Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 21 octobre 2024

HAÏKU’PLEUT MENT

Un baiser volé n’est en rien un engagement pris.

LE BOUTON DE ROSE

Petite fable affable

Au vieux pays des fesses fanées,
Parfois frivole, souvent fidèle,
Rose, est une de nos fleurs modèles
De celles qui font, las, se damner.

Faite au moule, mais au moule à tarte,
Elle aimait à succomber souvent :
Qu’un Ménélas ou un joueur de cartes
Vint et elle était fille du vent
Ou, mieux, de la divine Aphrodite.
Honorer la déesse est un mérite !

Il en fallait peu pour que le bouton
De Rose vienne donc à éclore,
Et j’en sais des fats et des gloutons
Qui, pour lui, se firent mirliflores.

Mais au gré de passantes amours,
Rose ne cherchait qu’un soliflore,
Comme toutes les fleurs, de toujours,
Attendant Prince cherchant sa Laure,
Son Héloïse ou bien sa Flora…
Mais les hommes, en paille, sont des rats !

Ne juge point des filles, Pépère,
Sur ce qu’hélas, parfois, elles font
Mais bien plutôt sur qu’elles espèrent
Et que goujats sans scrupule en font !

dimanche 20 octobre 2024

HAÏKU DANS LE DOS

Rien n’est plus prévisible qu’un traître désigné… si ce n’est peut-être un héros auto-proclamé !

samedi 19 octobre 2024

HAÏKU COMME EN SANG

Le progrès nuit à la langue comme à ma réputation : je ne faisais pas autant de fautes de frappe quand j’écrivais au stylo !

LES CHAMPS FRISSONNENT…

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 10 octobre 2024

Les champs frissonnent et cloches sonnent
Dans l’aurore qui hérissonne
Jusqu’aux bois encore endormis,
Où s’accrochent les teints amis
D’un automne qui polissonne.


Jà, le jour qui, au loin, pinsonne,
Amène des brises tocsonnes ;
Sous des ciels vivants à demi,
Les champs frissonnent.


Les brumes se font mollassonnes,
Se cachent, aux breuils qui chansonnent,
Fuyant le jour qui s’affermit.
Les corbeaux crient à l’infamie.
Et, bien qu’il n’y ait, là,  personne,
Les champs frissonnent.


jeudi 17 octobre 2024

HAÏKU D’EUGÉNIE

Créer un jour chômé pour fêter le travail voilà, résumé, tout le génie français.

LA LEÇON DU LÉZARD

Petite fable affable

Quoiqu’équeuté, un beau lézard des murailles
Prou rôde ou batifole, erre et fort couraille,
Sous l’oeil mauvais d’un Jaquet empanaché
Qui s’en vint lors sa matinée lui gâcher.

« Comment peux-tu, insignifiant reptile,
Aller et venir, toujours à chahuter,
Alors que tu es gravement amputé ?

- Sauteur des cimes, moi je n’ai qu'un principe :
Toujours avancer, seul ou bien en équipe…
Et pour ça, oublier ce qui fut détruit,
Pour sauver ce qui peut l’être encor’, sans bruit ! »

mercredi 16 octobre 2024

mardi 15 octobre 2024

HAÏKU VENDEUR

Je n’ai pas l’âme d'un marchand mais j’avoue bien négocier les virages…

LA BALADE DU COURTISAN

D’après Othon de Grandson (1340-1397)

Il nous faut les Grands satisfaire
En nos temps de retour de Cours :
Servile, soumis, jusqu’à terre
 Simuler et, sans couper court,
S’abaisser fort, singer l’amour,….
Nos maîtres, sots, cuistres ô combien,
Nous veulent diligents, qu’on les flatte,
Nous les infâmes plébéiens
Qui ne méritent que coups de lattes :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

Ne pas les contredire, taire
Ce qui démange nos langues, sourds
À leur bêtise ; se défaire
De tout esprit, en basse-cour
S’ébattre au long de nos jours,…
Se faire médiocre ou moyen,
À leurs désirs ployables, moites
Girouettes, ils nous voient microbiens
Même s’ils sont bien moins que blattes :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

Jamais lassé de se contrefaire
Gourd parfois lourd, chacun accourt
Car toujours destin ordinaire
Espère sa part de velours 
S’il plaît ainsi à ces balourds
Qui ne valent détour en rien.

