Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 9 mai 2011

À-PROPOS MERDREUX

« La poésie est le plus court chemin d’une sensibilité à l’autre » J. Cocteau (1889-1963)

  Avec une vanité de vieillard, un jeune barde dans le besoin, que j’ai eu le tort de mettre en selle, me gave des délires affligeants de sa lyre d’indigent. Ce mâche-laurier, qui fait de l’imitation sans limitation, avec plus d’écrits que d’esprit, viole le luth des fils d’Apollon avec autant d’insistance que de stances comme il lutte avec la viole des Muses dont il se dit l’amant, tout en constance et inconsistance. Croyant son grain de sel universel, ses sensations sensationnelles et ses émotions immortelles, comme tous les auteurs sans hauteur, il me livre incontinent ce que sa plume ténue mais têtue délivre avec une apparence fausse d’aisance. Sitôt rêvé, sitôt parfait. Parce qu’elle a la lubie de l’oubli, l’éloquence de circonstance de ce piètre poétereau, orbi et urbi, m’effeuille ses fleurs égotiques, narcisses sans épice. Ah, comment ce petit bavard bien portant est-il devenu un grand baveux mal allant ?
  Soyez sûr, soyez certain que ce troubadour balourd qui a plus d’allant que de talent, enivré par son reflet dans le miroir de la Gloire et grisé des vapeurs illusoires de l’Histoire, a un pouvoir laxatif hors du commun. Devant cette logorrhée coliqueuse certaine dame - femme de conventions plus que de convictions - grande âme, s’exclame, s’enflamme puis se pâme quand il déclame. Quant à moi, j’espère le matin où ce paladin aux yeux (eux aussi) chiasseux, s’adossant à ses passions et autres illuminations, les braies qui béent, cherchera à mettre ses fèces à l’air dans un souffle exalté sans qu’une envolée de choix ne choie. Ah, elle fera du bruit, la constipation de l’inspiration du métromane pétomane dont la bouche en cul de poule sera enfin privée de malodorante matière verbale et de déchirement d'entrailles verbeux !
  Pourtant, certaines dives bouteilles, vidées du col au cul, et ma nature m’ayant donné plus d’amis que mon esprit prompt aux silences éloquents ou mon talent pour les discours édifiants, j’ai le malheur de compter ce poussif aligneur de rimes parmi les premiers de ces-derniers. Pire, vivant dans la terreur de l’erreur, tel Noé sous la nuée ou Moïse dans la mouise, parce que je ne suis pas le pire du troupeau, je l’ai toujours charitablement choyé : la médiocrité de ses émois me fit prendre en pitié cette cigale sans égale, à qui, baladin badin et boudin boudeur, j’ai décerné le titre austral de pitre astral, alors que la pointe d’une pique aurait mieux valu pour m’épargner d’être éclaboussé par ses étrons, embrenné par son plastron. Cette faiblesse pour ses déclinaisons latrines, est-ce la naissance de la sénescence ou une réminiscence de l’adolescence ?

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