Je ne m’efface pas devant un gommeux !
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
mardi 30 septembre 2014
lundi 29 septembre 2014
LA FORCE DES CHOSES
Petite fable affable
“Un héron au long bec emmanché d’un long cou”*
Se tient planté, droit comme un « i », les pattes
Prises par le gel qui a, malheur, tout-à-coup
Embastillé l’onde, en a fait une boite
Dans laquelle tourne, et retourne, le fretin
Que n’effraie plus notre prédateur si hautain.
Figé comme statue, bêta cloué sur place,
Le Héron regarde s’enhardir le poisson
Qui va et qui vient, protégé par la glace,
Taquinant son pied, chatouillant sans façon
Ses griffes inertes. Cet affût, sans fin, dure
Autant que les affronts poissards qu’il endure.
Le froid, qui plus est, hélas, transit ses os.
Pour l’heure, c’est lui seul que son bon bec gobe ;
Ce froid, lourd et las, qui a saisi ses eaux.
Et les écaillés, rassurés, le snobent
Faisant chatoyer au soleil leurs couleurs,
Ne craignant de cet oiseau mort ni heurts.
Et le temps passe ainsi, mais le soleil qui brille
Élime et lime le miroir verglacé
Sous lequel, prenant un fort mauvais pli, frétillent
Vasards et vaseux qui, sans tant s’angoisser
Pour une impunité pourtant précaire, briment
Le bel échassier qui pourtant ne déprime.
Le taquiner devint un tic mais le climat
Radoucit et l’usage inoffensif d’offenses
Et d’avanies contre qui, avant les frimas,
Frimait s’acheva en un carnage dans l’anse.
L’habitude est, qu’on soit un sage ou un branleur,
Mère d’imprudence et conduit au malheur.
* Jean de La Fontaine, Le Héron, Fable VII, 4.
dimanche 28 septembre 2014
HAÏKU RAIE DU NORD
Si certains ne savent pas ou plus ce qu’ils disent,
je dis toujours ce que je sais… et même le reste !
samedi 27 septembre 2014
HAÏKU LOMBIE
Je suis toujours désolé d’apprendre qu’un être
qui m’est cher ne vaut, en fait, pas grand chose.
EN BLANC
Face à ce Mont-Blanc
Où, sans faux-semblant,
La Mort va doublant
Les nues de fer blanc,
Je vais en meublant
De mots tout tremblants
Le vide accablant,
Mal me rassemblant.
Sans faire semblant,
Me voilà tout blanc.
C’est bien troublant ;
Pas très ressemblant
Parmi les culs-blancs
Où, sans faux-semblant,
La Mort redoublant
Porte l’âme au blanc.
vendredi 26 septembre 2014
HAÏKU’PÉ AU MONTAGE
Je connais trop de dessinateurs de B.D.
qui coincent la bulle ou à qui il manque une case.
jeudi 25 septembre 2014
MISE EN BOÎTE
Petite fable affable
Toute génération compte en son sein
Sa ration d’imbéciles malsains.
La mienne semble avoir un nombre
Tel de ces doux êtres que, sans l’ombre
D’un doute, ceux prévus pour demain
Paraissent arrivés en avance.
Une fable apporte, en un tournemain,
L’humble preuve de ce que j’avance
Devant un de ces clubs à la mode,
Deux gros vigiles et leur chien
Veillent au grain, cerbères commodes
Pour circonvenir le plébéien
Qui se veut, au soir, patricien.
Soudain, sort du lieu un convive
Qui, sans un mot, mire sous la queue
Du clébard toujours sur le qui-vive.
Mécontent, il retourne aux aqueux
Cocktails du dedans, le mot visqueux.
Nos deux videurs restent sans mot dire,
Interloqués par cette sortie :
C’est l’entrée qu’il faut interdire !
Un autre fêtard, genre inverti,
Vint à son tour, qui put le prédire ?,
Soulever aussi, sans rien dire,
Le panache au toutou. Il repartit,
Marmonnant son dépit sans tendresse.