Je garde la crête écarlate,
Mie ne dirai à ces sanguins
Voix tremblante, échine plate :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

dimanche 13 octobre 2024

HAÏKU OPPORTUNISTE

Pour prendre les choses du bon côté attendez un retournement de situation !

LES DEUX ÂGES

Petite fable affable

Un barbon regardait un bambin
Qui batifolait prou en son bain.

« Que je te plains, Petit ! Vas, profite
Car l’enfance est pleine de dangers,
Ne vas pas, demain, te ménager ;
Et la jeunesse elle, hélas, n’évite
Point l’incertitude ni le mal.
Le destin est cruel animal
Malgré tes espoirs, ton espérance…

- Eh dis donc t’as pas fini, le Rance ?

Réplique le petiot. Je suis 
Fleur à peine éclose et toi fruit
Blet : mon sort est donc plus enviable
Que le tien et ma vie plus “vivable” :
Je serai quelque chose ou quelqu’un
Quand tu seras plus rien, vieux machin ! »

samedi 12 octobre 2024

vendredi 11 octobre 2024

HAÏKU D’ESPRIT

À force de réfléchir à tout je ne pense plus à rien !

J’AI CHANTÉ…

J’ai chanté joies d’un instant et moments de pleurs,
Chants colorés des fleurs, lamentos des douleurs,…
J’ai glané puis mis gerbe ou bien en corbeille
Le parfum des roses thé, le miel de l’abeille
Fendant la vacuité azuré de nos ciels.

J’ai aussi rimé sur des vents au goût de fiel,
Sur les flots irisés d’aubes toutes en lumière
Des hivers étouffant les feux dans les chaumières,…
J’ai rimé, aussi bien le jour qui s’enfuit
Le rire de l’enfant, la danse de la pluie,…

Mais tout cela n’est que sottises ou balivernse
Pour les esprits éteints, les étroites badernes
Qui sur leur âme et leur cœur ont mis un foulard :
La valeur de la vie ou la chaleur des arts
N’est pour eux qu'un gouffre obscur noyé par les ombres, 
Une impasse inutile, une futile pénombre…

Alors je leur chante l’herbe folle et non leur blé, 
Les bêtes allant solitaires, ou en assemblée,
Pour vivre, sages ou tourmentées, l’heure impérieuse
Des muses muselées ou des sources en veilleuse,
Où on fait taire les cœurs les plus palpitants
Soumis à la course folle de notre temps,…

J’ai mis en vers la prison des nuits les plus noires
Les reflets estompés de nos vies illusoires,…

Ma plume se fait aérienne ou bien d’airain
De sensations fugaces en sentiments sereins, 
Pour ranimer ma mémoire à en perdre haleine,
Et puiser sans fin mon encre au cœur de mes veines…

C’est labeur sans espoir, mais qu’importe de choir,
Votre bon vouloir,… : me taire serait déchoir !
Je ne plierai pas face aux cons ni aux cuistres
Dussé-je ployer encor’ dessous leur bât sinistre.

mercredi 9 octobre 2024

HAÏKU DE CLICS

Un jour, peut-être, les filles du Net finiront femmes honnêtes.

FEU LE BRASIER

Petite fable affable

Un feu de camp mourant, mais pétillant, encore
Se mire en la mare dont, ce soir, il décore
Le rives nues et où il brille d’un éclat
Rare en ces lieux perdus où ne gîte pas un rat.
Soudain, hélas, un vent de vanité l’attise :

« Me voilà réchauffant jusqu’à la forte brise…
Que je suis fort et que je suis grand, Mon Dieu !
J’éclaire plus que la lune pendue aux cieux ;
Mon éclat rougeoyant éclipse les étoiles ;
J’éblouis la nuit dont je vainc le sombre voile,…  »

Alors qu’il grésillait ces bons mots, il s'éteint
Sans avoir compris, lui, comme hélas, maints pantins
Que la moindre lueur d’une bonne fortune
Rend important un fat qui, très vite, importune.

lundi 7 octobre 2024

HAÏKU PROVERBIAL

Ce qui me dégoûte déborde de vase !

