Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 3 mai 2011

MADAME ÉDITH

Quelques lambeaux de cœur dans une robe noire
Qu’ont patiemment tissée les noirs desseins des Moires ;
Une robe noire vendue aux vins amers,
Aux vents qui, trop souvent, ont rêvé de steamers…
Une robe qui, dans un frisson, entre en transe
Sur un corps qui tremble dans le soir qui s’avance,
Frêle corps de fille, fragile et fatiguée,
Mais qui veut croire encore aux lendemains plus gais ;
Une robe avec, pour soleil dans ce ciel sombre,
Une croix d’or luisant dans l’obscure pénombre.

Elle vibre, palpite, Madame Édith qui chante
Ses amours, ses excès, les malheurs qui la hantent…

Ses deux mains qui se tendent et déchirent le soir
Des mains marquées, blessées, tournoyant dans le noir…
Des mains encore ouvertes implorant de détresse ,
Rappelant d’un geste quelque vieille promesse,
Qui en tourbillonnant s’accrochent au désespoir,
Se referment à deux poings sur un souffle d’espoir.
Offrande absolue, ces mains encore se donnent
De passions en passades, et rien ne se pardonnent ;
Puis elles s’égarent sur son corps frémissant
Ou, en vol, capturent un accord étourdissant... 

Elle prie et pleure, Madame Édith qui chante 
Ses peurs et ses tourments, sincère et suppliante... 

Un visage implorant, traits tirés par le temps, 
Et des yeux où brûle le défi d’un longtemps, 
Qui sillonnent les cieux en quête d’une étoile,
D’un matin délicieux qui enfin vous dévoile 
Une espérance vraie, réponse et solution
À tant de tragiques points d’interrogations.
Des yeux où la douleur étincelle et désarme
Où brille l’ombre d’un toujours ou d’une larme,
Où se sont écorchés des fêtes, des dimanches, 
Sans briser jamais la volonté de revanche.

Dans un mot, dans un cri, Madame Édith nous chante 
Les joies et les remords que la vie lui invente... 

Une voix qui court et arpente le pavé, 
Née dans les cours, rivée aux trottoir dépravés ;
Une voix où le rire est perlé de tristesse 
Toujours prête à donner des trop-pleins de tendresse ; 
Une voix où roulent des torrents de rumeurs, 
Qui s'enflamme avec force et souffre sans pudeur ; 
Une voix cassée par l’ennui, l’envie, les veilles
Mais qui espère encore d'indicibles merveilles ; 
Une voix où coule l’émotion éperdue 
D'une enfant oubliée dans une vie perdue... 

Quand elle chante, Madame Édith enchante 
Les faubourg et les rues, tout en mauvaise pente... 

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