Réduire au désespoir c’est accroître sa propre misérabilité.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
mardi 30 avril 2024
lundi 29 avril 2024
GAËLIQUE
Reflets moirés de miel sur la bruyère,
S’est ambrée comme leur âcre boisson
La lumière miellé venue des tourbières.
L’hiver marque le pas dans un frisson
Qui ploie et plie l’échine des buissons.
Le chardon met ses parures de guerres
Au pied las d’une chapelle esseulée
Retournée à ses suppliants mystères
Plein d’échos tus d’un passé craquelé,
D’une mémoire effilée, javelée,…
Ébranlé, ce phare épierré de lande
A résisté à tous les vents mauvais
Pour un peuple aux mains pleines d’offrande,
Affamé, asservie à son chevet
Par des genêts où courent les orvets.
dimanche 28 avril 2024
samedi 27 avril 2024
MARIN MARINÉ
Combien de pauvres hères ont quitté l’amère
Patrie pour ne pas, ne plus toucher le fond ?
Combien ont filé, croyant filets filon,
Sur l’océan bordier de natales terres ?
Combien donc ont fuit leur mère et la misère
Leur vie faisant des nœuds, étant puits sans fond ?
Combien se sont sabordés, faute de fonds,
Croyant que se terraient terres moins austères ?
Combien de mousses, de gabiers et marins
D’eau douce se sont crus capitaines un brin
De leur destin, pilotes de leur gabare ?
La mer ce n’est qu’embruns, que roulis et que grains,…
Si t’en as marre d’une vie à l’amarre,
N’est pas mieux celle qui te brise les reins !
vendredi 26 avril 2024
jeudi 25 avril 2024
NE CHIGNE NI NE CHOUINE
Amie, je t’offre un bouquet de pleurs
D’aucun regret envasé pour l’heur ;
Une brassées de larmes en pétales
Dont l’eau, là, aux yeux de tous s’étale,
Sans beau papier de remords fangé.
Cette rosée qui peut déranger
N’est pas l’apanage d’un pauvre homme
Qui, trop souvent, larmoie pour un rien
Au silence de la pluie. D’un gnome.
Chialer, c’est pas pour les vauriens.
Oui, mes plus humides sentiments,
Mes sensations qui ainsi dégouttent
Sans théorie du ruissellement,
Je les dépose au creux de gouttes,
Perdues, échouées, d’un ru en crue
Qui coule, arrosant secrète flore
Née au marais salant d’yeux émus.
Car ils n’implorent. Ni ne déplorent…
Il n’y a qu’instant, non repentir ;
Il y a partage, non mentir.
Ami, je t’offre un bouquet de pleurs,
Mouillant d’une bruine de bonheur
Les cœurs d’un temps tout en sécheresse.
Cette ondée débondée, pécheresse,
Débordant du vase étroit des jours,
N’est ni lamentation ni supplique,
N’est pas pour apitoyer autour.
Est moins emphatique qu’empathique :
Cette eau-là est le sang de ma vie.
Donc, sur moi, geins et gémis d’envie !
mercredi 24 avril 2024
mardi 23 avril 2024
J’ME TIRE AILLEURS
From I’m movin' on sung by Elvis Presley
written by Hank Snow
Depuis qu’j’suis connu,
J’suis très en vue,
D’tout un tas d’inconnus,
Des m’as-tu-vu
Mais moi j’fuis sans peur,
Les cons, les voyeurs
Vadrouilleurs, ces crieurs
De tout monnayeurs,
Donc, j’me tire ailleurs…
Loin d’leurs soirées coincées,
Où l’on fait qu’têter
Que des jus frelatés
Et de l’herbe assez,
J’me tire ailleurs,
Voir du meilleur,
D’ces mondanités,
On n’sort que cuité
Donc, j’me tire ailleurs,
Un tant gouailleur.
D’leurs plateaux télé,
J’en ai vraiment soupé
D’me mêler à des fêlés,
D’aller m’louper ;
Loin des railleurs,
J’me tire ailleurs
Respirer du vrai,
Et r’garder du frais
J'me tire ailleurs,
Gouailleur, railleur.
