Sur « Cupidon s’en fout » de et par G. Brassens (1921-1981)
Pour rendre not’ condition plus humaine
Il ne s’en faudrait guère de beaucoup,
Mais on refuse que le coeur nous mène :
Il est des choses dont l’opinion se fout,
Tant de choses dont elle se contrefout !
Longue est la litanie de la souffrance :
Sahel, Irak ou Guinée Bissau,…
La mort y fait, au jour, moisson d’enfances…
Il est des régions dont l’opinion se fout,
Et de pays dont elle se contrefout !
Tibétains et Kurdes qu’on assassine ;
Le Soudan, dans la guerre jusqu’au cou,
Se meurt, tout seul, sans un cri, de famine…
Il est des peuples dont l’opinion se fout,…
Oui, tant de gens dont elle se contrefout !
Parler de « bouclage » ou d’ « épuration »
Gêne not’ bonn’ conscience par à-coups,
Com’ les mines ou les « pacifications »…
Il est des guerres dont l’opinion se fout,
Tant de crimes dont elle se contrefout !
Il est des hommes sombrant dans l’abîme
De maladies éradiquées partout,
Mais qui, chez eux, à la volée déciment…
Il est des malheurs dont l’opinion se fout
Et de détresses dont elle se contrefout !
Aujourd’hui, au loin, la pauvreté reine,
Fait des enfants exploités pour le « coût »
Ou des esclaves mourant à la peine…
Il est des idées dont l’opinion se fout,
Tant de valeurs dont elle se contrefout !
Et quand le Ciel vous tombe sur la tête,
N’espérez l’aide d’autrui qu’après-coup,…
Si vot’ malheur à l’image se prête.
Il est des choses dont l’opinion se fout,
Tant de choses dont elle se contrefout !
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