UNE ÉTOILE NUE & FRIVOLE…

Une étoile nue et frivole
Fait de l’œil au noir de la nuit
Pour retenir la lune enfuie,
En clignant comme une luciole.

Il me semble qu’elle fait école :
Peut-être percluse d’ennui,
Une étoile nue et frivole
Lui répond au vent qui s’enfuit
D’un clin d’œil comme qui rigole.

Alors qu’a passé la mi-nuit,
Les clous d’or au ciel, sans nul bruit,
Amusent, avec le fol Éole,
Une étoile nue et frivole.

samedi 5 octobre 2024

HAÏKU L’ÉTAL

Mûrir c’est mourir sous peu !

LE MEILLEUR NID

Petite fable affable

Dame rouge-gorge est moquée par une pie :
« À quoi bon bâtir nid si frêle,
Si bas que sans chercher querelle,
Le premier chat venu par jeu ou par dépit
En fera charpie, pauvre brêle !

- Et à quoi bon nicher si haut, Dame l’Aigrie ?
Dit l’autre. La première brise
Te mettra à bas car la prise
Est bonne en ces hauteurs. C’est, sûr !, foldinguerie.
Vaine, hélas, est ton entreprise ! »

Une chouette en son trou, ne dormant que d’un œil,
Fit : « Une chose vous échappe
En tout seul le milieu seul vaut, blattes :
Vous avez toutes deux choisi votre cercueil ! »
Lors, sur son tronc la cognée frappe…

vendredi 4 octobre 2024

jeudi 3 octobre 2024

HAÏKU PEU PAS PIER

Il paraît que je ne serais pas « à la page »… C’est faux, je ne suis simplement pas sur le bon livre !

RÉVEIL, FIN DE VEILLE

La nuit tait enfin ses mensonges…
Ses rêves creux et ses beaux songes.


Avec les étoiles, ils ont fuit
Car l’aube pressée les détruit
D’un rai de lumière céleste
Aux ors véloces, aux ambres prestes,…
Ont-il aux nues un paradis
Pour y enfouir tous leurs non-dits ?

Le jour déjà fourbit ses armes
Dans cette aurore de charme
Qui ôte au vent frais son bâillon,
Remet à nos sens leurs haillons.
Notre vie redevient sonore,
Lumière crue qui tout dévore.

Le jour, encore à claire-voie,
Donne à nos heures de la voix.
Le silence se perd dans les ombres
Mourantes, ces tristes décombres
D’une nuitée dont se souvient
Quelque recoin. Mais circonvient
La lueur d’un matin qui les somme
De se rendre, ici ; là, les gomme.

Potron-minet est bien charmant
Aux rimailleurs et aux amants.
Pour moi c’est le début des proses
Quotidiennes qui, las, sclérosent
Mon art vain. Je lui dis adieu
Tant le rebute l’azur des cieux…

La nuit tait enfin ses mensonges
Ne laissant qu’orbes de ses songes…

mardi 1 octobre 2024

HAÏKU COMPTANT POUR RIEN

Depuis des millénaires, l’homme « moderne » a cherché à faire d’un rien un tout ; aujourd’hui, aboutissement ultime du progrès, il veut faire l’inverse !

LE BERGER & LE LOUP

Petite fable affable

Quand les oies, que les frimas par trop piquent,
Déchirent le ciel d’un trait en pointillés
Et, pour de plus hospitaliers tropiques
Vont en notes de musique en volées
Emportées, un berger des plus modestes
Prit un loup gris dans son décor agreste.

