Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 21 octobre 2024

HAÏKU’PLEUT MENT

Un baiser volé n’est en rien un engagement pris.

LE BOUTON DE ROSE

Petite fable affable

Au vieux pays des fesses fanées,
Parfois frivole, souvent fidèle,
Rose, est une de nos fleurs modèles
De celles qui font, las, se damner.

Faite au moule, mais au moule à tarte,
Elle aimait à succomber souvent :
Qu’un Ménélas ou un joueur de cartes
Vint et elle était fille du vent
Ou, mieux, de la divine Aphrodite.
Honorer la déesse est un mérite !

Il en fallait peu pour que le bouton
De Rose vienne donc à éclore,
Et j’en sais des fats et des gloutons
Qui, pour lui, se firent mirliflores.

Mais au gré de passantes amours,
Rose ne cherchait qu’un soliflore,
Comme toutes les fleurs, de toujours,
Attendant Prince cherchant sa Laure,
Son Héloïse ou bien sa Flora…
Mais les hommes, en paille, sont des rats !

Ne juge point des filles, Pépère,
Sur ce qu’hélas, parfois, elles font
Mais bien plutôt sur qu’elles espèrent
Et que goujats sans scrupule en font !

dimanche 20 octobre 2024

HAÏKU DANS LE DOS

Rien n’est plus prévisible qu’un traître désigné… si ce n’est peut-être un héros auto-proclamé !

samedi 19 octobre 2024

HAÏKU COMME EN SANG

Le progrès nuit à la langue comme à ma réputation : je ne faisais pas autant de fautes de frappe quand j’écrivais au stylo !

LES CHAMPS FRISSONNENT…

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 10 octobre 2024

Les champs frissonnent et cloches sonnent
Dans l’aurore qui hérissonne
Jusqu’aux bois encore endormis,
Où s’accrochent les teints amis
D’un automne qui polissonne.


Jà, le jour qui, au loin, pinsonne,
Amène des brises tocsonnes ;
Sous des ciels vivants à demi,
Les champs frissonnent.


Les brumes se font mollassonnes,
Se cachent, aux breuils qui chansonnent,
Fuyant le jour qui s’affermit.
Les corbeaux crient à l’infamie.
Et, bien qu’il n’y ait, là,  personne,
Les champs frissonnent.


jeudi 17 octobre 2024

HAÏKU D’EUGÉNIE

Créer un jour chômé pour fêter le travail voilà, résumé, tout le génie français.

LA LEÇON DU LÉZARD

Petite fable affable

Quoiqu’équeuté, un beau lézard des murailles
Prou rôde ou batifole, erre et fort couraille,
Sous l’oeil mauvais d’un Jaquet empanaché
Qui s’en vint lors sa matinée lui gâcher.

« Comment peux-tu, insignifiant reptile,
Aller et venir, toujours à chahuter,
Alors que tu es gravement amputé ?

- Sauteur des cimes, moi je n’ai qu'un principe :
Toujours avancer, seul ou bien en équipe…
Et pour ça, oublier ce qui fut détruit,
Pour sauver ce qui peut l’être encor’, sans bruit ! »

mercredi 16 octobre 2024

mardi 15 octobre 2024

HAÏKU VENDEUR

Je n’ai pas l’âme d'un marchand mais j’avoue bien négocier les virages…

LA BALADE DU COURTISAN

D’après Othon de Grandson (1340-1397)

Il nous faut les Grands satisfaire
En nos temps de retour de Cours :
Servile, soumis, jusqu’à terre
 Simuler et, sans couper court,
S’abaisser fort, singer l’amour,….
Nos maîtres, sots, cuistres ô combien,
Nous veulent diligents, qu’on les flatte,
Nous les infâmes plébéiens
Qui ne méritent que coups de lattes :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

Ne pas les contredire, taire
Ce qui démange nos langues, sourds
À leur bêtise ; se défaire
De tout esprit, en basse-cour
S’ébattre au long de nos jours,…
Se faire médiocre ou moyen,
À leurs désirs ployables, moites
Girouettes, ils nous voient microbiens
Même s’ils sont bien moins que blattes :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

Jamais lassé de se contrefaire
Gourd parfois lourd, chacun accourt
Car toujours destin ordinaire
Espère sa part de velours 
S’il plaît ainsi à ces balourds
Qui ne valent détour en rien.