Nos deux portiers, quoiqu’abêtis
S’interrogeaient, tout à leur détresse,
Sur ce tout nouveau jeu d’abrutis
Dont leur clébard, simple enjeu, pâtit ?
Quand, hélas un autre joyeux drille
Vint pour admirer le fondement
Du cabot, dans ambages, un gorille
Lui fit : « Pourquoi ce comportement ?
- Le barman affirme vertement
- Que, juste devant la boîte, on trouve
Un chien avec deux trous du cul.
Donc, je suis venu voir. Et queue-d’louve ! »
Surpris, les deux gars, pas convaincus
À leur tour, regardèrent, corneculs,
L’académie de leur gentil fauve
Sans rien trouver qui, du banal, sauve !
Je crois, idée chez moi arrêtée,
Qu’il est des Hommes tellement bêtes
Que l’on a raison de les traiter
Sans plus de courtoisie ni courbettes,
Comme les animaux qu’ils sont :
Tout juste bons à bouffer du son !
S’interrogeaient, tout à leur détresse,
Sur ce tout nouveau jeu d’abrutis
Dont leur clébard, simple enjeu, pâtit ?
Quand, hélas un autre joyeux drille
Vint pour admirer le fondement
Du cabot, dans ambages, un gorille
Lui fit : « Pourquoi ce comportement ?
- Le barman affirme vertement
- Que, juste devant la boîte, on trouve
Un chien avec deux trous du cul.
Donc, je suis venu voir. Et queue-d’louve ! »
Surpris, les deux gars, pas convaincus
À leur tour, regardèrent, corneculs,
L’académie de leur gentil fauve
Sans rien trouver qui, du banal, sauve !
Je crois, idée chez moi arrêtée,
Qu’il est des Hommes tellement bêtes
Que l’on a raison de les traiter
Sans plus de courtoisie ni courbettes,
Comme les animaux qu’ils sont :
Tout juste bons à bouffer du son !
mercredi 24 septembre 2014
mardi 23 septembre 2014
HAÏKU PRESQUE FRANC
« À être trop têtu, on peut finir buté* ! »
* Il semblerait que ce jeu de mots innocent, qui ne vise personne en particulier (j'ai eu un commentaire acerbe et une vaine querelle à son sujet… surtout lié à son titre) que je croyais “original”, se trouve aussi être une réplique de « la version abrégée des Chevaliers du Zodiaque » disponible sur Internet. Désolé de constater que parfois, les giocci di parole érigés en aphorismes par simple humour puissent froisser… et plus encore avoir déjà été faits par d'autres. Mais j'ai désormais rendu à César ce qui est à Jules…
QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ
Après Moye (74), Le Déluge (60) ?
Peut-on ériger Monacu (80) en « prinzizipauté » ?
Peut-on jumeler Monteton (47) avec Seyssins (38) ?
Va-t-on souvent respirer le bon air de Notre Dame du Pé (72) ?
Doit-on avoir peur de Rambaud (05) ?
En France, on aime tellement la fête qu’on a deux Réveillon (51 & 61) ?
Rue (80) n’en compte-t-elle qu’une ?
Les cons prient-ils Sainte Verge (79) ?
Répugne-t-on au X à Seyssuel (38) ?
Était-on bien à Tendu (36) ?
lundi 22 septembre 2014
dimanche 21 septembre 2014
UN GIBIER DE MONFAUCON ?
Petite fable affable
J’ai souvenance d’un espiègle,
Un pèlerin à plaindre, pauvret :
Ce faucon, qui en était un vrai,
Se voulait, et donc se pensait, aigle.
Tout ce qui brille était en or
À ses yeux, et le grand tort
De tous les Dieux fut d’omettre
Qu’il était “Grand“, de ne pas mettre
Plus en avant sa vie, lui
Dont même la plume luit…
Aussi ce veule, aux façons viles,
Mettait-il en scène sa mort,
Souvent, non sans quelque remords
Feint, de façon bien trop civile,
Quand on allait, vite, quérir
Des nouvelles ou le guérir,…
Ô combien de lassitudes
Naquirent de cette attitude !