L’homme déclara coupable Lupin
Qui crie tout aussitôt à l’injustice :
« Tu es juge et partie, fils de taupin !…
Comment peux-tu me condamner, Jocrisse ?
Toi qui manges à chacun de tes repas
Une viande que tu mènes au trépas !

- Mais c’est ainsi que va notre Justice,
Ysengrin. Et, je le crois et le crains,
Quoi que t’en disent annales et notices :
Les pires égorgeurs et malandrins,
De tous temps, pendent vils et bestioles
Qui, eux, toujours par besoin, tuent ou volent ! »

dimanche 29 septembre 2024

HAÏKU DES AUTRES

Si vous croyez mon palais exigeant attendez de découvrir celui des Princes !

LE VIEUX COQUET & SA GUENON

Petite fable affable d’après Marc-Antoine 
Jacques Rochon de Chabannes (1730-1800)

Fier de lui-même, être qui, seul, le fascine,
Un nobliau d’antan plus près de manger
Les fleurs de pissenlits par la racine
Que de l’âge où on effeuille, sans danger
 La marguerite avait une crapoussine
Guenon qui aimait, hélas, à le singer.

Elle se fardait donc comme son maître
Se perruquait, s’attifait d’une façon
Semblable et aimait, comme lui, à paraître,
Parader et manger comme un voraçon.
Aussi fermait-on toujours portes et fenêtres
Quand il recevait ses pairs ou ses maçons.

Un soir qu’il y avait fête en la demeure,
La prison bien close où vivait l’animal
S’ouvre. Vite, à le voir les convives pleurent
De rire - c’est chez ces gens biens, fort normal ! -
Tournant leur hôte en ridicule… et sans leurre.

On ne plaint guère les maux des orgueilleux ;
On s’en gausse, hélas toujours, à qui mieux mieux !

samedi 28 septembre 2024

vendredi 27 septembre 2024

HAÏKU DIT

Il est des réflexions faites qui sont de la pensée défaite !

RESSOURCÉ… ET COMMENT !

Le soleil éclaire chaleureusement 
Des jours qui vont au pas malheureusement

La pluie de printemps lave tout doucement 
Ces soucis qui las m’étreignent lâchement

La lune en talisman veille tendrement 
Sur mes nuits qui vont au trot traîtreusement

La brise d’été apporte l’apaisement
À mes peines qui vont sans fléchissement

mercredi 25 septembre 2024

HAÏKU PIÉCOLLÉ

Pourquoi veut-on, pour se démarquer d’autrui, copier les gens originaux ?

L’OURSON & SA MÈRE

Petite fable affable

Dans une aurore avare, un ourson gourmand
Saccage une ruche comme un dément.
« Halte, goinfre ! Fit, alertée, sa mère

- Mais c’est si bon, répliqua le sommaire,
Et pour elles si peu… Elles en font
Tant !… Qu’importe que je leur soit siphon.

- Un simple coup de patte dans leur niche
D’ors, même si cela te paraît chiche,
Devrait te suffire, Goulu. Vois-tu
L’abeille vit quarante jours où, en têtue,
Voyant mille fleurs elle va produire
Moins d’une cuillère à soupe de miel.
Alors, en pillard il ne faut se conduire
Sinon nous n’aurons plus ce don du ciel !
Prends-en un peu et en demain espère…
N’oublie mie que ce qui pour nous, prospères
Collecteurs que biens des autres on envie,
Est parfois l’œuvre de toute une vie ! »

lundi 23 septembre 2024

NOBLE HAÏKU

Il est contes difficiles à croire. Mais le sont plus encore ducs, barons ou marquis !

OBSCURITÉ

La nuit noire noie mes jours
Dans cet infernal séjour
Où gémir, ou geindre, est inutile
Et où pleurer n’est que plus futile
Encor’. je reste debout
Flétri, meurtri et à bout
Mais droit et dévoré la colère
Malgré ces ombres tentaculaires,
Les ténèbres de la Mort.
Car je sais que tel est mon sort…
Et c’est le seul destin qui se partage.