Je garde la crête écarlate,
Mie ne dirai à ces sanguins
Voix tremblante, échine plate :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

dimanche 13 octobre 2024

HAÏKU OPPORTUNISTE

Pour prendre les choses du bon côté attendez un retournement de situation !

LES DEUX ÂGES

Petite fable affable

Un barbon regardait un bambin
Qui batifolait prou en son bain.

« Que je te plains, Petit ! Vas, profite
Car l’enfance est pleine de dangers,
Ne vas pas, demain, te ménager ;
Et la jeunesse elle, hélas, n’évite
Point l’incertitude ni le mal.
Le destin est cruel animal
Malgré tes espoirs, ton espérance…

- Eh dis donc t’as pas fini, le Rance ?

Réplique le petiot. Je suis 
Fleur à peine éclose et toi fruit
Blet : mon sort est donc plus enviable
Que le tien et ma vie plus “vivable” :
Je serai quelque chose ou quelqu’un
Quand tu seras plus rien, vieux machin ! »

samedi 12 octobre 2024

vendredi 11 octobre 2024

HAÏKU D’ESPRIT

À force de réfléchir à tout je ne pense plus à rien !

J’AI CHANTÉ…

J’ai chanté joies d’un instant et moments de pleurs,
Chants colorés des fleurs, lamentos des douleurs,…
J’ai glané puis mis gerbe ou bien en corbeille
Le parfum des roses thé, le miel de l’abeille
Fendant la vacuité azuré de nos ciels.

J’ai aussi rimé sur des vents au goût de fiel,
Sur les flots irisés d’aubes toutes en lumière
Des hivers étouffant les feux dans les chaumières,…
J’ai rimé, aussi bien le jour qui s’enfuit
Le rire de l’enfant, la danse de la pluie,…

Mais tout cela n’est que sottises ou balivernse
Pour les esprits éteints, les étroites badernes
Qui sur leur âme et leur cœur ont mis un foulard :
La valeur de la vie ou la chaleur des arts
N’est pour eux qu'un gouffre obscur noyé par les ombres, 
Une impasse inutile, une futile pénombre…

Alors je leur chante l’herbe folle et non leur blé, 
Les bêtes allant solitaires, ou en assemblée,
Pour vivre, sages ou tourmentées, l’heure impérieuse
Des muses muselées ou des sources en veilleuse,
Où on fait taire les cœurs les plus palpitants
Soumis à la course folle de notre temps,…

J’ai mis en vers la prison des nuits les plus noires
Les reflets estompés de nos vies illusoires,…

Ma plume se fait aérienne ou bien d’airain
De sensations fugaces en sentiments sereins, 
Pour ranimer ma mémoire à en perdre haleine,
Et puiser sans fin mon encre au cœur de mes veines…

C’est labeur sans espoir, mais qu’importe de choir,
Votre bon vouloir,… : me taire serait déchoir !
Je ne plierai pas face aux cons ni aux cuistres
Dussé-je ployer encor’ dessous leur bât sinistre.

mercredi 9 octobre 2024

HAÏKU DE CLICS

Un jour, peut-être, les filles du Net finiront femmes honnêtes.

FEU LE BRASIER

Petite fable affable

Un feu de camp mourant, mais pétillant, encore
Se mire en la mare dont, ce soir, il décore
Le rives nues et où il brille d’un éclat
Rare en ces lieux perdus où ne gîte pas un rat.
Soudain, hélas, un vent de vanité l’attise :

« Me voilà réchauffant jusqu’à la forte brise…
Que je suis fort et que je suis grand, Mon Dieu !
J’éclaire plus que la lune pendue aux cieux ;
Mon éclat rougeoyant éclipse les étoiles ;
J’éblouis la nuit dont je vainc le sombre voile,…  »

Alors qu’il grésillait ces bons mots, il s'éteint
Sans avoir compris, lui, comme hélas, maints pantins
Que la moindre lueur d’une bonne fortune
Rend important un fat qui, très vite, importune.

lundi 7 octobre 2024

HAÏKU PROVERBIAL

Ce qui me dégoûte déborde de vase !

