Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 23 septembre 2023

HAÏKU RÉVOLTÉ

Les vraies révolutions commencent avec des femmes encolérées
Et tournent court dès que les hommes prennent leur relais.

LA MAUVAIS HERBE

Graine d’ortie mêlée à vos saines semailles,
Je ne lève que pour urtiquer, vraie limaille,
Et ne pousse que pour dépareiller vos champs,
Cri sauvage parmi les domestiques chants.
J’ai germé, plant rugueux parmi les lisses,
Rustique, récuse tout ce qui vous police,
Vous fait, au plus tôt, bon blé en herbe, en rangées,
Et non folle avoine prête à tout déranger.

Je suis un rêve qui, sur notre sommeil, veille.
Obéissant sans me soumettre. C’est merveille,
Et, fou faisant du foin, ma foi pas à demi,
Je reste vert parmi vos ors prou endormis
Qui, d’abord, en javelles et meules, puis bottes et balles
Finiront litières. Belle pierre tombale !

Ah, certes, comme vous, je serai, las, fauché.
Mais d’ici là j’aurai pu, moi, m’empanacher
D’avoir dodeliné, à mon gré, sans chimère,
À vents choisis, sous pluies fleuries, jusqu’à frimaire.

Mais je ne me serai de vous mie écarté,
Car c’était vous aimer, oui, que de vous heurter.

jeudi 21 septembre 2023

SOUFFLÉ COMM'HAÏKU

Qui aspire soupire mais qui veut empire transpire !

LES TRAITS DE LA NOUVEAUTÉ

Petite fable affable

« À bonne adresse, il n’y a péril en la demeure ! »
Arguait haut une punaise arlequin en livrée.
Suisse d’un buisson qui cheminait à toute heure.
Entre peines et pleurs, il était un dur. Un vrai
Et un tatoué.

Cette crapule était un estafier sans scrupule
Qui chassait du lieu tous les bousiers solliciteurs,
Traquait les hannetons et les bêtes à mandibules,
Mauvais payeurs mais payeurs au final,… Serviteur
Mais non sans hauteur ! 

Ce querelleux en imposait même au capricorne,
Au crache-sang ou au lucane,… et il se pensait
Bon gendarme en étant moins qu’une blatte morne !
Il n’avait jamais changé. Pour lui, dans le passé
Mal mie ne passait !

Ce querelleux larbin, terreur des petites biches,
Et des cétoines et des carabes,… à bien écouter
Ses fanfaronnades était le seul guerrier de la friche,
Le dernier rempart d’un taillis souvent écourté,
Jamais dépeuplé.

Malgré ses rodomontades, survint une peste :
Coccinelles et frelons venus de loin tout le lieu
Envahirent, le pillèrent et le vidèrent au reste
Sans que ce valet ne pût y faire rien. Au mieux.
Je ne suis pas Dieu !

Qui l’eût cru ?!… Lors, on lui claqua au nez cette porte 
Où la mort avait frappé, car face au faits nouveaux,
Aux dangers inédits tous les vieux remèdes, en sorte,
Sont souvent la panacée de gens sans cerveau
Espérant bravos !

Gardons-nous de ces gens devenus, en nos luzernes,
 Des Anciens sans jamais avoir été des Modernes !

mercredi 20 septembre 2023

mardi 19 septembre 2023

HAÏKU RURAL

Pie à la ferme, ta porte ferme !

RÉVEIL RURAL

D’après une photo de M.-Y. Custeau, 11 juillet 2023

Ils ont barbelé le fil de vos pensées
Et puis posé un lourd verrou à vos rêves.
Sous des cieux déshabités mais encensés,
Ils ont mis des ellipses au Temps, qui en crève,
Et des éclipses à vos soleils faïencés.
Et moi, je vais. Sous les nues froissées d’une aube
À peine éveillée. Je trace mon chemin,
Là où la nuit avait dégrafé sa robe
Me laissant, lors, voir une lune carmin,
À la chaste lueur et aux rondeurs probes.