Quand on me court par trop
Sur le haricot -
« Boulot, dodo, métro »,
Cocoricos,… -
J’me tire ailleurs,
Voir du meilleur,
Si j’me fait tartir un brin
Avec Miss Bourrin
J'me tire ailleurs,
Gouailleur, railleur,…
Me dis « Casse-toi ! »,
« C’est pas pour toi ! »,
Lui dis « Casse-toi,
De sous mon toit ! »
Car ces « Casse-toi ! »
Ça laiss’ pantois,
Et bien plus, crois-moi,
Qu’d’montrer son doigt
Et me tir' ailleurs
Loin des chieurs.
J’me dis « Casse-toi ! »,
« C’est pas pour toi ! »,
Vous dis « Casse-toi,
De sous ce toit ! » ;
Tous ces « Casse-toi ! »
Ça laiss’ pantois
Et bien plus, je crois,
Qu’d’montrer son doigt.
J’me tire ailleurs
Voir du meilleur…
Gouailleur, railleur,
J’me tire ailleurs…
J’me tire ailleurs
Voir du meilleur…
lundi 22 avril 2024
dimanche 21 avril 2024
BIENVENUE À BORD
Mon enfance ne fut pas, hélas, sans nuage,
Plus en brunes d’ombres qu’aurores de vermeils,
Mais c’était lors un sage et merveilleux rivage
D’où j’appareillais pour d’illusoires soleils.
Voilà que s’approche, matin, le dernier quai,
Qu’il faut ranger les cartes et, jà, plier les voiles,
Ne plus goûter aux vents et embruns en hoquets,
Et ne plus mie calquer sa course sur l’Etoile…
J’ai vu mille horizons se pointer à ma proue
ue je n’ai pas conquis ni mis sous les verrous,
Laissé filer à ma poupe autant de tropiques…
Entre grains à bâbord, à tribord ouragans,
J’ai traversé un monde et une époque épiques.
Le voyage fut beau… à défaut d’être grand.
samedi 20 avril 2024
vendredi 19 avril 2024
MAUSSADERIE ou MOROSE LE MORAL*
À Charles Cros (1842 - 1888)
Ce siècle neuf et froid, mais de fer et de feu,
Tue, en nos cœurs meurtris, le miracle du rêve,
Décroche à nos nues grises, et le miel et la sève
De nos contes d’antan pour des propos suiffeux.
Car tous sont boute-feux quand tout est couvre feu.
Donc foin de merveilleux, et on crève sans trêve ;
Fi d’enchantement, des mythes et songes d’aïeux :
La vie nous est brève et les fées sont filles d’Eve.
Finies chimères, idées et la magie des livres ;
Enterrées utopies, illusions qui délivrent :
Le désir est manant quand le plaisir est roi.
Trophées qui affolent, butins qui vous enivrent,
Voilà ce qu’est réussir, voilà ce qu’est vivre
Au siècle de fer et de feu… mais neuf et froid.
* Sous-titre suggéré par Catherine Destrepan
jeudi 18 avril 2024
HAÏKU DE REINS, HAIKU DE RIEN
Aujourd’hui, on confond le sexe et l’amour alors que le premier dure ce qu’il peut et l’autre ce qu’on veut.
mercredi 17 avril 2024
LE TEMPS NE PASSE POINT…
D’après Le temps ne bouge point et jamais ne repose
de Jean-Baptiste Chassignet (1571 - 1635)
Le temps ne passe point et jamais ne se pose.
Il nous navre au matin, cheminant à son pas,
Pour nous dépêcher, là, sous un un ciel sans appâts,
Où nous faisons mine de ne croire la chose.
S’écoulent les saisons, qu’on lit à lèvre close,
En sentes qui sinuent, serpentes, de hauts en bâts,
L’âme blessée, l’esprit gourd, le cœur au trépas,
Sans rien qui repose ni l’espoir d’une pause.
Le printemps ne fut point inclément, loin s’en faut
Mais sa douceur, las, en maints et maints assauts
Fut plus givre glacé que rosée fraîche en sorte.
L’été n’a pas porté de beaux fruits tous les jours,
Et l’automne fut vents mauvais, comme toujours,
Car déjà l’hiver de mes jours frappe à la porte.
mardi 16 avril 2024
lundi 15 avril 2024
L’HOMME QUE T’AIMES
Il a le crin blanchi,
L’homme que t’aimes,
Et il s’est avachi,
L’homme que t’aimes.
