Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 3 mai 2011

EN PARLANT DU BON TEMPS

Cycle toulousain


« Crois-tu qu'on oublie autant qu'on le souhaite ? »
A. de Musset (1810-1857), Poésies nouvelles, 1850



Lorsque je me souviens,
Du temps où j’étais gosse,
Je revois des voisins qui partagent, pas chiens,
Sans séparer le mien du tien,
 Le labeur, sans négoce,
Le pain et des couplets ;
 On se saluait, se souriait, se parlait…
Pourtant ils n’roulaient pas carrosse !

C’était ce bon vieux temps, d’il y a bien longtemps,
Celui que j’aime tant,
Où l’indifférence mendiait en pleurant,
Et la solitude manquait de soupirants ;
On passait des instants
Où le plus important
Était d’être ensemble, là, et pour le restant
 Le temps prenait son temps…

Si je me souviens bien,
Du temps où j’étais gosse,
J’entends des voisins qui s’attissent pour des riens
Ou bien se traitent de vauriens.
Mots crus et pointes rosses
Ou rumeurs feux-follets,
On s’insultait, on se boudait, on déparlait…
Pourtant ils n’étaient pas féroces !

C’était ce bon vieux temps, d’il y a bien longtemps,
Celui que j’aime tant,
 Les vieilles rancunes n’avaient rien d’écœurant
Et les rancœurs partaient au premier différend
 Pour un de ces longtemps
Qui dure, en cahotant,
Au pire, pour les endurants, quelques instants ;
 Le temps avait son temps…
Le souvenir me vient,
Du temps qu’on était gosses,
Nous, et ceux des voisins : on jouait aux Indiens,
On courait bois et champs, sans lien ;
Cabanes, plaies et bosses,
Billes, cris, osselets ;
On s’amusait, on s’inventait, on s’envolait…
Et la vie n’avait rien d’atroce !

C’était ce bon vieux temps, d’il y a bien longtemps,
Celui que j’aime tant,
Où l’insouciance ne vous rend pas indifférent,
Où l’innocence ne vous fait pas ignorant.
Jamais vraiment distant,
Moins encore insistant,
Le printemps était à portée de la main qui se tend
Et notre temps sans temps…
Le souvenir me vient,
Du temps où les molosses
- La Vioque en chaperon, l’Ancien ange-gardien -
Hantaient, partout, toujours, nos pas au quotidien
Jusqu’au bord de la fosse :
Toujours à déballer
À nos Vieux sur ce qu’on faisait, où on allait…
Oui, faisaient chier ces rosses !

C’était ce bon vieux temps, d’il y a bien longtemps,
Celui que j’aime tant,
Où notre vie allait au fil de son courant
Un jour torrent tyran, un autre étang mourant
Craignant Dieu et Satan,
L’orage de printemps,
La grêle crépitant,… On révérait Antan,
 Le temps qui vient à temps…
Craignant l’Vieux et l’étang
Le curé entre-temps,…
En vénérant l’Autan, on végétait pourtant
 Beau temps suivant mal’temps…

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