Ainsi sous les feux de la rampe,
Seul centre de l’attention
De toutes les attentions,
Un bobo, une simple crampe
Devenaient ou blessure ou bris,
Ticket pour son ultime abri.
Sans la moindre déférence,
Il vous mettait à la souffrance !
Dol, mea culpa, pleurs et peine
Lui coûtaient peu et touchaient prou :
Qu’on le blâme, ou tout en courroux,
Le tance, et c’était pluie pleine :
Il voulait périr au plus tôt,
Refermant sur vous son étau.
Il usait fort bien de cette arme
Que sont les plus sincères larmes !
Il finit dans la solitude :
L’inquiétude et la douleur
Ayant rongé, tout à leur heur,
Les siens, sans promptitude.
Son mal-être sans écho fit
Son paraître sans effet. Fi !
Le faucon se remit à geindre :
Il n’avait âme pour le plaindre !
samedi 20 septembre 2014
HAÏKU S’TOMISÉ
On parle plus volontiers de l’argent qu’on n’a pas - ou plus -
que de celui que l’on cache - en cash ? - ou possède.
vendredi 19 septembre 2014
À CAMILLE
Un bateau, en papier plié, s’est échoué
Sur les rivages secs de mon vieux rimage,
Pleine d’humble talent malgré son jeune âge.
Venait-il y chercher un port ? Une bouée ?
Il n’avait pour mâts que des crayons, mais fort doués,
Une proue de pinceaux et, du meilleur trempage,
Des voiles aux couleurs feuillage ou coquillage,
Une coque de traits qu’on ne pouvait que louer,…
Depuis un an, je vogue avec cet équipage
Discret et sensible, en rien dialecticien,
Qui, nourri de mes vers, m’en propose une image
Enchantant ces pages d’un dessein magicien.
Il est bien normal que ce blog lui rende hommage,
Ce blog qui, désormais, est un peu le sien.
Autoportrait de Camille Lesterle, avril 2016
jeudi 18 septembre 2014
mercredi 17 septembre 2014
LE CHASSEUR SACHANT CHASSER…
Petite fable affable
Hier, ouverture de la chasse,
Le sport des crétins, en général.
À les voir parader, je n’ai pas le moral
De fait, cette fable aussi, s’en passe
Et me montrera sous le jour fort bougon.
Plutôt qu’un vulgaire épagneul ou un braque,
Un viandard se choisit, las, pour second,
Un chien policier car, c’est pas des craques,
Il a de l’ambition. Pas le chien,
L’homme, un de ces malfaisants qui, ce jour, traque
Un faisan lâché la veille qui, bien
Sûr, ne courait ni ne volait assez vite.
Notre oiseau est levé, le fusil aussi
Mais le chien à la fête s’invite,
Se retournant contre son maître. Voici
Pourquoi : dressé à protéger d’innocentes
Victimes, son instinct resté des plus sains,
Lui a fait s’en prendre à ce sombre assassin.
Destin sois donc cruel à ces fantassins !
mardi 16 septembre 2014
lundi 15 septembre 2014
COINS DE RUE
À chaque coin de rue
Se trouve une autre rue,
Où se traînent, se ruent
Inconnus incongrus,
Des ventrus, des bourrus,
Et même quelque grue
Qui, à peine apparus,
Ont déjà disparu
Du trottoir, ces verrues !
À chaque coin de rue
Se trouve une autre rue
Au calme ou bien en crue,
Où brus et malotrus
Côtoient des intrus
Ou de vieilles morues
Au corps las et recru
Et au cœur cru et dru,
À la portion congrue.
À chaque coin de rue
Se trouve une autre rue
À peine parcourue,
Où quelques fois parut,
En costard blanc écru,
Un passant membru,
Militaire recrue,
Aimant, en fin féru,
Les pavés peu courus.
Mâle coquecigrue !