Blessés par le bât de l'âge,
Soyons et restons sans peur.
Ni soumission. Ni torpeur.
Affrontons sans crainte la pénombre
Des temps qui viennent et sont bien plus sombres
Que la nuit noire de nos jours
Où se noie notre séjour ;
Y gemir, en geindre est inutile
Et pleurer n’est, las, que plus futile
Alors restons tous debout
Même meurtri, même à bout.

samedi 21 septembre 2024

VIEIL HAÏKU

En grandissant, l’homme mûrit. Même celui qui, dès l’enfance, est gâté-pourri ?!

LES ROSES DE VENUS

Petite fable affable d’après De la Rose
de Clément Marot (vers 1496-1544)

Au pays de Cythère, Aphrodite courait
En son jardin d’amour parmi les blanches
Roses où l'on dédie à l’aimée, l’enamouré
Qui sait pour qui, lors, il penche ou il flanche.

 L’Adonis qui occupait les pensées
Vénusiennes du moment, sans ambages
Ni vergogne, poursuit en insensé
Notre divine qui, c’est de son âge,
Aime les cours toujours recommencées,
Ardentes. Non les marivaudages.

Or, soudain, les pétales immaculés
Rougirent, l’éphébe heurtant une épine.
La Belle, émue, s’abandonne, acculée
Par tant de fougue comme on le devine…

Comme quoi, souffrir un petit malheur
Peut faire naître un éternel bonheur !

jeudi 19 septembre 2024

COUCOU DE L’HAÏKU CON

Femme au cons plaisant n'a pas toujours, hélas, d'époux complaisant.

OUVRE-FEU

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau (12 mai 2023)

Renaît une aurore fraîche de rosée…
Et les ombres s’émient, ainsi arrosées,
De lumière dorées, ors bénis de larmes,
Donnant à l’infini un tout nouveau charme…

Le jour va fleurir le temps qui vient à nous
Comme un enfant qui ne craint pas pour ses genoux,
Dans la bonne humeur d’une brise printanière
Qui fait sortir les verts cachés en tanière
Par un hiver qui désormais s’oublie ;
Sali, quoiqu’anobli, il avait faibli !

L’azur désentoile le ciel de lit sombre
Que le baldaquin des nuits, tout de pénombres,
Avait jeté sur la plaine et sur les bois
Et ouvre le rideau de cette aube aux abois…



mardi 17 septembre 2024

HAÏKU CAPILLAIRE DE RIEN

Certains frisent le ridicule, moi je m’en fais des anglaises !

L’INSIGNE

Petite fable affable

Sire Renard vivait retiré, en ermite.
Raseur parmi les siens, il devint un vrai mythe
Chez les autres bêtes dont la mémoire, hélas,
Est un palimpseste : on le disait l’égal de Pallas !

Messire Furet trouva chez lui un refuge,
Victime de son succès. Sans nul subterfuge.
Il était vraiment fat, jouait les cuistres barbants
Depuis qu’on avait honoré d’un beau ruban
Sa médiocrité. Ainsi, arborait-il une suffisance
Aigrie, somme de toutes ses insuffisances.
« Quitte donc ta décoration, jeune pédant !
Fit l’anachorète. En as-tu besoin dedans
Mon terrier où entre nous, seulement, nous sommes ?

- Quoi ?… Elle est ma dignité, me fait  gentilhomme
Parmi les rustres, me dit Grand parmi les nains !
Tous ces nabots qui, las, m’ont pris depuis pour cible.

- C’est parce que, sans offense, tu es risible :
Force médailles, hélas, sont obtenues pour prix
Du Mal. Le Bien, pour qui on affecte mépris
Car se serait que faiblesse, et le Bon, bien pire
Encore aux yeux des sots qui vivent sous l’empire
De la bêtise, se font mais ne se disent point
Ou ne se voient guère : l’orgueil en embonpoint
Révulse toute bonne conscience et toute âme.
Certes parfois ça fait mal mais c'est pas un drame :
Rester incompris ou inconnu ne diminue
Mérite ou talent que chez les génies ingénues ! »

dimanche 15 septembre 2024

HAÏKU POUR LA ROUTE

Le chemin n’est pas si poétique que ça de notre premier verre à notre dernier ver !

