Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 11 mai 2011

PASTOURELLE

Cycle pyrénéen


Dis qu’attends-tu bergère,
En robe si légère,
Sur l’herbe du printemps
Que caresse l’Autan ?

J’espère, en pastourelle,
Que, du haut des tourelles
Du château de Lara,
Le baron me verra ;
J’espère,  sous l’ombrelle,
Qu’au chant des tourterelles,
Il me reconnaîtra
Et, qu’à moi, il viendra ;
J’espère, jeune et frêle
- C’est chose naturelle ! -
Que, sans plus d’embarras,
Je connaîtrai ses draps :
Finies la pluie, la grêle,
Les airelles et les prèles !…
À moi soies, angora,
Carats et Baccara !

Dis que veux-tu bergère,
En robe si légère,
Sous ce saule attristant
Au milieu des broutants ?

J’attends, belle violette,
Des fleurs, des odelettes
Ou, bien mieux, le contrat
D’un juge ou d’un jurat ;
J’attends, toute seulette,
Un porteur d’épaulettes
Qui, femme me fera,
Quittant ce trou à rats ;
J’attends qui, bel athlète,
Brisera ma houlette
Et mes moutons vendra :
Ah ça, bon débarras !
À moi parfums, toilettes
Les bonnes qu’on soufflette,
Parures et apparat,
L’Alhambra, l’Opéra !

Dis que fais-tu bergère,
En robe si légère,
Tout près de cet étang
Sous la pluie, le beau temps ?

Je rêve à d’autres landes,
Aux neiges de Finlande,
Où l’on m’entreverra
Au bras d’un magistrat ;
Jetant ma houppelande,
Je me rêve chalande
Au souk de Bassora,
Au marché de Zara ;
Et je rêve d’offrandes
De perles en guirlandes
Venues d’un vieux verrat
Ou d’un beau scélérat ;
Je rêve, et je demande,
Qu’un brigand, chef de bande,
Nous vienne des sierras,
Me fasse zingara !

Tu déparles, bergère,
Et rêves à la légère :
Tu finiras mégère,
Et tes moutons suintants
Tu garderas longtemps
Car celle qu’exagère,
À l’amour étrangère,
N’est que fille à bon temps,
L’épouse d’un printemps,
Que l’on oublie à temps !

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