À chaque coin de rue
Se trouve une autre rue…
dimanche 14 septembre 2014
samedi 13 septembre 2014
L’ÉPI & LE COQUELICOT
Petite fable affable
Un épi de blé dodeline
De la tête, fort mécontent :
En robe d’un rouge éclatant,
Une fleur, petite orpheline ,
S’est invitée, là, dans son champ,
Celui où les siens se serrent.
Il l’interpelle, l’air méchant :
« Va pousser plus loin, Corsaire !
De rage je devrais rugir
Et toi, de honte, plus rougir :
Dénaturant le bel ensemble
Que nous formons, tous les miens
Et moi-même, tu me sembles
Déplacé avec ton air bohémien.
Retourne dans ton monde,
Ici tu ne fais que tâcher
Notre unité noble et féconde :
“Pour vivre heureux, vivons cachés”* !
Mais l’autre écarlate s’entête :
Plutôt que de rester discret,
Se haussant du col et du crêt,
Il plonge ses rougeurs, esthète,
Dans les doux filets du soleil,
À contre-courant de cette onde,
Uniforme jusqu’au sommeil,
Que font les épis à la ronde.
« Apprends donc à courber le dos
Sous le vent, infernal badaud,
Et aussi à baisser la tête
Sous la pluie,… comme nous tous.
Profite de nos tête-à-têtes
Pour t’instruire, pagaillous !
- J’ai compris ce que tu réclames. »
Fait le pavot, l’air très touché.
Et puis, dans un rire, il s’exclame :
« Pour vivre heureux,… vivons couchés ! »
Le coquelicot, perfide, ajoute :
« Riche de grains, tu vis vieux.
Plus que moi… Mais pas mieux !
Riche de riens, somme toute,
Qu’aurais-je, ici-bas, contrefait ?
Vivant au vent mes vœux et rêves,
Alors que toi t’auras fait
Ce qu’on attendait, mais sans trêve
Et sans jamais en profiter,
T’oubliant à tant t’agiter.
De mon sang, va me naître
De beaux fils dont l’ambition
Sera de fuir le paraître
Social, les conventions,…
Quoi qu’en disent même les nôtres,
Pour vivre heureux, vivons fauchés,
Loin des désirs de tous ces autres
Qui te font vivre à l’ébauchée ! »
De la tête, fort mécontent :
En robe d’un rouge éclatant,
Une fleur, petite orpheline ,
S’est invitée, là, dans son champ,
Celui où les siens se serrent.
Il l’interpelle, l’air méchant :
« Va pousser plus loin, Corsaire !
De rage je devrais rugir
Et toi, de honte, plus rougir :
Dénaturant le bel ensemble
Que nous formons, tous les miens
Et moi-même, tu me sembles
Déplacé avec ton air bohémien.
Retourne dans ton monde,
Ici tu ne fais que tâcher
Notre unité noble et féconde :
“Pour vivre heureux, vivons cachés”* !
Mais l’autre écarlate s’entête :
Plutôt que de rester discret,
Se haussant du col et du crêt,
Il plonge ses rougeurs, esthète,
Dans les doux filets du soleil,
À contre-courant de cette onde,
Uniforme jusqu’au sommeil,
Que font les épis à la ronde.
« Apprends donc à courber le dos
Sous le vent, infernal badaud,
Et aussi à baisser la tête
Sous la pluie,… comme nous tous.
Profite de nos tête-à-têtes
Pour t’instruire, pagaillous !
- J’ai compris ce que tu réclames. »
Fait le pavot, l’air très touché.
Et puis, dans un rire, il s’exclame :
« Pour vivre heureux,… vivons couchés ! »
Le coquelicot, perfide, ajoute :
« Riche de grains, tu vis vieux.
Plus que moi… Mais pas mieux !
Riche de riens, somme toute,
Qu’aurais-je, ici-bas, contrefait ?
Vivant au vent mes vœux et rêves,
Alors que toi t’auras fait
Ce qu’on attendait, mais sans trêve
Et sans jamais en profiter,
T’oubliant à tant t’agiter.