Mais il est toujours là
Et de toi jamais las,
Lueur au fond des yeux
Et sourire en bouche,
Remerciant les cieux
Quand nos mains se touchent
Ou nos lèvres s’abouchent ;
Quand nos deux corps se couchent
Pour des sommeils profonds
Et des rêves sans fond.
Pourtant tu l’aimes
Avec son air gauchi…
Pourtant tu l’aimes
Malgré son dos fléchi…
Ainsi les heures passent
Qui tant nous carapacent,
Menant feues nos ardeurs
Sur ce qui nous reste
De chemin, sans grand heurt
Et d’un pas moins preste,
Vers le tout dernier lit
Celui qui tout délie
Sauf la douce tendresse
Qui rythme nos jours,
Malgré mes maladresses,
Qui vaut les « toujours »
Et, sans doute, un peu plus même,
Que te disait l’homme qui t’aime…
Malgré son crin blanchi,
Et son vieil air gauchi…
Malgré son dos fléchi
Et ses traits avachis…
dimanche 14 avril 2024
samedi 13 avril 2024
HAÏKU DE FART
Allez au ski rien que pour brouiller les pistes est non seulement dangereux mais irresponsable : on se retrouve vite à glisser sur une mauvaise pente !
LA JEUNE VIEILLE
« Le coeur bat là où il n’y a pas d’autrefois » J. Prévert
L’esprit déchiré d’une jamais madame,
Elle va, croquée au cœur, mordue à l’âme,
Affronter les crocs des ans, la dent des gens,
Le regard vide et noir, le pas diligent.
Pour les lèvres écumeuses, le passé trouble
D’une vieille extase compte plus triple que double.
La marche des ans et le labour du temps
Marque un corps mouvant aux lyres du vent.
Vivante parmi les mourants, elle est chimère,
Fantasme qu’on montre au doigt, fille mère :
C’est le mauvais exemple, la court vertu,
La fille perdue, la source émue vite bue.
Quand on t’a défleuri sans fard ta jeunesse
Volée, qu’on t’y a imposée la vieillesse,
Comment savourer un moment l’oeil au ciel,
Goûter le moindre instant quand le miel est fiel ?
Plus la rage de manger les jours qui passent.
Plus la force de boire les heures lasses.
Certes, elle a appris, seule et froide, à aimer
Bien plus charmes d’avril ou douceurs de mai,
Soleil de février, frimas de décembre
Ou givre en juillet et vents fous de septembre
Mais aux grands inquisiteurs, le grisonnant
Du cheveu est de jeux grisants fondement…
vendredi 12 avril 2024
jeudi 11 avril 2024
DIALOGUE HAÏKU’LLU
« Avec mon idée, ma patronne va se faire des couilles en or !
- Dommage, c’était plutôt une belle femme ! »
ÉCLIPSE TOTALE
Au lendemain du 8 avril 2024
sur une photo de M.Y. Custeau
Le jour se fait blafard au rendez-vous des astres,
Comme s'il annonçait quelque désastre en cours,
Un avenir qui va, sur l’heure, tourner court.
Notre esprit nous ramène au temps de Zoroastre :
La lumière blême, tuant un temps la clarté
Et un frisson glacé qui fend l’air, tout y est !
Une atmosphère d’apocalypse nous hante.
C’est hypnotisant la nuit à midi sonnant
Et, à défaut d’être malfaisant, dissonant.
Sont-ce prémices de prophéties effrayantes ?
mercredi 10 avril 2024
mardi 9 avril 2024
HAÏKU DE BAMBOU
J’ai demandé à mon pâtissier un gâteau pour 8 personnes.
Il m’en a vendu un pour 6 au prix d’un pour 10 !