TRISTESSE

Je perds, peu à peu, ma vigueur et ma joie
Et me quittent des amis parfois.
Aucun espoir, dans mon lointain, ne rougoie
En plus rien, hélas, je n’ai foi.

Quand on vit dans un monde bourgeois
Plus crétin que celui des villageois,
Vite on dépare : souventesfois,
Idée ou talent est feu grégeois
Traqué sans merci, en rabat-joie,
Comme au temps des croisades et des montjoies.

Aussi, me fuient mes forces et ma joie ;
Je résiste toutefois.
Si nul espoir, dans mon lointain, ne rougoie,
J’avance tout-à-la-fois.

samedi 14 septembre 2024

HAÏKU À LA UNE

Dans les journaux un bon sujet peut bénéficier d’un mauvais traitement alors que parmi les journalistes, souvent, un mauvais sujet aspire à un bon traitement !

vendredi 13 septembre 2024

HAÏKU SUR LA TÊTE

Le monde est vieux mais il ne sera jamais assez grand pour moi.

LES DEUX PRÉTENDANTS

Petite fable affable

Un noir bousier se voulait né noble.
Et mieux, le plus grand de ce vignoble
Où Messire, alors, daignait gîter
Et paraitre sans plus s’agiter.

Verte, une mante lui conteste
Ce bon droit-là. Hélas, en attestent
Les cadavres de mille animaux
Qui balisent, sans bien plus de mots,
Entre les ceps, sous rameau et vrilles
La route qu’elle fait sienne ici, 
Dès que le point du jour au loin brille,
Sans que ça la peine ou la soucie.

Un beau matin d’été se rencontrent
Ces petites bestioles qui font montre
De prétendre, toutes deux, haut, fort,
Aux mêmes titre, rôle et confort.

C’était fatal. Et ce fut rapide,
Même aux dires des plus intrépides.
Car que croyez-vous donc qu’il advint,
Aux vignes, entre la vile et le vain ?
Comme prétend dicton de naguère :
Qui attend qu’advienne son destin
Sans en faire plus, ne pèse guère
Face à celui qui suit son instinct.

mercredi 11 septembre 2024

HAÏKU DE L’ÉTRIER

Si je ne baisse jamais les bras c’est pour mieux lever le coude !

CONCOURS DE BOMBARDONS

Finie la sinistrose :
Le printemps nous est dons,
Plaisirs et abandon…

Tout au cœur d’une rose,
Un frétillant bedon,
Fredonne un gros bourdon.
En vers et même en prose.

Car il lui fait sa cour
Allant certes au plus court
Et puis s’en va, morose,
Quand un autre, las, accourt
Serments, beaux discours,
Et de mots doux l’arrose…

mardi 10 septembre 2024

lundi 9 septembre 2024

HAÏKU AU NET

Une femme honnête et un honnête homme ne peuvent vivre en une maison… mais dans une maisonnette !

LA PIE & LE RENARD

Petite fable affable

En voulant renouveler la fable
Du lièvre et de la tortue,
Une pie moins rouée que têtue
À quelque vieux renard affable
Proposa une petite course
Jusqu’au point naissant d’une source.

Bien qu’il ne fût point sûr du coup
Il accepta cette gageure
Que Dame l’Agasse, par pure
Vantardise, voit jà gagnée :
Le but choisi est éloigné !
Notre pie prend donc son envol.

Lors, le Maître Goupil lui happe
La queue et, puis, ensuite, en lappe
Le restant, du corps jusqu’au col,
Bien plus vite que ne le pense
Qui a moins d’esprit que de panse.

Qui, las, vous défie de voler
Vous croyant tout camisolé,
Finira toujours rissolé
Quelque idée, il ait fignolé.

dimanche 8 septembre 2024

samedi 7 septembre 2024

HAÏKU DE SIFFLET

Au train où vont les choses, on ne peut trouver le bonheur que dans l’égard.

