Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 19 mars 2024

HAÏKU DE COM’

En politique, la plupart des solutions proposées ne font que complexifier les problèmes.

D’AUJOURD’HUI À DEMAIN

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Tout comme la vôtre, comme celle des autres,
D’aujourd’hui à demain ma vie, las, est passée
Toujours vite en allée, déjà presque effacée
Qu’on soit suppôt de Satan ou gueule d’apôtre.

Le joug du mariage et le bât des enfants
Ont terni mon teint, délavé mes yeux de faon.
Je suis si harassée. Cassée. Déjà glacée.

Quoi, des rêves et des espoirs à mon âge ?!… À d’autre !
Mes projets et mes souhaits, hélas, se sont lassés
De moi. La déception, ce qui m’a tracassé,…
M’ont ridé les joues et plissé le front. Entre autres…

J’ai vécu dans cet appartement étouffant,
Tête emprisonnée et corps cloîtré, piaffant
D’être sans exister en ces temps qu’on dit nôtres…

Graine d’épeautre qui dans tous vents se vautre,
Toujours vite en allée, déjà presque effacée,
D’aujourd’hui à demain ma vie, las, est passée
Malgré mes vœux, prières et autres patenôtres…



lundi 18 mars 2024

dimanche 17 mars 2024

HAÏKU SENSIBLE

Pour trouver du sens aux choses, il faut soi-même savoir jouer des siens.

ANONYME

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Parmi des visages sans vie et sans regard,
Tout seul et inconnu. Sans un mot en partage.
Et par les rues courues de quidams sans âge
Se déroulent mes jours, là, sous mes yeux hagards.

Je suis insignifiant et indigne d’égards.
Oui, partout étranger et ailleurs de passage,
Je fuis des heures qui me laissent en leur sillage.
La vie ordinaire. S’en plaindre, c’est ringard.

Paraître personne ici, las, c’est exister.
Et à quoi bon être : il suffit de persister
À être sans fard ni fond. C’est de bonne guerre !

Pourquoi vouloir sortir de la banalité ?
Sois comme les autres : commun et vulgaire…
Pourquoi avoir une vraie personnalité ?



samedi 16 mars 2024

vendredi 15 mars 2024

HAÏKU DE BONHEUR

Dans notre monde, on veut à tout prix être heureux alors qu’il coûte moins d’essayer de ne pas être malheureux.

MA VIE DE FEMME

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Ma vraie vie commence, c’est dans mon horoscope,
Où finit, nous dit-on, celle de Cendrillon :
Je suis son égérie, sa muse, son million,…
Alanguie, je n’ai qu’à poser, comme en syncope.

Moins abeille ou fourmi que cigale ou grillon,
je ne pense jamais à demain, à ma place…
Mes jours pareils passent mais jamais ne me lassent.

Ma jeunesse pousse comme blé en sillon
Quand d’autres filles comme moi, hélas, écopent,
Vivant un temps tout en tirets, en apocopes,
En parenthèses,… soumises à un taurillon.

Mais elles sont chrysalides, et moi, papillon :
Tout ce qu’il attend de moi : que je me prélasse.
Je suis son modèle. C’est lui qui me délace…

Mais un jour finiront ces heures où rien n’achoppe.
Je ne serai plus sa princesse, son million,…
Où commença, dit-on, celle de Cendrillon
Ma vie finira… malgré tous les horoscopes.




mercredi 13 mars 2024

HAÏKU APRÈS COUP

Avec le temps, on a de plus en plus pour nous consoler d’être de moins en moins.

VIE NOCTURNE

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Dessous son enduit de suie la ville, la nuit,
Vibre et vie, jusqu’aux lueurs fanées de l’aurore ;
Empli de baratin, que les néons dorent,
Ce réduit n’est habité que de vain, de bruits,…

Tout y est fortuit, on ne vit qu’aujourd’hui :
Chaque moment, ami, s’appelle « maintenant » ;
Qu’importe la pluie dans ce carême-prenant !

Dessous son enduit de suie la ville, la nuit
Invite en son puits noir Cendrillons badinant
Ne craignent pas minuit et hâbleurs fascinants… 
Tant pis si en son circuit, on se mal conduit !

On ne produit qu’un fruit : la vie en usufruit !
Courte et en artifices, elle va, maintenant
Debout ceux dont le labeur est aliénant.