Si l’horizon fait silence sur des lointains
Ensommeillés, jà, une brise se grise
Veut dérouiller les gonds du petit matin.
Un chapelet de chants me vient. Sans méprise,
Il s’échappe d’une chapelle au chœur éteint.
Dans ces heures vagues d’aurore, je plonge
Et vaque, humant l’humeur du jour nouveau.
Au sceau du ciel je lis les nues, qui prolongent
Mes songes en mirages quand, dans vos caveaux,
Sonne l’heure de  vous mettre brides et longes.



lundi 18 septembre 2023

dimanche 17 septembre 2023

HAÏKU AU CŒUR

Tout moral d’acier a été trempé à de larmoyantes tristesses.

LES SIFFLANTS CONSPIRATEURS

Petite fable affable

Voilà un conte fleurant peu les on-dits.

À l’heure où l’été prenait ses quartiers d’hiver
Après avoir dansé avec les blés blondis,
Deux serpents se retrouvent. Nus comme des vers,
Leur humeur plus vagabonde que la faim
Fait que c’est là commencement et non fin.

L’un de ces reptiles est une vielle barbe 
Qui avait beaucoup rampé pour réussir.
L’autre, un quelconque blanc bec, né en joubarbes,
S’allonge volontiers pour mieux épaissir
La ligne de son grand destin à venir :
Avec sa gueule de boa, il se rêve
Roi des ophidiens, venin autant que sève.

Le premier, sans langue de bois, avoua
Que régner il l’avait fait, lui, naguère ;
Mais qui a déçu est déchu. C’est la loi.
L’avait détrôné, non sans quelque vaine guerre,
Un familier du roi, quelque étron flagorneur,
Qui sut à dessein se faire suborneur :
« Vois-tu, moi je sais la Cour et ses arcanes,
Les coteries, les factieux, l’art du complot
Et la démagogie pour flatter les ânes.
Je peux t’aider à renverser le ballot
Qui m’a pris ma place, une fin de race
Dont il faudrait bien que l’on se débarrasse ! »

Accord fut passé. Et on y donne corps
Et le nouveau roi monte, un jour, sur le trône
Usant là de poison, ailleurs de miel.
À peine monarque, la prison il prône 
Pour l’autre qui en crache bile et fiel
À la face de sa majesté goguenarde
Qui lui lance, alors que le saisit la garde :
« Souffle fort qui voit qu’on s’est servi de lui
Oubliant comme il s’était servi d’autrui ! »

vendredi 15 septembre 2023

HAÏKU DE M. PROPRE

Passer un savon, même vertement, ne suffit pas pour laver un affront.

NOUVELLE SAISON

« L’automne est le printemps de l’hiver .»
H. de Toulouse-Lautrec

Aujourd’hui, l’automne débute un tout nouveau chapitre
De la ronde des saisons qui ne s’est mie lassée
De nous regarder vivre à travers l’eau de ces vitres
Qui s’embueront désormais aux vents de ciels froissés.

Bogues en poche et méque au nez, l’enfant est au pupitre.
La porte à peine franchie, regrettant son châlit,
Il fendra fou, l’air fraîchi sous un azur pali.

Aujourd’hui, l’année écrit son plus beau chapitre,
Sur ses feuilles mordorées. Elle viendra chanter
Le temps soudain apaisé aux jours propres aux épîtres,
Aux flambées revenues des foyers réenchantés,…

Là, un grillon oublié crissera des élytres
Quand, dehors, à nouveau, s’écriront des mots blanchis
Gravés à l’encre de pluie, par la boue enrichie.

mercredi 13 septembre 2023

HAÏKU’PAIN D’ABORD !

Sachez trier vos amis pour ne pas vous voir étrillé, vous.

LA PROPHÉTIE DU LYNX

Petite fable affable

N’ayant plus goût aux bêtes à bois ni au saumon,
En rien placide, un grizzly, vrai démon des monts,
Suivit rus et torrents pour visiter le monde.
Lors, la patte il mit sur les terres aux alentours
De hauteurs devenues, à son avis, immondes.
Rudoyant tout. Tous tyrannisant. Sans détour.

