Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 mai 2011

L'ATTRAPE-SOURIS

Petite fable affable

Las, une trotte-menue laborieuse,
Croque-fromage rieuse et curieuse,
Apprend que le maître du lieu, un brin bilieux,
Lui en veut un peu. La voilà furieuse !
C’est vrai, c’est son Empire du milieu,
Qu’elle pille et razzie, la moue glorieuse,
Toujours en train, toujours industrieuse…

Ce soir, il est revenu du marché
Il a dit à sa femme, le vacher :
« Pour ce maudit rongeur, j’ai acheté un piège. »
Depuis la souris veut se revancher
Poussant toute bête à lever son cul du siège
Car cette arme faite pour amocher,
Pourrait la trancher ou bien l’embrocher.

Le vieux poulet qui vit dans la cuisine
Envoie paître la grisette : « Voisine,
Tu ne l’as pas volé car tu l’as tant spolié !
Que m’importe tant que j’ai de l’alsine ! »
Le bœuf et le cochon, aux langues bien déliées,
L’ont envoyé paître : « Tu ne lésines
Pas à lui nuire. Donc, tant pis, Cousine ! »…

Minuit, un bruit sec réveille le fermier.
Sa femme, heureuse, quitte le sommier,
Mais la trappe a happé la queue d’une vipère
Qui mord la tendre moitié du fermier.
Ici, pas de docteur. L’homme se désespère.
On lui conseille, bons soins infirmiers,
Quelques bouillons. De poulet, en premier.

Et le rustre, aussitôt, tranche à la hache
Le cou du poulet qui était si lâche.
La fièvre de l’épouse empire encor’. Malheur !
Tous les voisins la veillent sans relâche,
Aidant plus son mari qu’apaisant sa douleur.
On tue le cochon, ce gros poltron, pour qu’ils mâchent
Un bout avec l’homme qui pleure en sa moustache.

La femme mourut. Donc, sans grimacer,
Le veuf occit le bœuf à l’œil glacé,
Le servit au repas, qui n’a rien d’une fête,
À la fin des funérailles placé.
Quelle sagesse auraient dû avoir ces trois bêtes ?…
Quand l’un de nous, quiconque, est menacé,
On est tous au risque de trépasser !

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