Dessous son enduit de suie la ville, la nuit
À laquelle s’adosse le marlou et le lieutenant
De police joue aussi, dehors, aux incontinents,
Car la solitude jamais ne s’y ennuie.



lundi 11 mars 2024

HAÏKU D’BOUQUINS

C'est celui qui lit qui est !

LIBERTÉ

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Nul ne me connaît et personne ne me juge
Je fais ce que je veux quand l’envie m’en prend,
Et mes jeunes printemps, tant pis si ça surprend,
Resteront de folies le plus beau des refuges.

Oui, je me permets tout. Après moi, le déluge !
Je ne m’interdit rien. Je vois, je veux, je prends !
Je fais comme il me plaît et sors souvent du rang.
L’hiver n’est pas pour moi. Tant pis pour le grabuge !

Ça, je te dérange d’être comme je suis.
Je suis étrange car personne je ne suis.
Qu’as-tu à redire ? Et qu’as-tu donc à médire ?

Ne suis jamais soumise et jamais asservie
Et peux te prédire que tu vas me maudire
Mais qu’importe : moi je vis, quand toi tu survis !



samedi 9 mars 2024

HAÏKU FINAL

La vie use surtout qui n’a pas su ou pu en abuser.

LA VILLE EN COULEURS

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

La ville, à l’envie, met des couleurs dans ta vie
Pour peu que tu refuses, pour toi, les costumes
Tristes et tous les tons ternes qui ont asservis
Tes pères et tes pairs restés, eux, dans la coutume.

Alors seront finis le stress et ses nervis ;
La solitude bannie, on pourra enfin vivre,
Loin des gaz, des sanies, l’esprit et le cœur libres.

Tu peux si tu veux ôter l’urbaine amertume
Et rallumer le sépia de ces ciels lavis,
Crever, à ton gré, tous ses obscurs apostumes
D’un grain de folie, sans demander nul avis…

Ainsi, au plus sombre ennui, la ville ravit
Ses ombres lourdes, froides et grises qui givrent
Toute volonté, celle qui anime nos fibres.

Car la lumière y pleut, sans aucun préavis,
- Sur les murs, les toits, le béton et le bitume -
En lettres aux cent couleurs ou en lignes suivies,
En fleurs noctambules dans l’écume des brumes,…



vendredi 8 mars 2024

jeudi 7 mars 2024

HAÏKU CIVIL

Pour être élégant habillez votre politesse de gentillesse.

SOLITUDE

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Me voilà à errer parmi des foules rances,
Seul, au milieu du bruit et de l’agitation.
Et, tout seul, au sein de ma propre habitation
J’existe à ma façon, loin de leurs apparences.

Je vis, ici, dans la plus stricte indifférence.
Libre et seul. C’est là mon urbaine condition.
Oui, seul, parce que c’est une saine ambition,
Le seul choix pour vivre serein sa différence.

Le gris du béton donne le ton à mes jours ;
Le noir du goudron à mes nuits. Presque toujours.
Ainsi file mon temps, passe ma jeunesse,…

Sous un ciel abandonné par toute clarté,
Ainsi courent les heures, sans plus de tristesse,
Pour remplir le vide des mes jours désertés.



mercredi 6 mars 2024

mardi 5 mars 2024

SAL’HAÏKU DU TEMPS

J’ai commencé à vieillir jeune pour pouvoir rajeunir ma vieillesse.

LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Au bras de mon promis, en robe plus que blanche,
Je vais. C’est le plus beau jour de ma vie, pardi.
Dans tous ces falbalas, il faut pas que je flanche.
C’est l’apothéose. Je suis au paradis…

Oui, ce ne sont que rires et joies en avalanche
Pour tous ceux venus me voir, pour fêter l’instant
D’un « événement » qui suspend le fil du temps.

Aujourd’hui, je saute le pas et ça déclenche
Plaisir, émois,… mais tout m’arrive comme assourdi,
Irréel, comme un rêve un long matin de dimanche.
Le sourire figé. J’ai les sens engourdis.

Dans ce décor austère, je sens que je tranche.
Chez ceux venus me voir on attend le moment,
Le « oui » qui viendra fait déjà pleurer maman.

Elle parle du temps où s’arrondiront mes hanches :
Ce jour-là, elle sera, elle, au paradis !
Mais cela ne me tarde pas pour être franche.
Et si je faisais une connerie, là, dis ?!



dimanche 3 mars 2024

HAÏKU CON

Nos sottises sont bêtise aux yeux des autres.