De mon sang, va me naître
De beaux fils dont l’ambition
Sera de fuir le paraître
Social, les conventions,…
Quoi qu’en disent même les nôtres,
Pour vivre heureux, vivons fauchés,
Loin des désirs de tous ces autres
Qui te font vivre à l’ébauchée ! »
* Jean-Pierre Claris de Florian, Le Grillon in Fables, Livre II, 15 (1792).
Illustration : Camille Lesterle, 15 septembre 2014
vendredi 12 septembre 2014
jeudi 11 septembre 2014
ROMANCES ROMANES
Ma mère, ouvrez donc les rideaux
Préparez festin et cadeaux,
La vie ne m’est plus un fardeau,
La peine m’ôte son bandeau
J’aime un joli godelureau,
Pas un de ces blessants blaireaux,
Passereaux se voulant taureaux,
Mais un hobereau qui, tourtereau,
Pour la fille d’un pastoureau,
Allume, entour, feux et flambeaux
Car tout cœur a son bourreau
Et toute dague son fourreau,
Et lui, de tous, est le plus beau.
Ma fille, un peu moins d’allégresse !
À ton âge, il n’est point de presse
De quérir nuptiale adresse.
Ce mignon-là ne s’intéresse
Qu’à ta chasteté de prêtresse.
Tu ne connaîtras que détresse
Si, par amour ou maladresse,
Tu succombes à son jeu d’adresses.
Ma mère, quittez vos fourneaux
Et achetez-moi des anneaux
D’or, un riche et vieux bigorneau
Est bien tombé dans mon panneau.
Il veut m’épouser, l’étourneau,
Pour jouer au vil tyranneau,
Ce vilain tasteur de tonneaux,
Avec fille d’hors les créneaux
Qui, elle, a les cheveux pruneau.
Il l’aura dans le bobineau
Et finira seul, chemineau,
Quand je m’envolerai, moineau,
Avec ses écus, en traîneau.
Ma fille, c’est voie vampiresse
Pour passer de la chasseresse
À la maîtresse que l’on graisse
Pour plus d’ivresse enchanteresse,
Non à l’épouse qu’on engraisse
Devenant une emmerderesse.
Patience n’est pas paresse
Et les vieux ce qu’ils paraissent…
Ma mère, posez votre seau
Et préparez-moi mon trousseau.
Un fort joli jouvenceau,
Est descendu d’un vaisseau
Avec des quidam en monceau.
Il n’est pas l’enfant d’un ruisseau
Sans causer cuisseau, vermisseau,…
Il m’a offert fleurs en faisceau,
Peint des ciels bleus en arceaux
Avec des mots pour tout pinceau
Et parle, déjà, de berceau :
Ce puceau n’est pas un pourceau,
Il porte de l’Amour le sceau !
Ma fille, un peu moins d’allégresse !
À ton âge, il n’est point de presse
De quérir nuptiale adresse.
Ce marin n’en veut qu’à tes tresses,
Reste-lui une forteresse.
Surtout méfie-toi, ma tigresse,
De paroles, flèches traîtresses,
Qui traquent les pécheresses.
Ma mère, quittez le troupeau,
Mettez vos plus beaux oripeaux,
J’ai, ce n’est pas du pipeau,
Un savant qui m’a dans la peau.
Il n’a rien sous le manteau,
Pas de biscoteaux ni château,
Mais beaucoup dessous le chapeau ;
S’il n’a jamais vu un marteau
Et se coupe avec un couteau,
Quand il monte le chapiteau,
Me fait sauter le loqueteau
Hissant le drapeau au poteau,
Moi, je sais ce qu’est le plateau.
Ça change de ces louveteaux !
Ma fille, vite, la caresse
De dix doigts doux qui s’empressent,
Passe ; alors les mains, mal, oppressent.
Loin des premières tendresses,
Pressante, l’étreinte t’oppresse,
Et te comprime, et te compresse,
Alors que la bouche, en ogresse,
Ne se fait plus demanderesse.
