflent fort l’aumônière !
Oracles enrubannés
Aux présages boucanés,
Nous font l’âme prisonnière
De fleurs aussitôt fanées,
De leurs calculs émanés ;
Ce sont modes printanières
Où la mort aime à planer !
J’ai l’essence buissonnière :
Ces pythies - sans chicaner -
Qu’on laisse se pavaner,
Causent pis que cantinières
Et sont aussi potinières !
À coup d’augures glanées
Aux entrailles profanées
De mondes morts, sans manière
Et surtout sans ricaner,
Bien qu’elle ait le cuir tanné,
L’Humanité moutonnière
Encore encharlatannée,
Se fait sa peur saisonnière :
« Fini de rire et flâner,
C’est sûr, on va tous caner ! »
Dit la presse cancanière ;
Foin de Raison casanière !
Puisqu’il ne faut pas vanner
L’irrationnel basané
- La bêtise est rancunière ! -
Pourquoi ne pas trépaner,
Plutôt que dédouaner,
Les gueux qui font leur bannière
De tous ces poisons panés ?!
Araser la taupinière
Ne saura la condamner
Car ce mal si safrané
A nos têtes pour tanière
Et l’Humain pour pépinière !
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