Quand j’étais enfant, besogneux, solitaire,
Ma vie n’avait que deux saisons sur la Terre ;
L’une, hélas, était, pourquoi donc vous le taire,
Un été sec d’ennui et désert de cours
Pour étancher, par l’écrit ou le discours,
Ma toujours insatiable soif d’apprendre,
Mon envie de fruits à sentir ou à prendre.
Ce beau temps, complot ourdi contre l’esprit
Que je redoutais, ne méritait que mépris.
Quand j’étais enfant, silencieux, sédentaire,
Ma vie n’avait que deux saisons sur la Terre ;
L’autre, je la trouvais bien plus salutaire :
Le temps de l’école ! Pris en un cocon
Où s’évadait mon esprit curieux, fécond,
Vers d’autres horizons, vers le vaste monde
Un oeil toujours rivé sur la mappemonde :
Ses mystères et trésors valaient qu’or !…
Même si mes pairs n’étaient, lors, pas d’accord,
Donc, enfant j’espérais que l’été s’enterre
Pour faire germer cette brume au parterre
Qui lèverait le voile sur un nouvel inventaire
De beautés à savoir et que lèvent au sol,
Jonché de feuilles, pour renaître sans dol,
Des ombres qui m’annonçaient quelques nouvelles
Lumières, des moissons riches en javelles
De connaissances et au ciel de froides pluies
Qui me feraient, là, revenir à la vie…
Quand j’étais enfant, besogneux, solitaire,
Ma vie n’avait que deux saisons sur la Terre,
Et graine d’ortie dans vos champs, libertaire,
Me convenait mieux celle qui déplaisait,
Effrayant l’hirondelle des alizés
Et le martinet prêts alors à partir, lâches,
Pour un meilleur ailleurs, sans froid et sans tâche,
Vers ce Sud qui aux murs mettait des couleurs,
Qui ne fut jamais mien,… s’il était le leur.