D’ICI & D’AILLEURS

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Je suis d’ici. Tu es d’ailleurs. La ville brasse
Tous les ciels du monde et mêle tous les accents.
Tout n’y est que couleurs et parfums embrassants.
Et il en est certains pour ne voir là que crasse…

Tu es d’ici. Je suis d’ailleurs. La ville amasse
Nos différences en un beau mélange innocent,
En un métissage des plus resplendissants,
Que d’aucuns, hélas, ne voient que comme une impasse…

Entre ici et ailleurs, là, entre toi et moi
On donne le meilleur des mots et des émois
Sans arrière-pensée, dans la joie du partage,…

Entre ailleurs et ici, ça, oui, de toi à moi
Jouissons de ces apports qui créent un nouvel âge
Au fils des heures, et des jours, au cours des mois…



samedi 2 mars 2024

HAÏKU QUI SE TRANSPOSE

Ce que la Recherche propose, l’industrie en dispose, la publicité l’expose, la mode l’impose, le commerce le dépose et le juxtapose aux pieds d’un consommateur qui, avec, compose ou pose avant que ça ne se décompose ou n’indispose. 
Et l’esprit dans tout ça ? Il se repose plus qu’il ne s’oppose quant à l’âme, si on la présuppose, elle s’est mise en pause.

vendredi 1 mars 2024

PIÈTRE HAÏKU

Dans ce monde de cyniques on passe vite pour cinoque !

LEVER DU JOUR

Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)

Mais qui c’est donc ce mec qui allume sa clope
Dans ce studio sordide où il a dû m’aimer ?
J’ai dû le ramener. Oui, quand vous enveloppent
Ces fumées, quand dans l’alcool on s’est abîmée,…

Dans les foules d’un soir, je fuis la solitude
Qui tue en moi la vie, des jours qui font déprimer ;
J’efface des nuits ne laissant que lassitude.

La ville est Babylone aux plaisirs interlopes
Où j’avance en zombie, à coup de comprimés,
Sans hier et sans demain car mon horoscope 
Est cyclope myope aimant tout élimer.

Ainsi vont mes heures, sans autre certitude,
Qui, las, décolorent mes yeux inanimés.
Ainsi va ma jeunesse toute d’habitudes.

Il prend son temps pour partir. C’est pas pour frimer ?
Pourquoi il reste donc ce type avec sa clope… ?
Où ai-je un matin où je pourrais m’estimer 
Sans passé ni passades ou envie de syncope ?!



jeudi 29 février 2024

HAÏ(s’)KU’P

Un bon journaliste se doit d’être proche de son sujet mais jamais de ses protagonistes.

L’IRRÉPROCHABLE MODÈLE

Petite fable affable d’après 
Du palefrenier & du cheval d’Ésope

Un palefrenier ramenait à son maître
Le cheval que celui-ci avait laissé au pré.
Leur chemin croisa un champ où se mit à paître
L’animal fourbu d’avoir forcé le pas sans arrêt.
Or, ce lopin herbu appartenait au même 
Propriétaire que la bête qui y sème
Tout son crottin sans vergogne peu après.

« Ah bon, fit le lad, voilà que tu voles et souilles
Ce qui est à ton patron. N’as-tu honte, ingrat,
De traiter ainsi main qui te nourrit ?…  Arsouille !

- Ah le beau prêcheur que voilà ! Est-ce le rat
Qui met des parts de l’avoine qui m’est promise
Pour au marché les vendre qui me dit chose admise
Et celle qui ne se fait point ?!… Moi, j’en ai ras
Le garrot de ceux qui entendent d’une voix qui tremble
Que les autres soient exemplaires sans faillir
Mais sont, las, incapables, à moins de tressaillir,
De montrer eux-mêmes un quelconque “bon exemple” ».

mardi 27 février 2024

CRÉPUSCULE D’AUTOMNE

Couleur cendre et brou,
L’infini s’ébroue.
Sous une pluie grise,

Que fuit toute brise,

Nous cueillons du houx,

Pieds lourds de gadoue.

Les chênes chenus,
Les taillis ténus
Et les toits dégouttent
Aux rives des routes,
Dessus les marrons
Chus en coquerons
Ou aux lits de feuilles
Des bruissantes breuilles.


La nuit qui tombait
Sur l’ombre des haies
Que les vents dévêtent,
Que fuit la fauvette,
À pas menus court
Sans autre discours…

HAÏKU TRÈS BAS ?

Tout prix à un coût.