Petite fable affable
À l'hiver frémissant, bordant un chemin creux,
Fangeux comme pas deux et à souhait bourbeux,
Était une congère, un vrai gros tas, commère
Comme il en existe aussi, las, la lippe amère :
« Comment peut-on vivre en pareille saleté ?
Où tu n’es fagne, c'est fange à satiété !
- À l’aube, j’étais, comme toi, immaculée
Mais le travail à cet état m’a vite acculée,
Ma carapace de gel a craqué au pas des bêtes,
Au passage des roues ferrées qui, sans courbette,
Ne m’économisent guère, malgré ce temps :
Je n’ai, au jour, la paix que de rares instants !
- Quelle misère ! N’être qu’ordure et que tourbe,
Quelque sillon de vase pour moisson de bourbe !
Et encore si tu gardais pour toi ta saleté
Mais non, il faut que tu la viennes projeter
Sur ma robe laiteuse en mille éclaboussures,
Me contaminant de ton infame salissure !
- Mais un matin prochain, le soleil viendra
Qui me cuirassera mais, las, tu ne seras
Plus là pour me voir belle : ce qui est futile
Est fort éphémère, non ce qui est utile ! »
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