UNE ÉTOILE NUE & FRIVOLE…

Une étoile nue et frivole
Fait de l’œil au noir de la nuit
Pour retenir la lune enfuie,
En clignant comme une luciole.

Il me semble qu’elle fait école :
Peut-être percluse d’ennui,
Une étoile nue et frivole
Lui répond au vent qui s’enfuit
D’un clin d’œil comme qui rigole.

Alors qu’a passé la mi-nuit,
Les clous d’or au ciel, sans nul bruit,
Amusent, avec le fol Éole,
Une étoile nue et frivole.

samedi 5 octobre 2024

HAÏKU L’ÉTAL

Mûrir c’est mourir sous peu !

LE MEILLEUR NID

Petite fable affable

Dame rouge-gorge est moquée par une pie :
« À quoi bon bâtir nid si frêle,
Si bas que sans chercher querelle,
Le premier chat venu par jeu ou par dépit
En fera charpie, pauvre brêle !

- Et à quoi bon nicher si haut, Dame l’Aigrie ?
Dit l’autre. La première brise
Te mettra à bas car la prise
Est bonne en ces hauteurs. C’est, sûr !, foldinguerie.
Vaine, hélas, est ton entreprise ! »

Une chouette en son trou, ne dormant que d’un œil,
Fit : « Une chose vous échappe
En tout seul le milieu seul vaut, blattes :
Vous avez toutes deux choisi votre cercueil ! »
Lors, sur son tronc la cognée frappe…

vendredi 4 octobre 2024

jeudi 3 octobre 2024

HAÏKU PEU PAS PIER

Il paraît que je ne serais pas « à la page »… C’est faux, je ne suis simplement pas sur le bon livre !

RÉVEIL, FIN DE VEILLE

La nuit tait enfin ses mensonges…
Ses rêves creux et ses beaux songes.


Avec les étoiles, ils ont fuit
Car l’aube pressée les détruit
D’un rai de lumière céleste
Aux ors véloces, aux ambres prestes,…
Ont-il aux nues un paradis
Pour y enfouir tous leurs non-dits ?

Le jour déjà fourbit ses armes
Dans cette aurore de charme
Qui ôte au vent frais son bâillon,
Remet à nos sens leurs haillons.
Notre vie redevient sonore,
Lumière crue qui tout dévore.

Le jour, encore à claire-voie,
Donne à nos heures de la voix.
Le silence se perd dans les ombres
Mourantes, ces tristes décombres
D’une nuitée dont se souvient
Quelque recoin. Mais circonvient
La lueur d’un matin qui les somme
De se rendre, ici ; là, les gomme.

Potron-minet est bien charmant
Aux rimailleurs et aux amants.
Pour moi c’est le début des proses
Quotidiennes qui, las, sclérosent
Mon art vain. Je lui dis adieu
Tant le rebute l’azur des cieux…

La nuit tait enfin ses mensonges
Ne laissant qu’orbes de ses songes…

mardi 1 octobre 2024

HAÏKU COMPTANT POUR RIEN

Depuis des millénaires, l’homme « moderne » a cherché à faire d’un rien un tout ; aujourd’hui, aboutissement ultime du progrès, il veut faire l’inverse !

LE BERGER & LE LOUP

Petite fable affable

Quand les oies, que les frimas par trop piquent,
Déchirent le ciel d’un trait en pointillés
Et, pour de plus hospitaliers tropiques
Vont en notes de musique en volées
Emportées, un berger des plus modestes
Prit un loup gris dans son décor agreste.

L’homme déclara coupable Lupin
Qui crie tout aussitôt à l’injustice :
« Tu es juge et partie, fils de taupin !…
Comment peux-tu me condamner, Jocrisse ?
Toi qui manges à chacun de tes repas
Une viande que tu mènes au trépas !