Plaine et vallées furent vite pleines de plaintes,
De gémir, de pleurs et, à tout heure, de craintes.
« Il est court le chemin du regret au rejet
Et plus bref encore de la peur à la haine ! »
Philosophait un lynx, dernier de ses sujets
Et cadet des soucis ursidés, face à ces peines.

« Que celui qui n’est pas content tourne son cul 
Au vent sinon, jà cocu il sera vaincu !
Tonnait notre gros ours fort de son arbitraire
À qui lui répéta ce mot si offensant.
Tous sont à tuer et tout le reste est à traire ! »
Le caracal le sut, se fit plus mal-pensant :

« Ne traitons pas en chiens le pavé ni la glèbe :
Si contente de rien, foule faible, la plèbe
Se résigne à être, hélas, traitée comme plâtre ;
Mécontente de tout, elle sera prête à combattre ! »


lundi 11 septembre 2023

HAÏKU DE MAUX

Avec certains, si tu ne plies pas tu es prié de te casser…

LES DERNIERS MOTS DU GITAN

Sur des mots de Loupzen, fils du Vent et de la Terre

Oui c’est ça : adieu la Vie !… Je te quitte.
Tu m’en as fait tant voir. Nous sommes quittes.
Tu m’as fait marcher, je peux l’avouer
- C’est pas facile de m’amadouer ! -
Mais c’est enfin le terme du voyage
Celui où on dépose enfin ses bagages
Et je n’en suis, las, pas plus avancé.
Seul. Planté. À quatre murs fiancé.

À l’heure où, au loin, les feuilles s’envolent
Me laissant cloué devant ma console,
Je me souviens des horizons croisés
Sur ma route et de ces ciels azurés
Où ont couru mes espoirs et mes rêves :
J’y ai puisé tant mes envies que ma sève.
Mes souvenirs s’effacent. Mon corps se re plie.
Et tous les vents qui m’ont poussé m’oublient.

Finies sentes et route du hasard,
Sillonnées de bonheurs ou de bazar,
Là, aux antipodes de vos servitudes
Vos inquiétudes, vos certitudes,…
Oui, la prochaine fois que je partirai
Sera la dernière. L’ultime arrêt.
Partir c’est la chose que je sais faire 
Le mieux. N’en faites pas toute une affaire.

Moi, je suis toujours allé voir ailleurs
Chercher du mieux, en quête du meilleur.
Le prix de la liberté. De la mienne
En tout cas. De celle des races anciennes
Qui se sont frayé leur propre chemin
Malgré tout, malgré vous, vers leur demain
Faisant du crépuscule une kermesse
Car l’aube leur offrirait ses promesses.

samedi 9 septembre 2023

HAÏKU DE GRIFFE

La bourgeoisie a donné à l’écrit ses lettres de noblesse.

LA FORCE DE LA FARCE

Petite fable affable

Ce chimpanzé avait, du tout au tout, changé.
Lui qui, las, ne savait que rire et déranger,
Parlait de "contrition" à qui voulait l’entendre.
Les bêtes qui voulaient croire et mieux, bien comprendre
Cette flagellation d’ego mise en sautoir
Et cette conversion placée en présentoir,
Ont lors quis, un beau jour, de leur bon roi la grâce
D’un simien, encore hier, tout tours et grimaces.

De nouveau bien en Cour, notre bouffon, sérieux
Comme un pape, faisait las jaser les curieux :
Pas de bon mot cruel. Pas de mauvaise blague.
Le vil sagouin dans les eaux du sale ne drague
Plus ; le fagotin ne sème rien de méchant
Aux sillons des on-dits, son plus mauvais penchants.
Ainsi le turlupin y gagna des louanges,
Quoiqu’il n’eût point, hélas, le visage d’un ange.

Or, on lui présenta la reine. Une beauté.
 « Madame a plus mauvais goût que sa Majesté ! »
Glisse alors en gloussant comme un fou le grotesque.
Le roi dit au pitre au rire babouinesque,
Envoyant la police emballer ce ballot :
« Chassez le naturel, il revient au galop ! »