AU LONG DU JOUR…
Au long du jour
Je cours toujours
D’un repassage au repas sage
Et puis d’un ménage à un « Mais, nage ! »
La vie m’épuise
L’envie s’épuise
Je xourds toujours
Au fil des jours
Souvent butin parfois catin
Chez les beaux teints des vieux bottins
L’envie m’épuise
Ma vie s’épuise
Au long du. jour
Au fil des jours
lundi 8 avril 2024
HAÏKU RÂLANT
Notre siècle n’a, hélas, d’estime que pour la célébrité née dans la jeunesse et de considération que pour la renommée vite acquise. Et tant pis pour pour le laborieux talent méconnu ou l’humilité industrieuse et créatrice.
dimanche 7 avril 2024
TERREURS NOCTURNES
Ainsi va ma vie, ainsi vont mes nuits…
Éprouvé par la vie et hanté par la mort,
Crépuscule qui s’éteint, aube qui s’allume
Me sont des affres hélas, pire d’un même abord :
Ils angoissent mes heures et soucient fort ma plume…
S’apeurer à chaque soir que la nuit nous dorme
Et puis s’étonner de s’éveiller au matin,
Regrettant qu’aurore allonge l’ombre de ormes
Car, à la brune, la peur reprendra du teint…
S’épouvanter que le sommeil jamais ne vienne
Mais se défier des rêves qui me tournent court,
De ces cauchemars qui, encor’, toujours, reviennent ;
S’effrayer d’un repos qui épuise le jour…
Craindre ces lits froids de solitude qui restent ;
Appréhender celui chaud des amours passant ;
Frémir, sans répit, d’une pénombre funeste ;
Redouter les veilleuses allant en faiblissant…
samedi 6 avril 2024
vendredi 5 avril 2024
EN L’ABSENCE DE TA PRÉSENCE
À Tatie, le 21 janvier 2023
Et il pleut, à tâtons,
Des fleurs de coton,
En entêtant mobile
D’heures immobiles,
Au village endormi,
Sur l’église assoupie,
Dans la nuit cécitante
Dans l’ennui de l’attente.
Tristesse ensevelie
Dans la peur de l’oubli,
D’un silence anobli
Sans risque d’embellie.
Aux veines de bitume
Du bourg en blanc costume,
Sur sa chair de béton,
Pleurent de gros chatons
De peuplier, manège
Indolent d’une neige
D’heures vite passées
Et d’un temps trépassé.
jeudi 4 avril 2024
mercredi 3 avril 2024
VOILÀ REVENUE…
Voilà revenue la cohorte des nues,
Silencieuse légion moutonnière,
Qui court les cieux à l’aurore venue,
Qui marche sur l’horizon sans bannière
Dans ses vaporeuses cuirasses nues.
Voilà revenue la cohorte des nues,
Armée disciplinée qui paît et qui broute
Pour qu’il ne repousse plus, l’azur ténu,
Jusqu’au bout de ce qui sera sa route,
Lente marche forcée, connue, continue,…
La saison, menue, nous avait prévenus…
Voilà revenue la cohorte des nues,
Qui commence le siège de la plaine,
Pour l’inonder, en assauts sans retenue,
Du bon sang du ciel qui, à coupes pleines,
Fécondera ses dons menus et grenus
Avec une bonté par tous reconnue.
Voilà revenue la cohorte des nues,
Phalange pour des terres qui par trop donnent,
Trop entretenues, devenues moins charnues,
Seule armée bienvenue, dont on pardonne,
Les excès fous ou la mauvaise tenue…
Car elle offre tout, sauf la déconvenue.
mardi 2 avril 2024
lundi 1 avril 2024
À CELUI D’ANGERS
Bienvenue à toi l’Étranger
Toi qui me serais, dit-on, un danger
Pour ma vie installée bien rangée
Que tu ne songes qu’à déranger
N’aimant rien moins qu’à tout vendanger
Bienvenue à toi l’Étranger
On ne devrait pas se mélanger
Entre gars d’ici et de Tanger
Même si ça peut nous démanger
Car tu es venu mon pain manger
Bienvenue à toi l’étranger
Ne songeant qu’à mon bien engranger
Quoique coursier de mon boulanger
Ou prêt à mes chiottes vidanger
Et ta femme mon bébé langer
Bienvenue à toi l’étranger
Posons-nous un peu pour échanger
Sur mes poiriers et tes orangers
Et nos deux cultures louanger
Et les a priori effranger
Bienvenue à toi l’étranger
On pourra pas les cons essanger
Nul ni rien ne peut las arranger
Âmes ou esprits ne voulant changer
Et, en médiocres, se revenger…
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