Ma fille, un peu moins d’allégresse
À ton âge, il n’est point de presse
Et au mien, plus que sécheresse…
mercredi 10 septembre 2014
HAÏKU S’MON HÔTE
Les Anglais, à force de payer en livres, ont les poches déformées :
C’est normal quand on a une bibliothèque en lieu et place d'un portefeuille !
mardi 9 septembre 2014
LA TRUITE & LE SAUMON
Petite fable affable
Puisque mes animaux ressemblent
Aux Hommes, qui va s’étonner
Si je fais discuter ensemble
Ceux qu’on voudrait bâillonnés ?
Un saumon et une truite,
En un vain débat brouillon,
Dissertaient, à gros bouillons,
Sur leurs talents, leurs mœurs et rites.
Ils s’examinaient, se jaugeaient,
Et donc se notaient, se jugeaient :
Pour elle, il est un sybarite,
À bien peser, soupeser ;
Lui, statue sans biaiser
Et l’estime sans nul mérite.
On en serait venu aux mains,
Le ton montant avec l’insulte,
Si nos deux bons jurisconsultes
En avaient eu car le carmin
Leur montait aux ouïes : débattre
Allait les mener à se battre !
Mais à s’ainsi considérer
Et pis, se déconsidérer,
Nul ne voit venir l’émérite
Pêcheur qui se fond au décor
Pour les mettre, d’un ver, d’accord.
On ne cesse, faits, gestes, hardes,…
Dans un combat d’arrière-garde
De se mesurer, se comparer,… :
Poisson barré, poisson carré,
Qui que l’on soit, quoi que l’on fasse
Dessous les eaux ou en surface,
On finit, pareils, amarrés
Sous une mouche bigarrée
À l’hameçon de la Camarde,
À la Vie dernière écharde.
Aux Hommes, qui va s’étonner
Si je fais discuter ensemble
Ceux qu’on voudrait bâillonnés ?
Un saumon et une truite,
En un vain débat brouillon,
Dissertaient, à gros bouillons,
Sur leurs talents, leurs mœurs et rites.
Ils s’examinaient, se jaugeaient,
Et donc se notaient, se jugeaient :
Pour elle, il est un sybarite,
À bien peser, soupeser ;
Lui, statue sans biaiser
Et l’estime sans nul mérite.
On en serait venu aux mains,
Le ton montant avec l’insulte,
Si nos deux bons jurisconsultes
En avaient eu car le carmin
Leur montait aux ouïes : débattre
Allait les mener à se battre !
Mais à s’ainsi considérer
Et pis, se déconsidérer,
Nul ne voit venir l’émérite
Pêcheur qui se fond au décor
Pour les mettre, d’un ver, d’accord.
On ne cesse, faits, gestes, hardes,…
Dans un combat d’arrière-garde
De se mesurer, se comparer,… :
Poisson barré, poisson carré,
Qui que l’on soit, quoi que l’on fasse
Dessous les eaux ou en surface,
On finit, pareils, amarrés
Sous une mouche bigarrée
À l’hameçon de la Camarde,
À la Vie dernière écharde.
lundi 8 septembre 2014
dimanche 7 septembre 2014
QUE JE LE TAISE OU NON…
Que je le taise ou non, malgré mon endoprothèse et mes orthoprothèses, je suis pro-thèse. J’ai, en effet, soit dit entre parenthèses, pour les thésards en charentaises maltaises et les thésographes taiseux en pleine anthèse un respect qui n’est en rien une foutaise comme dirait Lulu la Nantaise, célèbre tenante du clan des antis-thèse mené par Thésée qui réalisa la première synoviorthèse d’un minotaure… à moins que ce ne soit une nucléosynthèse. En tout cas, ce fut un exploit digne des plus grands héros et cerveaux de son temps, aussi obscur qu’une chimiosynthèse aux lumières du nôtre si obscurantiste !