- Mais c’est ainsi que va notre Justice,
Ysengrin. Et, je le crois et le crains,
Quoi que t’en disent annales et notices :
Les pires égorgeurs et malandrins,
De tous temps, pendent vils et bestioles
Qui, eux, toujours par besoin, tuent ou volent ! »

dimanche 29 septembre 2024

HAÏKU DES AUTRES

Si vous croyez mon palais exigeant attendez de découvrir celui des Princes !

LE VIEUX COQUET & SA GUENON

Petite fable affable d’après Marc-Antoine 
Jacques Rochon de Chabannes (1730-1800)

Fier de lui-même, être qui, seul, le fascine,
Un nobliau d’antan plus près de manger
Les fleurs de pissenlits par la racine
Que de l’âge où on effeuille, sans danger
 La marguerite avait une crapoussine
Guenon qui aimait, hélas, à le singer.

Elle se fardait donc comme son maître
Se perruquait, s’attifait d’une façon
Semblable et aimait, comme lui, à paraître,
Parader et manger comme un voraçon.
Aussi fermait-on toujours portes et fenêtres
Quand il recevait ses pairs ou ses maçons.

Un soir qu’il y avait fête en la demeure,
La prison bien close où vivait l’animal
S’ouvre. Vite, à le voir les convives pleurent
De rire - c’est chez ces gens biens, fort normal ! -
Tournant leur hôte en ridicule… et sans leurre.

On ne plaint guère les maux des orgueilleux ;
On s’en gausse, hélas toujours, à qui mieux mieux !

samedi 28 septembre 2024

vendredi 27 septembre 2024

HAÏKU DIT

Il est des réflexions faites qui sont de la pensée défaite !

RESSOURCÉ… ET COMMENT !

Le soleil éclaire chaleureusement 
Des jours qui vont au pas malheureusement

La pluie de printemps lave tout doucement 
Ces soucis qui las m’étreignent lâchement

La lune en talisman veille tendrement 
Sur mes nuits qui vont au trot traîtreusement

La brise d’été apporte l’apaisement
À mes peines qui vont sans fléchissement

mercredi 25 septembre 2024

HAÏKU PIÉCOLLÉ

Pourquoi veut-on, pour se démarquer d’autrui, copier les gens originaux ?

L’OURSON & SA MÈRE

Petite fable affable

Dans une aurore avare, un ourson gourmand
Saccage une ruche comme un dément.
« Halte, goinfre ! Fit, alertée, sa mère

- Mais c’est si bon, répliqua le sommaire,
Et pour elles si peu… Elles en font
Tant !… Qu’importe que je leur soit siphon.

- Un simple coup de patte dans leur niche
D’ors, même si cela te paraît chiche,
Devrait te suffire, Goulu. Vois-tu
L’abeille vit quarante jours où, en têtue,
Voyant mille fleurs elle va produire
Moins d’une cuillère à soupe de miel.
Alors, en pillard il ne faut se conduire
Sinon nous n’aurons plus ce don du ciel !
Prends-en un peu et en demain espère…
N’oublie mie que ce qui pour nous, prospères
Collecteurs que biens des autres on envie,
Est parfois l’œuvre de toute une vie ! »

lundi 23 septembre 2024

NOBLE HAÏKU

Il est contes difficiles à croire. Mais le sont plus encore ducs, barons ou marquis !

OBSCURITÉ

La nuit noire noie mes jours
Dans cet infernal séjour
Où gémir, ou geindre, est inutile
Et où pleurer n’est que plus futile
Encor’. je reste debout
Flétri, meurtri et à bout
Mais droit et dévoré la colère
Malgré ces ombres tentaculaires,
Les ténèbres de la Mort.
Car je sais que tel est mon sort…
Et c’est le seul destin qui se partage.

Blessés par le bât de l'âge,
Soyons et restons sans peur.
Ni soumission. Ni torpeur.
Affrontons sans crainte la pénombre
Des temps qui viennent et sont bien plus sombres
Que la nuit noire de nos jours
Où se noie notre séjour ;
Y gemir, en geindre est inutile
Et pleurer n’est, las, que plus futile
Alors restons tous debout
Même meurtri, même à bout.