SONNET SHAKESPEARIEN… OU PRESQUE

La vie ne nous traite pas toujours en amis
Et nos amours, jadis, nées d’un maigre étincelle
Durent malgré le peu qu’elles ont en escarcelle.

Ni les moires ni Dieu ne font qu’elles chancellent,
Rien ne les érode, ne les a abattu
Ou ne les bouscule, pas même un vent têtu,
Du piédestal où le bon de nos cœurs les scelle.

Aucun marbre antique n’est indemne, ma mie
Et nul monument ne résiste au temps qui passe,
Aussi puissant soit-il, pour faire de la place
Aux nouvelles beautés comme aux neuves académies.

Pourtant la Mort même, je sais, ne pourra mie
Séparer nos deux âmes qui ont même paroisse
Et tremblent, à se désunir, d'une même angoisse.

jeudi 5 septembre 2024

HAÏKU ASSASSIN

On passe sa vie à tuer le temps… mais c’est toujours lui qui nous a en fin de compte !

AU TEMPS DES FLEURS

Petite fabl affable

L’Eden en était donc à son premier printemps
Et, las, on s’ y emmerdait ferme à tout instant :
Pensez : un endroit où, tous les jours, ne rien faire
Est la plus pressante de toutes vos affaires !

Or, aux premières chaleurs, Eve constata
Que la pelouse, au matin, perlait, ça et là,
De rosée et qu’Adam, devenait, à l’aurore,
Un peu plus dur de la feuille. Et lui, plus encore,
Avait bien commencé à sentir que la sève
Montait dans la branche. Il en parla à son Eve.

Les deux locataires d’un Paradis perdu
On ne sait où, pour changer, auraient lors voulu
Savoir le pourquoi et le comment de ces choses ;
’Faut s’occuper un peu dans le parfum des roses !

À force de tâtonnements, incidemment
Adam vit un fruit défendu qui, sûrement,
Ne l’était pas tant que ça. Leur Pater, austère,
Quoiqu’à cheval sur la vertu régnant sur Terre
L’avait caché sous un buisson par trop ardent.
Il y croqua, je l’ose dire, à pleines dents.

Le Barbu, qu’a tout vu, ne put en faire plus.
Il s’émut de ces ébats d’en bas qui l’excluent.
Il se condamna à mater les jeux de mômes
Qu’Il n’avait pas encor' poussé à bâtir Rome.
Fâché, outré, révolté, le Dieu d’Amour chasse
De son jardin ceux qu’il avait faits. C’est la classe !

Et depuis on est embrenné, sans faim ni fin,
Parce que deux puceaux, vivant nus, n’ont pas feint
D’ignorer charme et beautés de l’œuvre divine,
D’honorer un absolu qu’hélas on devine,
À loisir, dans une vie passée à  gésir,
À vivre jours de désirs et nuits sans plaisir.

Tout ça car au Paradis l’Ennui fit le Vice
Et que Dieu, impuissant et jaloux de service,
En rougit et rugit, il n’est las qu'interdits
Et non-dit qui tentent, les âmes dégourdies !

mercredi 4 septembre 2024

mardi 3 septembre 2024

HAÏKU DE BANDE PASSANTE

À quoi ça sert d’avoir une bonne connexion si c’est pour n’avoir que des mauvaises nouvelles !

ON NE SE REFAIT PAS…

surtout que maladroit comme je suis, je pourrai me rater !

Oc, bien sûr, j’aurais aimé « être »
Plus que je n'ai, hélas, été ;
Mais je détestais le paraître
Et sais éphémère l’été.

J’aurais dû me choisir un maître
Et, là, dans son ombre, guetter
L’approbation qui vous fait naître
À un destin à trompéter.

J’aurais pu faire gourou, prêtre,
Offrir le feu tel Prométhée,…
À quoi bon : le temps se fait traître
Et la Vie se noie au Léthé…

dimanche 1 septembre 2024

HAÏKU VIF

Vivre avec un être intelligent peut être dangereux mais le faire avec un sot est souvent périlleux.