Je suis même, par hypothèse (on dit que ce serait ma diathèse), pour qu’on thésaurise cette patience et cette constance dans le savoir des meilleurs thésaurus, qui sont à l’Esprit une mortaise dont la sapience tout en consicence est le tenon… Bref, une orthèse du type mercurochrome pour jambe de bois piémontaise en pleine photosynthèse. C’est là, la thèse de ma vie (ma biosynthèse à moi, quoi !), que je le taise ou non, en ce jour de St Thèse, patron des épenthèses, prosthèses et autres métathèses !
samedi 6 septembre 2014
vendredi 5 septembre 2014
LA MULE VALANT SEPT CHEVAUX
Petite fable affable
Paul qui faisait le Jacques dans un bureau,
Une ad-mi-nis-tra-tion, là-bas, à la ville,
Venait, une fois l’an, aimable et servile
Comme sait l’être à son heure le bourreau.
Ainsi, avec des manières fort civiles,
Il jaugeait l’embonpoint, jugeait la santé
De son héritage et de l’être buté
Qui ne le lui avait pas légué encore.
C’est qu’elles ont la peau dure les pécores !
Ce n’était pas que cet insigne robin
Manquât de pécunes, aimât la campagne
Ou eût quelconque nostalgie des lopins
Où avaient couru ses culottes d’Espagne :
Il préférait, de très loin, les sous qu’ils font
À la sueur qu’il faut pour en faire un fonds.
Il voulait offrir à sa compagne, une Ève,
Une vie sans peine ni labeur, un rêve.
Voilà pourquoi il retrouvait monts et vaux.
Ce jour-là, il parla à son vieux père,
De son tout dernier achat : sept chevaux,
Quatre cylindres,… La même que son beau-père !
« Sept chevaux, dia : ça en tire des charrues !…
Tu dois en avoir des terres dans ta rue !
- C’est la puissance du moteur, mon cher père :
C’est moderne, à la mode et ça fait prospère.
- Oh, excusez du peu ! Reprit l’Ancien
On veut faire jaser voisins et voisines ?!
- Oh toi, tu regrettes les Capétiens,
La cabane au fond du jardin, la draisine,…
- Peu me chaut, fiston, ta mode et ton progrès :
L’une vous rend moutonnier à son gré,
Quant à l’autre, il joint, par trop, le futile
Au désagréable et nous rend infantile. »
On clôt, sur cet arrêt sans aménité,
Une journée mémorable mais indigne
De finir souvenir à ébruiter.
La sept chevaux repartit donc par les vignes,
Pour la ville, laissant, là, le vieux, las.
Pas longtemps car elle chut, trois fois hélas,
Dans un étang, sans dommage pour le rosse,
À Dieu ne plaise. Par contre, son carrosse…
Il revint au logis paternel, penaud,
Chercher une aide qu’il obtint sans querelle.
« Vise un peu ce qui te tire du guano :
Une mule à la silhouette grêle,
Démodée, arriérée,… fit le vieux.
Elle vaut tes sept chevaux, et en mieux :
Bourrique ne me foutra jamais, la carne,
À l’eau moi, quoi qu’à tes yeux elle incarne… »
C’est donc par le train, que le fils, fort trempé,
Regagna ses pénates. Et c’est la mule
Du père qui lui permit de décamper ;
Celui-ci le quitta sur une formule :
« N’aie que ce qui est utile à tes besoins,
Rien de plus, ni de moins, le reste est foin
Pour mener les ânes bâtés que nous sommes,
Nous qui nous croyons, ici-bas, des Hommes ! »
jeudi 4 septembre 2014
mercredi 3 septembre 2014
L’EXILÉ
Je viens du pays d’autrefois
Et d’un temps révolu, ma foi,
Où le mot nous créait l’image,
Finissant en rêve ou mirage,
Sans conséquences souventes fois.
Porte ouverte et lumière aux vitres,
Ne craignant ni sceptre ni mitre
On vivait modestement,
Plus simplement, bien lentement,
Mais sans malheur ni froids paiements.
Je vis au pays de ta foi,
Même à ton heure, quelquefois,
Où l’image nous donne des maux,
Tuant ces deux frères jumeaux
Le rêve et l’espoir, bien des fois.
Accès verrouillé, volets clos,
Fuyant vert et vents pour l’enclos,
On y vit un progrès aimant,
Violemment, rapidement,
Donc sans bonheur ni joie vraiment…
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