LE PRIX DU MÉPRIS

Petite fable affable

Matin, un paon parada dans la cour.
À le voir si beau la poulaille accourt,
Le compare au coq qui, las, se renfrogne
Malgré sa superbe et fait, lors, la trogne
Pour aussitôt faire à ce fat-là front :
Il n’est pour lui qu’avanies et affront.

L’adoration pour l’emplumé fut telle
Que l’Oiseau de Junon eut clientèle
Parmi les volatiles : on proposa
Que l’arrogant l’autre l'encrêté remplace.
Et on fit plus vite qu’on n’en causa.
Exit Maître coq ; Pimpant prit sa place.

On adulait jusqu’au dédain ce paon
Et, las, il s’exerçait à bien des dépens :
Mais sa Majesté avait trop de morgue
Pour jaser à l’aube avec le Soleil
Qui préférait retourner à son sommeil
 Plutôt qu’ouïr le son creux de son orgue.

Travail désorganisé, volaille inerte,…
Notre basse-cour courut à sa perte,
Surtout que le Roi fraîchement élu
Se refusait à offrir quelque vertige
Aux cocottes qui tant l’avaient voulu ;
Trop fier pour honorer ces callipyges !

On l'exila, revint le roi légitime
Qui lui asséna cette vérité :
« Poseur, on n’est que la victime
De soi et, surtout, de sa vanité ! »

samedi 31 août 2024

ON PREND LE MÊME… ET ON CONTINUE !

Cassé
Et prêt à abandonner
Ce, quoi qu’on m’ait ordonné
De ces bureaux bedonnés…

Lassé,
D’avoir toujours trop donné,
Classé ou coordonné,
À l'excellence, adonné ;

Brassées
De cours cent fois redonnés,
Bourdonnés ou fredonnés…
Et encor' tout pardonner.

Assez
De ces notes bidonnées,
D’être à cons subordonné,
De se faire dindonner !

vendredi 30 août 2024

L’ORIENT DU LEVANT

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 29 août 2024

Soudain paraissait l’Astre. Impérial dans le feu
De sa renaissance. Il fait saigner les entrailles
Du ciel qui accouche un garance camaïeu
De lueurs cochenille au nues qui se vitraillent.

Son cœur d’ambre et d’ors aux yeux éblouis éclate.
En manteau encens, Sa Majesté paradait,
Paressait sous l a sève rubis de son dais,
Imposant aux noirs déchus son règne écarlate.

Aussi les plumets des roseaux font le dos rond
Pour la saluer sur son souverain passage ;
Dans les ombres pourpres, c’est tout un escadron
D’oiseaux qui lui trillent, en rondeaux, d’humbles messages.

Sans leur jeter un oeil, l’auguste éclat du jour
Glane ses lauriers au faîte des futaies hautes ;
Par-dessus des embruns de brume, va toujours,
Aveuglant les prés, le char d’Apollon, notre hôte…



jeudi 29 août 2024

CRÉPUSCULE MAJUSCULE

Le jour qui se lasse,
Lentement, s’enfuit ;
L’ombre se prélasse
Amenant l’ennui.
La pénombre éclose
Offre apothéose
Aux cent bruits des choses
Qui hantent nos nuits.

L’oiseau qui chasse,
L’insecte qui bruit,
La bête follasse,…
Chacun est réduit
À métamorphose
Aux lueurs forcloses :
Ni pose ni prose
Quand on oit autrui…

Si la peur vous glace,
Ce monde et ses fruits
Appelant l'audace,
Comme sous la pluie
Vous ferons, morose,
Souffrir la psychose,
Perdre envie de glose,…
Ce n’est pas fortuit.


Le noir est paroisse
Que Diable produit
Où la Faux, coriace,
Frappe qui, minuit
Sonnant, encore ose
Y vivre en osmose,
Sans craindre névrose,
À ses tons de suie.